Les directions générales de la douane et des impôts ont été appelées à ouvrir une enquête sur le dossier des «Panama papers» à travers une note émise par le ministre des Finances, Slim Chaker, selon un communiqué publié, hier, par le ministère. Cette enquête sera réalisée en coordination avec les services de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et du ministère de la Justice afin de parvenir rapidement à des résultats réels, a précisé le ministère. Dans cette note, le ministre a appelé à mobiliser tous les moyens nécessaires pour garantir l'efficacité de l'enquête. Quelque 11,5 millions de dossiers du cabinet panaméen «Mossack Fonseca», portant sur des comptes bancaires et des correspondances relatifs à des affaires de trafic d'argent et d'évasion fiscale, ont été révélées par un réseau de journalisme d'investigation. Des hommes d'affaires, des personnalités politiques et des avocats tunisiens figurent parmi les personnalités, dont les noms sont cités dans ces documents. Par ailleurs, la rédaction du webzine tunisien Inkyfada participant à l'investigation journalistique sur les « Panama papers» a indiqué mardi avoir décidé de fermer temporairement l'accès au site, suite à la multiplication de cyberattaques le visant. « Le site a subi depuis lundi soir une série d'attaques violentes et continues (...), Face à cela, notre équipe technique a décidé de fermer l'accès au site le temps de résoudre les problèmes techniques », a écrit la rédaction d'Inkyfada sur le réseau social Facebook. L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a « vigoureusement» condamné mardi cette cyberattaque, exprimant son soutien à Inkyfada. « Nous dénonçons vigoureusement cette cyberattaque qui démontre combien le journalisme d'investigation fait encore peur en Tunisie », a déclaré Yasmina Kacha, responsable du bureau Afrique du Nord de RSF. Lundi soir, le site avait révélé que le coordinateur général du mouvement « Projet de la Tunisie », Mohsen Marzouk, est l'une des personnalités tunisiennes ayant pris contact avec le cabinet Fonseca Mossack. Attaque pirate en faux articles Selon Inkyfada, Marzouk a pris contact avec la société basée au Panama pour se renseigner sur l'ouverture d'une société offshore, entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2014, alors qu'il était directeur de campagne de l'actuel président Béji Caïd Essebsi. « Un homme politique, résidant en Tunisie, peut-il prétendre travailler pour l'intérêt général, tout en voulant délocaliser une partie de son activité ? », s'est interrogé le site. Dans une déclaration à radio Mosaïque FM, Marzouk a démenti en bloc tout contact avec la société panaméenne, affirmant qu'il poursuivra le webzine en justice. « Nous n'avons jamais accusé M. Marzouk d'être dans l'illégalité, nous disons que son nom apparaît dans des mails échangés avec le cabinet Mossack Fonseca, en expliquant le niveau d'implication des différents acteurs », a noté la rédaction d'Inkyfada dans un post publié sur Facebook. Inkyfada a expliqué, d'autre part, que l'attaque pirate a permis l'accès au site et la publication de faux articles impliquant d'autres personnalités, notamment l'ancien président Moncef Marzouki, précisant que le seul nom publié jusqu'à présent par rapport à l'enquête est celui de Mohsen Marzouk. De nouvelles publications prévues D'autres publications sur des personnalités tunisiennes sont prévues et seront publiées « au fur et à mesure », a prévenu le webzine. « Nous examinerons les noms des Tunisiens figurant sur la liste des documents Panama papers et les informations qu'elle contient», a déclaré mardi le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari. De son côté, le ministre de la Justice, Omar Mansour, a confié mardi au procureur général près la Cour d'appel de Tunis le suivi du dossier des « Panama papers » et l'ouverture, si nécessaire, d'enquêtes à ce sujet. Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et une centaine de médias internationaux se sont associés pour divulguer des informations sur les avoirs de centaines de personnalités du monde politique, des affaires ou du sport dans des paradis fiscaux. Réalisée par 378 journalistes de 77 pays, l'enquête a porté sur 11,5 millions de documents du cabinet d'affaires panaméen spécialisé dans le montage de sociétés offshore Mossack Fonseca. 128 dirigeants politiques et douze chefs d'Etat ou de gouvernement, dont six encore en activité, seraient concernés. Aux dernières nouvelles nous croyons savoir qu'un groupe d'avocats s'est constitué en comité de défense pour Mohsen Marzouk et qu'il a déposé une plainte contre le site Inkyfada. La peinte a été déposée pour diffamation et calomnie.