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« Moins de missions pour la BCT, c'est renforcer la BCT »
Entretien avec: Mohamed Abdellatif Chaïbi, Banquier, Statisticien ISUP-Paris
Publié dans La Presse de Tunisie le 10 - 04 - 2016

Le débat à l'ARP sur les statuts de la BCT a, ce vendredi, été reporté à la demande de l'opposition. Les députés reprennent aujourd'hui leur « marathon ». L'enjeu est énorme, par-delà la « simple » question de l'indépendance de l'autorité monétaire. Dans cet entretien, Mohamed Abdellatif Chaïbi apporte un fort précieux éclairage sur ce que devrait à ses yeux être une révision globale du rôle et des missions de l'ensemble des acteurs du système financier tunisien.
Que pensez-vous du projet d'amendement des statuts de la BCT ?
Reprendre les statuts de la BCT était déjà nécessaire avant la révolution. Aujourd'hui, non seulement nous reprenons ses statuts avec un cumul énorme de retards, mais nous les reprenons de plus en étant déjà dans l'erreur.
L'erreur de se focaliser sur les textes de la BCT sans considérer, concomitamment et au même degré d'importance, tous les corpus réglementaires, toutes les missions, de tous les organes de notre système financier dans sa totalité et indivision. Un système financier où la BCT n'est que l'une des composantes, l'un des intervenants.
Les missions du CMF, de la Bourse, devraient donc, elles aussi, être révisées?
Absolument. L'erreur que j'évoquais est une erreur de démarche, d'approche. Elle nous éloigne de la problématique essentielle à laquelle nous devons répondre est qui est celle du financement de l'économie.
Car c'est de toute la réorganisation de notre système financier qu'il s'agit. Le réorganiser afin qu'il puisse bien assurer son rôle. Un système financier, né en 1994, des réglementations, des statuts, des organes et des pratiques, qui n'ont pas permis l'éclosion de la riche et de la forte économie souhaitée. Il existe un déphasage énorme entre les besoins de notre économie en investissements et les financements qui lui ont été servis. Un déphasage négatif qui s'est exercé sur la durée et qui a porté tant sur les flux que sur la qualité des ces financements. Le résultat est amer. Les dégradations et l'appauvrissement des métiers et des activités se constatent de visu.
Aujourd'hui donc, et avec un retard de plusieurs décennies, nous devons nous montrer capables de réorganiser non seulement les missions de la BCT mais aussi celles du CMF, de la Bourse et de l'ensemble des institutions et des métiers qui composent le système financier, et ce, en même temps et à la fois.
Mais la BCT n'est–elle pas l'organe principal et central du système financier tunisien et qu'elle est de ce fait prioritaire dans la démarche de la réforme et de la réorganisation ?
Réellement je ne peux pas vous dire lequel des organes impliqués dans le financement de l'économie est central ou qui est le plus important. Devrait-il d'ailleurs y avoir un organe principal ou central, prioritaire ?
Non, ces notions de hiérarchisation des institutions ne sont pas utiles. Elles ne sont pas appropriées à nos problématiques économiques actuelles et à leur environnement mondial et général. Par contre, le plus utile à souligner est que le financement de notre économie a été marqué par deux dates.
Deux années seulement après l'indépendance, 1958, et la création de la BCT. Notons au passage que seuls des hommes impliqués, généreux dans l'effort, pouvaient créer pour les Tunisiens, en un délai record, une Banque centrale et lancer enfin la monnaie souveraine, le dinar. La deuxième date, 1994, est celle de la naissance du marché financier. L'apport technique du FMI nous a permis alors, du moins théoriquement par la Loi 94-117, de nous doter d'une architecture de financement de l'économie contemporaine. Une architecture qui nous place désormais dans le cercle restreint des économies ayant les infrastructures financières les plus pertinentes et les plus évoluées.
Posons-nous alors la question de savoir pourquoi nous a-t-il fallu une crise budgétaire majeure, celle des années 80, des émeutes tragiques, du pain, pour que l'on soit poussé à améliorer notre système de financement de l'économie ?
La question est d'autant plus légitime que cette crise trouve ses origines techniques dans les taux élevés des crédits non productifs octroyés auparavant par le système bancaire. Un minimum de rigueur et nous aurions pu éviter une telle crise. Un minimum d'implication et nous aurions pu améliorer notre système de financement dans l'aisance et l'harmonie. Sans aucun heurt sismique, financier soit-il ou social. Le code secret, qui s'est perdu, est celui de l'amour des Tunisiens. C'est cet amour qui va nous rendre impliqués, concernés, généreux dans l'effort et rapides dans l'œuvre. En effet, quand vous entrez dans le détail de la teneur et de la portée, des attendus, des mandats des banquiers centraux des grandes places internationales, vous verrez qu'il s'agit de citoyens, de population.
