L'objectif global de la stratégie est d'arriver à une augmentation annuelle des exportations de 5 à 8%. 75% de nos exportations partent vers l'Europe et 80% de ces exportations sont destinées à seulement 5 pays. Dans ce domaine, nous accusons un retard important face à des pays références, à savoir le Maroc, la Turquie ou même l'Egypte qui ont su d'une certaine manière booster leur degré d'intégration dans le commerce mondial Mohsen Hassen, ministre du Commerce, a dévoilé, hier lors d'une journée d'étude consacrée à la stratégie nationale de promotion des exportations organisée au siège du Cepex, les grandes lignes de l'action de son ministère pour promouvoir et moderniser les exportations tunisiennes. Résumant cette stratégie, Lazhar Bennour, directeur du commerce extérieur au sein du ministère, a déclaré : « Notre économie fonctionne actuellement avec un gasoil qui s'appelle ‘‘consommation intérieure'', il est temps de passer au kérosène qui s'appelle ‘‘exportation'' ». Basée sur une analyse Swot (forces, faiblesse, opportunités et menaces), la stratégie met en évidence les maux, mais aussi les potentialités de l'exportation en Tunisie. Ce dont souffrent principalement les exportations tunisiennes selon le rapport, c'est le manque de diversification. En effet, 75% de nos exportations partent vers l'Europe et 80% sont destinés à seulement 5 pays. Dans ce domaine, nous accusons un retard important face à des pays références, à savoir le Maroc, la Turquie ou même l'Egypte qui ont su d'une certaine manière booster leur degré d'intégration dans le commerce mondial grâce notamment à ce que les analystes appellent « les champions nationaux ». « Les champions nationaux sont de grandes entreprises locales qui, de par leur taille, représentent une locomotive de l'économie », explique Lazhar Bennour. Mohsen Hassen estime par ailleurs que nous ne regardons pas assez vers l'Afrique qui représente un énorme marché à potentialités insoupçonnées. La Tunisie a récemment organisé un forum économique avec la Côte d'Ivoire (le chef du gouvernement Habib Essid s'était déplacé en personne), en signe de volonté de se réconcilier avec le marché africain. « Consciente de cela, la Tunisie a entamé des démarches pour adhérer a des groupements économiques, à l'instar de la Comesa, marché commun de l'Afrique orientale et australe, mais également d'autres groupements tout aussi importants », a déclaré Mohsen Hassen. Autre problématique qui empêcherait le décollage des exportations, c'est celle liée à la logistique et au transport. Avec un délai moyen de 15 jours, les délais d'attente des bateaux dans le port de Radès deviennent insoutenables. Le ministre du Commerce ambitionne de les réduire à seulement 3 jours, un délai raisonnable. Porter à 50% la garantie de l'Etat en faveur des exportateurs Selon Mohsen Hassen, l'objectif global de la stratégie présentée est d'arriver à une augmentation annuelle des exportations de 5 à 8%. Un objectif très ambitieux, mais le ministre y croit, compte tenu des possibilités qui s'offrent à la Tunisie. « Nous devons reprendre nos exportations dans les industries mécaniques et électriques, ainsi que dans le textile », a indiqué Mohsen Hassen. Pour booster les exportations, le ministre du Commerce a indiqué que l'Etat vise à porter à 50% la garantie de l'Etat en faveur des exportateurs. Pour sa part, Habib Essid a indiqué que son gouvernement vise « à libérer l'économie nationale, et ce, en s'ouvrant davantage au monde extérieur ». « Nous avons notamment préparé un code d'investissement qui apporte des garanties aux investisseurs », a-t-il déclaré. De son côté, la présidente de l'Utica, Wided Bouchamaoui, a estimé qu'en l'état actuel de l'économie, l'exportation est l'une des solutions qui pourraient aider la Tunisie à surmonter la crise, créer des richesses et faire reculer le chômage. En 2015, la Tunisie a réussi à exporter pour une valeur de 40 milliards de dinars, mais le gouvernement et l'ensemble des structures liées à l'exportation cherchent à améliorer ce chiffre. Selon Lazhar Bennour, les exportations tunisiennes doivent monter en gamme. « Exporter un produit c'est bien, mais exporter un produit à forte valeur ajoutée c'est mieux », a-t-il dit.