A 32 ans, le Tunisien est comme un tableau d'art : autant il vieillit, autant il a plus de valeur ! Ce que vient de faire Malek Jaziri sur l'Open de Barcelone est quelque chose de formidable, d'extraordinaire pour ce joueur au parcours atypique : il fléchit et au moment où vous avez l'impression que c'est le début de la fin, il ressurgit tel un phœnix pour marquer l'actualité. Le même joueur, qui a été en méforme en coupe Davis, a gagné deux challengers au Mexique et en Guadeloupe et c'est le même qui a gagné trois matches à Barcelone contre Chung, Olivo et Zverev avant de tenir très bon malgré la défaite devant le Français Paire (22e mondial SVP) avec un set gagné. C'est une période très faste pour Jaziri qui devra monter encore au classement ATP et flirter avec le Top 50. Cela rappelle la période qui a précédé les JO de Londres où il atteint la 69e place ou début 2015 où il était 62e ATP. Ce qui est frappant chez Jaziri, c'est qu'il en a vu de toutes les couleurs pour rebondir aussi vite qu'il est tombé pour gagner, avec le poids des années, une énorme expérience et une solidité technique des plus intéressantes. Avec une carrière mouvementée et beaucoup de souffrance (longue et méchante blessure en 2007 qui l'a contraint à s'absenter longtemps et à reculer au classement), Jaziri, l'enfant de Bizerte, est un pur produit du tennis tunisien, a changé beaucoup d'entraîneurs, a géré seul presque les moments difficiles. Autant il a souffert et vécu de moments durs, autant il a appris à jouer le plus haut niveau avec des apparitions-éclairs sur les grands chelems, mais toujours une bonne et forte impression. Son tennis d'attaque, ses progrès au service ces dernières années lui ont permis, avec des jambes guéries et beaucoup de courage, de revenir et de promettre beaucoup de choses dans ce qui reste de sa carrière. C'est un modèle de champion pour les jeunes sportifs tunisiens et surtout un exemple de long souffle et de patience. Et même mentalement, son point faible auparavant, les choses se sont beaucoup améliorées et la preuve, ces victoires sur les «challengers» et ce parcours très remarquable sur l'Open de Barcelone , tournoi de grands joueurs. Maintenant, Jaziri aura comme défi majeur les JO de Rio où il devra être présent pour la deuxième fois de sa carrière. Une sorte d'aboutissement de carrière. A moins que l'éternel champion ait envie encore de titres et de sentir encore les courts de tennis et le plaisir de jouer dans le monde entier. C'est un champion racé.