Comment s'exprime cette relation entre le mandat d'une banque centrale et les citoyens ?
C'est une relation principale, majeure. Il n'y a pas mieux que l'exemple de nos amis suisses, haut label bancaire et grande tradition d'argentiers, pour illustrer cette relation. Dans sa mission générale de la stabilité des prix, la BNS, la Banque centrale suisse, dit œuvrer à ce que les acteurs les plus faibles ne soient pas pénalisés.
Concrètement, dans leur article n°1, les nouveaux statuts de la BCT indiqueraient alors que le rôle général de la BCT est la sauvegarde du pouvoir d'achat des Tunisiens. Qu'elle œuvre à sa valorisation par la stabilité des prix. Laquelle stabilité des prix serait considérée satisfaite quand l'évolution annuelle de l'indice des prix INS resterait inférieure à 2%. Un taux raisonnable de 2%, comme pour la BNS par exemple. Cela nous mènerait d'ailleurs, et obligatoirement, à agir pour que l'Institut national des statistiques soit indépendant. Une BCT indépendante, oui. Un INS indépendant, oui et nécessairement.
Vous appelez à une démarche globale où les statuts de la BCT devraient se penser dans le sens de l'amélioration du financement de l'économie. Cela a-t-il un rapport avec les missions de la BCT ?
Oui cette notion de globalité est importante. C'est elle qui nous aidera à gagner en pertinence, en justesse et en temps. De même, si l'on ne le porte pas vers les questions qualitatives de l'implication et du rythme, le débat sur les statuts de la BCT perdrait de son sens et de sa profondeur. En effet, depuis 1994, et excepté les nouveaux instruments et modes des créances lancés pour l'Etat, les BTA, BTC et BTz, notre marché financier n'a pas vraiment évolué. Or notre économie ne peut converger vers des croissances élevées et durables qu'avec un marché financier profond, dynamique, et ouvert.
La priorité nationale est donc d'œuvrer à enraciner la BCT dans la logique des marchés financiers. Les nouveaux statuts devraient se concevoir dans ce sens et y concourir. De même, le rythme des déverrouillages réglementaires devrait s'accélérer afin de permettre à la Place de Tunis de remplir pleinement son rôle dans le financement de l'économie. Une Place de Tunis qui prend des retards énormes dans les classements mondiaux significatifs. Des classements régionaux où, désormais, c'est Casablanca qui prend la position du leader en Afrique à la place de Johannesburg. Une place qui vaut de l'or, qui draine de l'or. Une place qui été visée par Tunis. Vous voyez certainement que le CMF devrait, donc, être consacré en pilier du système financier au même rang que la BCT. D'ailleurs, en revenant à votre question de tout à l'heure, permettez-moi de m'approprier la facilité de dire que si prépondérance il y a, elle devrait être du côté de la finance directe et non le contraire.
Telle est l'époque, tel est le niveau des connaissances et des savoirs, pratiques et expérimentaux, atteints dans les grandes places références en force et en dynamismes économiques et financiers.
L'indépendance de la BCT a-t-elle un rapport avec la politique monétaire dont la BCT a la mission et la charge ?
La question de l'indépendance est une question qui doit se lier à une échelle de contraintes. Sans cela elle n'aura pas de contenance sérieuse et utile. La BCT est indépendante pour assurer sa mission générale de la stabilité des prix à condition qu'elle œuvre clairement pour la croissance et pour l'emploi. En ce sens, et même si rien n'empêche la BCT avec ses textes actuels de changer sa structure des taux, les nouveaux statuts devraient être une occasion solennelle pour le faire. La BCT devrait déclarer instaurer un nouveau taux directeur aux environs de 0. Il ne s'agit pas de le faire par étapes. Il s'agit de le faire d'un seul coup. Car, bien entendu, c'est de toute une nouvelle architecture de taux, de nouvelles appellations et règles, de nouvelles définitions d'échéances, de courbes de taux, qu'il s'agit à la fois. Rester dans la logique actuelle des taux élevés revient à pousser vers le retour au système limité et risqué des financements ‘‘Banques - Etat'' des années 60-90. Un système qui nous a conduits aux douloureuses émeutes du pain. A la longue diète décennale qui a accompagné le programme des ajustements structurels. Rien que le coût élevé du financement du Trésor, de l'Etat, devrait nous interpeller. Une cotation locale du risque souverain autour des 6% est tout simplement insensée. De même, dans ses nouveaux statuts, la BCT devrait se défaire de son rôle actuel dans les levées des fonds souverains sur les marchés extérieurs. Notons d'ailleurs, encore une fois, que nous sommes dans l'omission du penser global. Oublie-t-on qu'une agence pour la gestion de la dette tunisienne, Tunisie Trésor, est prévue ? Et que c'est bien elle qui formerait le cadre idéal pour l'administration des émissions extérieures du pays. Où est-elle, où est sa charte, où sont ses statuts ? Les statuts de Tunisie Trésor devraient se penser, n'est-ce pas, au moins au même temps que ceux de la BCT.
