Voici une exposition qui reflète bien une Tunisie contemporaine qui se cherche encore peut-être, mais qui garde des traces assez profondes de son passé récent pour ne pas se perdre en chemin. «Traces, fragments d'une Tunisie contemporaine» est le titre de cette exposition qui a eu lieu au MuCEM de Marseille (où elle a réuni 75.000 visiteurs) et qui se poursuit à l'Institut français de Tunisie (IFT). Il convient de signaler que cette exposition est aussi un hommage rendu à l'un des premiers photographes tunisiens, Abdelhak Ouertani, exposé pour la première fois au public. Formé à la photographie par les frères Lumière à Lyon en 1892, ce photographe a disparu brutalement en 1896. Cette exposition donne corps et image à ce photographe considéré jusque-là comme indigène. Au-delà de ce geste que nous saluons, nous assistons au travail d'un groupe d'artistes tunisiens qui, par la photo, la vidéo ou l'installation, a réalisé une exposition contemporaine vraiment à la hauteur de la Tunisie et de ses talents: Ismaël Bahri, Héla Ammar, Fakhr El Ghezal, Souad Mani, Zied Ben Romdhane, Faten Gaddès, Wassim Ghozlani, Houda Ghorbel, Wadi Mhiri, Augustin le Gall et Isamel. Les deux commissaires de l'exposition sont Thierry Fabre et Sana Tamzini. «Nous avons préféré faire un pas de côté et choisir un autre point de vue, écrit Thierry Fabre, le point de vue des images. Voir en elles ce qu'elles nous révèlent et font apparaître d'une Tunisie qui reprend son envol et crée la surprise ou pour certains même la stupeur». Pour sa part, Sana Tamzini a déclaré : «Je voulais absolument que cette exposition montre une vraie diversité, non seulement sur le plan artistique, mais aussi sur le plan générationnel, sur celui de l'origine géographique et même du niveau socio-culturel». Une exposition produite par le MuCEM (Musée de la civilisation de l'Europe et de la Méditerranée) en 2015. Elle s'est tenue au MuCEM pendant six mois et elle revient à Tunis. Une exposition qui revisite la mémoire collective et s'intéresse à l'effacement des traces de l'histoire ou de leur persistance. «Fragements est une exposition qui parle d'une mémoire sous forme de morceaux et qui ne prétend pas être exhaustive, dit Ivan Bertoux, attaché culturel à l'IFT. C'est un essai d'exploration de cette question relative à la trace dans l'art et, en particulier, dans la photographie. C'est une exposition franco-tunisienne, puisque les commissaires sont Thierry Fabre et Sana Tamzini, l'IFT a coproduit le projet avec une institution de référence en France qui est le MuCEM. Aujourd'hui, on accueille cette exposition au petit Carnot». «Traces» sera exposée au petit Carnot pendant six semaines, c'est-à-dire jusqu'à fin mai .L'exposition sera divisée en deux fragments, le premier avec cinq artistes, et à partir du 25 avril, avec quatre artistes. Une exposition qui renouvelle le regard sur la Tunisie et retrace une partie de l'histoire récente de notre pays de façon inédite.