Une étude facilitera la préparation des plans directeurs et des programmes d'action dans le cadre des prochains plans de développement L'élaboration de l'étude sur «les eaux en Tunisie en 2050» qui démarrera, au cours de cette année, et durera 30 mois, permettra d'établir une stratégie structurée, intégrée et participative de long terme dans le domaine des eaux en Tunisie, a annoncé le ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Saâd Seddik. Il a ajouté lors d'une visite qu'il a effectuée, samedi, au gouvernorat de Nabeul que la même étude facilitera la préparation de plans directeurs et programmes d'action dans le cadre des prochains plans quinquennaux de développement jusqu'à 2050. L'étude, a-t-il dit, s'inscrit dans le cadre du souci de répondre à la problématique de la rareté de l'eau en Tunisie et de mettre en place une stratégie de long terme s'étalant jusqu'après 2035, à travers l'exécution d'un ensemble de projets figurant dans le plan de développement 2016-2020 et le suivant. Concernant l'endettement des groupements des eaux d'irrigation et de l'eau potable, notamment dans les gouvernorats du nord, Seddik a fait savoir que la mesure décidée en 2013, s'agissant du paiement de 30% des dettes, et le rééchelonnement des tarifs restant n'a pas trouvé d'échos auprès des groupements et des agriculteurs. Il a précisé, à ce propos, que l'adhésion à ces décisions n'a été que de 20%, indiquant également le peu d'enthousiasme des parties précitées pour une mesure similaire stipulant le paiement de 20% de ces dettes avec un rééchelonnement. Le ministre a avancé que cette problématique sera examinée au cas par cas afin d'éviter le recours aux mesures de rétorsion dans ce domaine, surtout que la production irriguée constitue l'un des principaux fondements de la production agricole en Tunisie. Et d'affirmer, à ce propos, que les périmètres irrigués dont la superficie ne dépasse pas 8% des superficies agricoles fournissent plus de 35% de la production. Seddik a appelé les agriculteurs et les groupements à être compréhensifs face à l'actuelle situation, surtout que l'eau est vendue à moins de 50% du coût réel (280 millimes par mètre cube d'eau d'irrigation). 450 m3 pour chaque citoyen La part annuelle de chaque Tunisien en eau potable est actuellement estimée à 450 mètres cubes (m3), soit moins de la moitié de l'indice de pauvreté en eau (IPE), fixé par les organisations internationales à 1.000 m3 par habitant, ont estimé des spécialistes en eau dans des déclarations à l'agence TAP. Par ailleurs, l'étude réalisée par l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) sur «l'eau à l'horizon 2030» indique que cette part régressera à 370 m3 par an, soulignant que l'eau en Tunisie est devenue, aujourd'hui, une question vitale et qu'il faut mettre en place des solutions à court et à moyen termes. Les spécialistes ont ainsi souligné qu'il faut élaborer des stratégies dont les principaux acteurs seraient le citoyen consommateur et l'agriculteur dans sa ferme, ces derniers constituant les principaux maillons du système de gestion rationnelle ou ce que l'on appelle «la gouvernance de l'eau». Dans ce contexte, l'experte en ressources en eau et adaptation aux changements climatiques, Raoudha Gafrej, a fait remarquer qu'après avoir réussi, au cours des dernières décennies à mobiliser les ressources hydrauliques, la Tunisie fait face, aujourd'hui, au défi de la réalisation d'une équation difficile entre la rareté de l'eau et la satisfaction des besoins en cette matière. Elle s'est étonnée de l'absence de solutions concernant les grandes quantités des eaux de barrages déversées dans la mer à l'instar de celles du barrage de Sidi El Barrak (environ 300 millions m3 déversées depuis 15 ans en mer), en dépit de l'orientation du pays vers la construction de stations de dessalement aux coûts élevés. Dessalement de l'eau de mer : solution inefficace L'experte a ajouté que la construction de stations de dessalement d'eau de mer ne constitue pas une solution efficace pour la Tunisie surtout que le pays ne dispose pas suffisamment d'énergie pour assurer le fonctionnement de ces stations. Elle a, en outre, mis l'accent sur la nécessité d'identifier des solutions alternatives pour traiter la diminution des réserves en eau, proposant l'utilisation des eaux traitées, d'autant que la Tunisie dispose d'une capacité qui s'élève à 200 millions m3 des eaux traitées. Par ailleurs, Khalil Jemmali, ancien directeur à la direction d'exploitation des eaux et des barrages, a appelé à poursuivre l'exécution du programme de construction des barrages qui revêt une importance stratégique. Il a ajouté que la Tunisie peut recourir à l'un des barrages stratégiques, tels que celui de Sidi El Barrak, (Nefza) pendant les années de sécheresse mais ceci nécessite la construction des stations de pompage pour transporter l'eau, a-t-il dit. Jemmali a évoqué la nécessité de mieux maîtriser les barrages et de les relier davantage entre eux, de manière à contrer les effets des changements climatiques qui provoquent généralement des inondations ou la sécheresse. Pour rappel, la demande en eau en Tunisie est répartie entre le secteur agricole (81%), l'utilisation domestique (14%), le secteur industriel (4%) et le secteur touristique (1%). Les quantités stockées annuellement sont mobilisées grâce à une infrastructure de base composée d'un réseau de grands barrages (35) et de barrages collinaires (225), outre 800 lacs collinaires