Vous êtes pour confier moins de missions à la BCT ?
Moins de missions pour la BCT, c'est renforcer la BCT. Prenons, par exemple, la mission de la supervision bancaire. Dans sa dimension principale des risques, elle n'était pas réussie. Les banques publiques ont été les plus concernées.
Le plus grave, c'est que nous ne sommes pas arrêtés de nous inscrire dans les taux les plus élevés en la matière. Entre 1998-2007, notre moyenne en crédits non productifs était de 20,79%. En moyenne mondiale, le taux comparable est dans les 3 à 5% au plus. Des systèmes rigoureux tels que ceux de l'Allemagne, des Pays-Bas ou de la France font mieux.
Mêmes s'ils sont élevés, les taux du Maroc, comme repères, sont inférieurs aux nôtres. A titre indicatif, ces taux étaient de 5,5 % en 2009 et de 6,9% en 2014. Ils étaient pour nous, respectivement, de 13.2% et de 15,8%. Les répercussions de tels niveaux de risques sont graves. La population tunisienne, parce que c'est d'elle qu'il s'agit, en a subit les conséquences dans la chair et dans l'os. Discuter alors des statuts nouveaux pour la BCT sans essayer de donner un sens et une rigueur à cette fonction essentielle de la supervision laisserait notre économie dans l'échec continu.
La notion de l'indépendance paraît ici utile. L'économie tunisienne, et les banques publiques en premier, gagneront à ce que la fonction ‘‘Supervision bancaire'' se détache de la BCT et s'installe sous une juridiction spécifique et appropriée, modernisée et efficace, comme une ‘‘Autorité nationale indépendante de la supervision bancaire''.
Obligatoirement, elle devrait conduire sa mission distinctement de la politique monétaire menée par la BCT. En effet, l'exigence de la maîtrise des risques ne devrait pas nous faire oublier qu'il n'est pas raisonnable que les crédits professionnels restent freinés dans les 50% du PIB.
Les crédits bancaires devraient augmenter ?
Oui, par palier, et jusqu'à atteindre 100% du PIB. Cela représente un potentiel considérable de 40 milliards de dinars par an à injecter dans l'économie. Surtout dans l'économie régionale qui est en grand manque de financements.
En ce sens, le défi est double. Un : il faudrait s'imposer les standards internationaux, 3 à 5% au plus pour les crédits non productifs. Deux : il faudrait faire converger les crédits professionnels à l'économie vers, au moins, 100% du PIB.
Faire autrement va dans le sens du freinage de l'économie. Cet objectif de 100% du PIB en crédits professionnels, nous devons l'atteindre et se donner les moyens pour le réaliser. Nous pouvons l'atteindre par les concours des banques actuelles. Mais, adéquations en ratio du capital exigent, de tels concours n'arriveront pas à atteindre 100% du PIB. Nous devons donc favoriser l'installation de nouvelles banques.
Les services en charge des agréments bancaires devraient agir pour combler les besoins énormes du pays en couvertures bancaires physiques. Les conditions d'octroi de nouveaux agréments d'installation bancaires devraient être incitatives et non limitatives. Le capital minimum exigé pour le lancement d'une banque, 25 millions de dinars, est contre-productif. Nous devons se suffire à celui nécessaire pour lancer une seule agence. Un niveau de 1 million de dinars est largement suffisant. Le tissage bancaire des économies traditionnellement riches et développées est fort par des centaines de petites banques. De petites banques, d'une à une dizaine d'agences au plus, de tous types, régionales et même de villes et de quartiers. Seule une nouvelle doctrine réglementaire éviterait à notre économie figée d'aller vers la momification.
La doctrine de favoriser l'abondance contre celle qui s'est emparée de nous, d'imposer les restrictions et toutes les sortes des limitations aux accès. Accès aux marchés ou accès aux métiers.
Revenons aux missions, quelles seraient à votre avis les missions de la BCT ?
