Hier, Béji Caïd Essebsi, président de la République, a rendu hommage aux martyrs de la République et s'est déplacé à Ben Guerdane porteur d'un message clair : «Il n'existe pas de séparation entre le Nord et le Sud de la Tunisie, une et indivisible» Hier, samedi 9 avril, la commémoration de la fête des Martyrs a été empreinte d'une saveur particulière au niveau officiel et populaire, s'inscrivant dans la foulée de l'ambiance qui a caractérisé la célébration du 16e anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba, l'homme des événements du 9 avril 1938, l'une des pages glorieuses du mouvement de libération nationale et l'un des moments forts du parcours militant de la Tunisie sur la voie de son accès à l'indépendance et au recouvrement de sa souveraineté. Hier, Béji Caïd Essebsi, président de la République, a perpétué la tradition de rendre hommage aux martyrs tombés les 8 et 9 avril 1938 sous les balles des forces coloniales. Leur tort était de demander des réformes politiques dont la première est d'instaurer un parlement tunisien. Au carré des martyrs à Séjoumi, le chef de l'Etat a déposé une gerbe de fleurs au pied du mémorial et a récité la Fatiha en présence de plusieurs hauts responsables, dont en premier lieu le président du Parlement et le chef du gouvernement. Et les manifestations de célébration de la fête des Martyrs de ne pas se limiter à la dimension officielle qui a perdu, il faut le rappeler, son éclat sous les gouvernements de la Troïka I et II, dans la mesure où les associations de la société civile se sont mobilisées pour donner à l'événement l'importance qu'il mérite et aussi pour rectifier les erreurs ou les accusations qu'on a véhiculées sur le parcours militant de la Tunisie, tel qu'enseigné durant l'époque Bourguiba et ignoré à dessein au cours de l'ère Ben Ali. Que de rumeurs répandues par les nouveaux écrivains de l'histoire du mouvement national, sur le contenu réel du protocole d'accord sur l'indépendance de la Tunisie signé, d'une part, le 20 mars 1956 par Tahar Ben Ammar au nom de la Tunisie, dirigée à l'époque par Lamine Bey, le dernier bey husseinite déposé le 25 juillet 1957, le jour où l'Assemblée nationale constituante a décrété le régime républicain, et par Christian Pineau, ministre français des Affaires étrangères, d'autre part. Vendredi 8 avril, les Archives nationales ont décidé d'exposer le document en question au public qui pourra en découvrir les différentes clauses. Le message de l'unité A Ben Guerdane, la ville symbole de l'unité nationale, la ville où les semeurs de mort daechistes ont subi le 7 mars dernier une défaite cinglante et ont peut-être compris qu'ils ne passeront pas, la visite effectuée, hier, par Béji Caïd Essebsi a apporté un message fort aux semeurs de division et de discorde. «Il n'y a pas de séparation entre le sud et le nord du pays. La Tunisie est une et indivisible et elle le demeurera pour toujours», a scandé le président de la République à l'adresse des habitants de la région venus à sa rencontre. Et contrairement à ce que répondaient ceux qui se demandaient quelles nouvelles mesures allait-il annoncer, en laissant entendre qu'il allait empiéter sur les compétences du chef du gouvernement, Béji Caïd Essebsi s'est contenté de donner sa parole en soulignant que «les projets annoncés par le gouvernement seront réalisés dans les délais prescrits». La réponse de Béji Caïd Essebsi est on ne peut plus claire et précise: à chacun ses prérogatives et son domaine d'intervention et s'il y a de nouvelles mesures à annoncer, ce sont les autorités compétentes qui s'en chargent. C'est ce qu'a fait Majdouline Cherni, présidente de l'Instance générale des martyrs et des blessés de la révolution, et des opérations terroristes. Vendredi dernier, elle a fait part des décisions suivantes: une enveloppe de 40 mille dinars sera attribuée aux familles des personnes tuées le 7 mars dernier à Ben Guerdane, les blessés seront dédommagés à raison de 4 à 10 mille dinars, un membre des familles des victimes sera recruté dans la fonction publique et les familles des victimes auront la priorité pour l'acquisition d'un logement social. Et Mme Cherni d'ajouter : «Des mesures exceptionnelles seront prises selon les spécificités de chaque dossier». Dans la foulée de la célébration de cette journée historique, les résistants tunisiens contre l'occupation tiennent aujourd'hui, dimanche 10 avril, un congrès de leur comité national. Au programme du congrès, les participants demanderont davantage «de soutien et d'assistance aux plus démunis parmi eux, à travers la révision de la pension de résistant qui n'est plus au niveau du Smig». Dans une déclaration publique publiée fin mars dernier, Hamed Zghal, président du Comité national des résistants tunisiens, demande que «le Comité soit représenté au sein de la commission nationale récemment instituée à la présidence du gouvernement, l'obtention d'une dotation budgétaire et la mise à sa disposition d'un local approprié».