La prochaine étape nécessite non seulement le retour du taux d'investissement au niveau d'avant-la révolution, à raison de 24-25% , mais également un accroissement de 10 points pour atteindre 35% du PIB ou plus, favorisant ainsi une augmentation de la productivité du travail de 1,5 à 2 points. La Tunisie est aujourd'hui face à un besoin urgent, celui de trouver un accord sur un projet socioéconomique aux contours bien définis pour répondre aux attentes du peuple :dignité, justice sociale, plein emploi et bien-être. Un besoin urgent eu égard aux nuisances de toutes sortes dont souffre le pays, à savoir les menaces terroristes, les mouvements sociaux répétitifs ayant impacté le processus de développement et rendu la situation socioéconomique aussi délicate. L'Association tunisienne des économistes, en l'occurrence, propose une nouvelle vision, où elle analyse les perspectives d'avenir et les réformes à engager, susceptibles de relancer l'économie nationale. En effet, la prochaine étape nécessite non seulement le retour du taux d'investissement au niveau d'avant la révolution, à raison de 24-25% , mais également un accroissement de 10 points pour atteindre 35% du PIB ou plus, favorisant ainsi une augmentation de la productivité du travail de 1,5 à 2 points. Le secteur privé doit jouer le rôle essentiel dans cette augmentation, en même temps que l'investissement public qui doit aussi atteindre 8 à 10% du PIB. Ces défis exigent des réformes dont la délimitation du rôle du secteur privé, fondamental dans le processus de développement du pays et l'augmentation de l'épargne pour attirer les investissements, ce qui nécessite une réforme du secteur financier et de sa capacité à financer l'investissement. Par ailleurs, l'amélioration de la productivité demeure tributaire de multiples réformes profondes dont les plus importantes concernent la réforme des institutions de l'Etat, surtout l'administration et la décentralisation, la réforme des relations de travail et du marché du travail, celle du commerce extérieur et du régime de change outre les réformes sectorielles diverses dans les domaines de l'agriculture, le tourisme ou l'industrie... La vision proposée par l'association tunisienne des économistes affirme que atteindre 5 à 6% par an comme taux de croissance est possible, mais «cela nécessite des réformes profondes multiples et souvent difficiles». Ces réformes doivent permettre de réaliser une augmentation de la productivité du travail pour atteindre 4 à 4,5% par an, de l'investissement et de la productivité. Un nouveau palier de l'implication du secteur privé M.Mohamed Haddar, président de l'Association tunisienne des économistes, précise que l'absence de réformes ou leur superficialité est le grand handicap aux progrès de l'inclusion et de l'équité. «Il est paradoxal que les politiques et programmes n'aient subi pratiquement aucune remise en cause sérieuse depuis une longue date, alors que le contexte a évolué depuis fort longtemps. Si bien qu'on a gardé un système de transferts tous azimuts et, donc, inefficient et une répartition inéquitable de la charge fiscale. Un certain nombre de choix fondamentaux sont à définir qui détermineront dans quelle mesure les objectifs d'inclusion et d'équité peuvent être atteints». De l'avis de M.Habib Zitoun et M.Sifiane Ghali, respectivement directeur général de l'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives et membre du conseil d'analyse économique, la Tunisie ne peut pas atteindre des objectifs ambitieux en termes de croissance avec la situation actuelle d'un secteur privé contribuant par une part limitée aux activités économiques et un entrepreneuriat faible. «Le secteur privé est appelé à jouer un rôle essentiel dans la création des richesses et de l'emploi en Tunisie. Atteindre les objectifs de croissance de la production et de la productivité nécessité de passer à un nouveau palier de l'implication du secteur privé». Atteindre, d'ici une dizaine d'années, un taux d'investissement privé se rapprochant de celui réalisé dans les pays ayant réussi leur développement, soit 24 à 28%, est utile. Néanmoins, cela «nécessiterait le développement de l'entrepreneuriat, la facilitation des affaires et la levée des entraves multiples, l'élargissement des domaines où intervient le secteur privé et la diversification de ses moyens et sources de financement». Par ailleurs, les deux économistes insistent sur la mise en place d'une base forte de PME dynamiques, innovantes et compétitives. La Tunisie «a besoin également d'un nombre plus restreint de grandes entreprises compétitives, de calibre international et a besoin de voir le secteur privé devenir plus orienté vers la création de richesses, l'innovation et non pas vers la recherche des rentes et des avantages».