Depuis des générations, par on ne sait quelle magie, le Tunisien est attiré par l'étranger. Beaucoup d'étudiants décident en l'occurrence de s'offrir toutes les opportunités de réussite en partant, entre autres, poursuivre leurs études hors de nos frontières. Non pas que l'herbe soit plus verte chez le voisin, mais plutôt pour se donner toutes les chances et explorer des horizons nouveaux. Nous avons donc choisi de vous faire partager l'expérience de Ahmed Yadh Labbène, l'un de nos étudiants parti poursuivre ses études à Paris, afin de vous faire découvrir la vie après le départ à l'étranger ainsi que la période d'adaptation... Partir : pourquoi ? A un moment ou à un autre du cursus scolaire, tout un chacun se trouve confronté à la question de l'orientation. Le problème du choix s'impose parfois, surtout quand la palette du menu se trouve un peu trop étriquée et risque de restreindre les possibilités de l'étudiant. C'est alors à ce moment que ce dernier commence à envisager de partir là où justement les choix sont plus vastes, et les possibilités plus diverses. Ahmed Yadh Labbène était étudiant à l'institut supérieur de Musique de Tunis quand l'idée de s'installer en France pour poursuivre son master commençait à le travailler. Il était alors violoniste, mais maîtrisait également très bien le piano, le luth et la guitare. «Pour pouvoir poursuivre mon troisième cycle en musique, j'étais obligé de partir pour Paris. Mais il faut dire que j'ai toujours été attiré par la découverte de nouvelles cultures. Cela, sans parler de toutes les possibilités que peut offrir une grande capitale comme Paris», explique Yadh. C'est ainsi que, son mémoire de fin d'études en musique et musicologie en poche, Yadh entama sa nouvelle vie dans la Ville lumière. Force est de constater que Ahmed Yadh Labbène n'est pas un étudiant comme les autres…Et comment ! A 18 ans, il intègre l'Orchestre symphonique tunisien en tant que violoniste pour y devenir, deux ans plus tard, soliste. Et depuis, il enchaîne les participations en tant que violoniste dans les plus grandes manifestations en Tunisie et ailleurs. Il accompagnera aussi de grands artistes comme Saber Rebaï et Latifa Arfaoui. Il participera également en tant que compositeur à la clôture de l'Octobre musical, en 2006, et au Festival des musiciens de Tunisie, en 2008. Il fera par ailleurs l'arrangement du générique de la célèbre série tunisienne Choufli hal, de chansons de Sonia Mbarek et reprendra, dans de nouveaux arrangements, plusieurs œuvres de Faïrouz. En 2008, à seulement 23 ans, ce jeune homme dirigera même l'Orchestre de l'institut supérieur de Musique de Tunis et à 25 ans, il aura déjà côtoyé les grands noms de la musique tunisienne et arabe. S'adapter et survivre : pas facile ! S'adapter à un mode de vie complètement différent est certainement l'une des premières — et plus difficiles —choses auxquelles un étudiant est confronté quand il s'installe dans un pays étranger. «J'ai dû faire preuve de beaucoup de patience et d'un peu d'audace pour pouvoir approcher les gens du métier surtout», avoue Ahmed Yadh Labbène. De la patience et de l'audace, mais pas seulement, puisque Yadh, comme tout étudiant se retrouvant soudain tout seul, projeté dans la vie d'adulte, a dû apprendre à assumer quelques responsabilités qu'il n'avait pas à prendre avant. Il déclare, à ce propos, qu'ayant été très assisté auparavant, il a dû commencer par se prendre en charge ne serait-ce que pour le réveil du matin! Cela dit, pour s'intégrer dans une nouvelle société, chacun a sa propre méthode. Notre invité nous fait part de la sienne : «Je pense que le secret d'une bonne intégration est de ne pas essayer de greffer le modèle de sa propre société à une culture qui n'est pas la sienne. Il s'agit juste d'apprendre un nouveau mode de vie sans oublier ses origines.»…Une recette qui marche apparemment, puisque Yadh se sent aujourd'hui, à Paris, comme un poisson dans l'eau. Mais il ne suffit pas de s'adapter, il faut également survivre. Car être adulte implique aussi le fait d'apprendre à gagner sa vie. C'est pourquoi, comme la plupart de nos étudiants à l'étranger, Yadh a été contraint de se trouver de petits boulots. Il enseigne la musique à temps partiel dans un collège et travaille dans un bar musical, tout en participant à quelques concerts avec des groupes, par-ci, par-là. Il a, par ailleurs, réussi à décrocher quelques arrangements musicaux et à collaborer à quelques enregistrements en studio. Autant de boulots qui lui ont permis de louer un appartement, de 17m2 seulement certes, mais dans l'arrondissement de ses rêves : le 15e, tout près de la tour Eiffel. Notre jeune étudiant a dû aussi apprendre à faire la cuisine, le ménage, les courses, payer ses factures, tout en réservant le temps nécessaire à ses études, pour réussir et même briller. Pas facile ! Sinon, pas de répit pour ce jeune homme dynamique. D'enregistrement en arrangement, de composition en interprétation, rien ne semble pouvoir arrêter cet étudiant tunisien déterminé à poursuivre son rêve et à rassasier sa passion.