Vu nos priorités et nos besoins en croissance, vu les insuffisances de notre propre histoire bancaire, la BCT serait mieux dans un seul rôle général. Celui de la stabilité des prix. Ses statuts gagneront à indiquer que l'objectif économique de cette stabilité est de favoriser la croissance et l'emploi. En effet, les formulations qui se déclinent suivant le rôle du conseiller économique sont à éviter. Le risque qu'elles mettent nos rouages économiques dans la confusion ou dans le blocage existe et pourrait être élevé. D'autre part, la BCT sera jugée suivant un taux maximum d'inflation à ne pas dépasser. Ce taux devrait être de 2% ou, mieux, 1.2%, comme pour celui de la Banque d'Angleterre. La Banque d'Angleterre, 300 ans d'âge, la plus ancienne banque centrale après celle de la Hollande, n'est pas autorisée à apprécier librement sa mission de la stabilité des prix.
Cette limitation est nécessaire, car, par le passé, la maîtrise des prix n'a pas été bien assurée. En effet, de 1958 à 2005, la BCT avait pour mission générale de défendre la stabilité de la valeur du dinar. En 2006, cette mission a été modifiée. C'est de la stabilité des prix qu'il s'agit. Mais le constat d'échec est là : de 2006 à 2014, l'indice des prix en pourcentage annuel a varié dans des ordres de 4 à 6%. A titre de repère, les statistiques mondiales montrent que notre indice a toujours été supérieur à celui du Maroc. Cette constatation de non-maîtrise de l'inflation s'étend d'ailleurs sur toute la période 1997-2014, 17 ans.
Une durée aussi longue que 17 ans avec une inflation quasiment supérieure à 2% et où le Maroc a toujours été meilleur que nous.
Vous revenez à 1997, qu'en est-il alors pour l'ancienne mission de la valeur du dinar ?
En 1958, la BCT avait pour mission générale de défendre la stabilité de la valeur du dinar.
L'évolution des cours du dinar par rapport aux monnaies principales, €, ou comparables, le MAD, le dirham marocain, donne la réponse. Sur 10 ans, 2006-2016, la valeur du dinar a chuté du tiers.
Une chute des cours de change avec une tendance baissière continue et affirmée. Elle s'évalue, entre début avril 2006 et la mi-mars 2016, 10 ans, à -28% par rapport au MAD et à -27% par rapport à l'€.
Signalons que, depuis la création du dinar, notre doctrine diffuse a été celle de la monnaie faible. Jamais nous ne l'avons revue. Le dinar ou bien que nous l'ajustions par rapport à un panier de monnaies, ou bien que nous le dévaluions spontanément. Ou bien alors, comme actuellement, librement, il se déprécie par lui-même, en open market, suivant l'offre et la demande des devises.
Cette doctrine est-elle la bonne pour notre économie ? A-t-elle jamais été bonne ? Les réponses à ces questions sont claires. Jamais l'économie tunisienne, 1970-2016, sur presque 50 ans, n'a pu réaliser un excédent commercial.
Il est bien temps donc de se déclarer clairement pour l'arrêt de toute dévaluation du dinar. Dans ce sens, l'indépendance de la BCT devrait se penser aussi par rapport à nos priorités d'export. Une nouvelle doctrine devrait nous guider plutôt vers la revalorisation de nos prix à l'export. Des prix bradés en hôtellerie et en tourisme. Des prix en unité de compte dinars convertibles ? C'est-à-dire nous nous piégeons nous-mêmes, par un dinar hybride que nous avons inventé, et qu'il faudrait au plus vite supprimer. Quelle doctrine d'export ? Nous vendons notre huile en vrac. Notre phosphate en vrac. Le lait, l'or blanc, à en verser par terre. Ailleurs, sans subventions directes, pour 10 litres de lait, 5 sont exportées en poudre, en beurre, en fromageries. A vrai dire, le dinar n'a pas échappé uniquement à la BCT. Il a échappé à tout le monde.
Le débat à l'ARP sur les statuts de la BCT ont été reportés à la demande de l'opposition. Les députés reprennent aujourd'hui leur « marathon ». Avez-vous le sentiment que les représentants du peuple mesurent toute l'importance de l'enjeu ?
Les nouveaux statuts de la BCT donnent plus de questions qu'ils ne livrent de réponses. Pour bien les définir, nous ne devons pas manquer de bien repositionner la BCT mais aussi de savoir renforcer le CMF. De les écrire en fonction de l'organe à venir, Tunisie Trésor. De les écrire aussi afin que la politique monétaire nous fasse converger vers des taux d'emprunts de Trésor bas, à 1% au lieu des 6% actuels. 6%, c'est l'enchérissement, l'usure pour nous-mêmes !
Enfin, je dirais qu'un tissage national, intelligent, avec différentes ‘‘Autorités'' et de multiples ‘‘Commissions'' indépendantes pour les contrôles et pour les supervisions, tous horizontaux, serait le mieux pour nous. Que les statuts en cours consacrent plutôt la prépondérance de la BCT que son indépendance.


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