Engager une guerre des tranchées n'est pas suffisant. L'installation d'un dispositif de surveillance électronique d'appoint s'avère nécessaire. Les travaux de finalisation de la barrière de sécurité en terre, longeant la zone militaire tampon sur quelque 190 km à l'extrême sud-est de nos frontières avec la Libye, semblent aller bon train. Dressée en tranchées creusées de Dhehiba à Ras Jedir, elle devrait, dans sa phase finale, s'étendre jusqu'aux confins de Borj El Khadhra, soit 500 km au total. L'ouvrage est d'autant plus grandiose qu'il aura à freiner toute tentative d'infiltration étrangère, aidant, ainsi, à contrer la poussée de la contrebande, phénomène florissant dans ces régions. Mais, une telle ceinture de suspension n'est guère considérée comme un vrai rempart infranchissable. C'est que le risque d'incursion n'est pas inévitable. N'empêche, le régiment d'exploration, sur le qui-vive depuis que la zone tampon fut décrétée ainsi en 2013, n'a jamais eu en tête l'effet « surprise ». Une notion qui n'existe pas dans le jargon militaire. Par fidélité aux constantes de souveraineté et d'intégrité du territoire, il n'est point permis de croire au hasard. La réalité des menaces terroristes l'exige. Nous sommes dans une guerre non conventionnelle, où l'état d'alerte demeure bien la règle. Au même titre que le déploiement d'armement n'est pas une mesure d'exception. Certes, la guerre contre le terrorisme serait, malheureusement, de longue haleine, comme l'ont bien jugé, à maintes reprises, politologues, experts sécuritaires et sociologues en mouvance jihadiste. Et l'illustre « décennie noire », vécue par nos voisins algériens, au début des années 90, en donne la preuve. Ce pan d'une histoire, pas si lointaine, s'érige, de nos jours, en véritable pièce à conviction. Seulement l'union sacrée, dont on a trop parlé sous nos cieux, pourrait faire la différence. Loin des manœuvres politico-politiciennes et du délire cynique des partis dont chacun se vante d'avoir le sésame du problème. Et pour cause, l'idée d'un congrès sur le terrorisme a survécu. Une chose est sûre : rien n'importe, en cette dure conjoncture, que de mieux connaître son ennemi et d'y regarder à plusieurs fois. A sa face multiforme, une réponse plurielle, allant du militaro-sécuritaire aux aspects socioéconomiques, en passant par la dimension culturelle. Le défi est sécuritaire Dans ce sens, faire de la ceinture frontalière une zone militaire tampon a été, alors, une façon de se donner front de combat. L'objectif est double : se prémunir contre les menaces terroristes et de la contrebande, mais aussi de prendre contrôle du territoire. Infiltrations, immigration clandestine, trafic d'armes et de drogue, marché informel prospère (tous produits de base, cigarettes, carburants...), le défi est purement sécuritaire, résume le chef de commandement dudit régiment. La contre-attaque aura autant de scénarios aussi défensifs qu'offensifs. Et il ne passe pas un jour sans que l'armée ne se déploie dans une bataille acharnée. Les dernières attaques terroristes perpétrées contre Ben Guerdane en disent long. C'est non sans grande fierté que le commandant par intérim est revenu sur la chronologie des événements, faisant valoir un succès triomphal doublé d'un engagement citoyen spectaculaire. En état d'alerte jour et nuit, ses soldats sont, toujours, prêts à l'action. Sur un terrain difficile, au climat aride, l'on ne craint guère une mort fatale, le tout au service d'une chère Tunisie meurtrie. Car, face à de telles forces occultes, hostile à la vie et à la patrie, tous les moyens sont bons pour combattre sur plusieurs fronts. Accès aux pâturages C'est pourquoi, engager une guerre des tranchées n'est nullement suffisant. L'installation, très prochainement, d'un dispositif de surveillance électronique d'appoint s'avère comme nécessaire. Il s'agit-là d'un système de sécurité complet composé de tranchées, de points d'appui intermédiaires, de tours de contrôle, ainsi que de radars et caméras de surveillance. Leur fonctionnement parfait est censé apporter une valeur ajoutée en termes d'autodéfense et d'anticipation des risques éventuels. Les yeux des soldats sont aussi rivés sur les quatre coins de la zone, dans le but de faire face à toute tentative d'incursion. Et pas plus tard que décembre dernier, l'armée a saisi d'énormes quantités de produits dont la valeur est estimée à plus de 2 millions de dinars. Au début de 2015, c'était seulement aux alentours de 500 mille dinars. Terrorisme et contrebande sont deux faces d'une même pièce. L'un se nourrit de l'autre, pour ainsi dire. Le ministre de la Défense, M. Farhat Horchani, avait déclaré, lors d'une visite, en février dernier, que la barrière de sécurité a été réalisée en toute concertation avec les habitants de la région. L'histoire donc de l'accès aux pâturages relève d'informations infondées véhiculées par les trafiquants eux-mêmes pour faire transiter facilement leurs produits illégaux.