De notre envoyée spéciale à Genève, Souad BEN SLIMANE Après l'Arménie, le Maroc, le Mexique, le Japon et la Russie, le salon de Genève accueille la Tunisie dans la plus grande manifestation littéraire de Suisse. Elle est représentée par une délégation officielle conduite par la ministre de la Culture, Sonia M'barek, des membres de la société civile, des romanciers, des poètes, des blogueurs et des artistes. Genève, située à l'extrémité ouest du lac Léman, est la ville suisse la plus peuplée après Zurich. Pourtant, cela ne se voit pas! Dès le débarquement, à l'aéroport, il y a ce silence apaisant qui envahit l'espace, vous détend et vous oblige à vivre l'instant présent. Le salon du livre qui se trouve à l'autre extrémité de la ville, pas si loin de l'aéroport, est l'un des plus calmes au monde ; on n'entend aucune musique. L'écrit est roi, et les visiteurs, nombreux (entre 90.000 et 100.000 chaque année), et relax, prennent tout leur temps de découvrir les titres, d'acheter, de se faire dédicacer ou d'écouter une conférence donnée par un expert en matière de roman, d'éducation, d'histoire, de science ou de développement personnel. On le comprend tout de suite : les Suisses, à part le fait que ce sont de très bons lecteurs, n'aiment pas la pollution sonore et la pollution tout court. Rien qu'à voir les tulipes qui ornent les trottoirs, on réalise que l'on est dans un autre monde, un pays dont la société vit dans la prospérité depuis 1945. Car, après la Seconde Guerre mondiale, le progrès technique et la croissance économique ont atteint de nouvelles dimensions. La Suisse, avec sa tradition industrielle et financière, s'est établie sur les marchés globaux. Au niveau interne, la sécurité sociale s'est beaucoup améliorée (assurance pour les personnes âgées et assurance pour les personnes handicapées en 1948). Un partenariat entre les employeurs et les syndicats a aidé à augmenter la productivité et la prospérité. D'ailleurs, le marché suisse du travail est aujourd'hui considéré comme une succes–story : le chômage est bas et les salaires sont élevés, les places de travail augmentent sans cesse et les travailleurs étrangers, plus nombreux chaque année, s'intègrent. Et dire que ce pays modèle a choisi, cette année, pour le trentième anniversaire de son salon du livre et de la presse, qui se tient au Palexpo à Genève du 27 avril au 1er mai, de célébrer la Tunisie en tant qu'initiateur de ce qu'on appelle « le printemps arabe ». 651 m2 ont été mis à la disposition du stand tunisien, sobrement décoré par un jeune, et remarquable par le drapeau rouge et blanc. L'ouverture officielle du salon a eu lieu avant-hier, mercredi, vers 17 heures. Après le couper du ruban aux couleurs de Genève, le cortège protocolaire bordé par une armée de grenadiers en tenue d'apparat a visité quelques stands, s'est attardé sur l'exposition phare dédiée au célèbre auteur brésilien Paulo Coelho, pour ensuite arriver à l'hôte d'honneur qu'est la Tunisie. La conseillère de l'Etat à la Culture suisse a prononcé une allocution de bienvenue, en disant que «la culture n'est pas un luxe, un vernis, mais nous permet de vivre ensemble». Elle a, par la suite, salué la force démocratique de la Tunisie et dénoncé la barbarie qui l'a touchée, en rappelant que la Suisse a suivi avec beaucoup d'intérêt le dialogue national instauré dans notre pays. La conseillère a ensuite cédé la parole à la ministre de la Culture, Sonia Mbarek, qui a déclaré qu'elle est ravie et honorée que le « Festival littéraire » accueille la Tunisie comme hôte d'honneur. « C'est d'autant plus un plaisir pour moi, en tant qu'artiste, de me retrouver devant de grandes plumes francophones pour me régénérer par vos écrits qui font rêver », a-t-elle ajouté. Plus loin dans son discours, la ministre promet que le ministère de la Culture s'applique à mettre en œuvre tous les moyens pour garantir le droit à la culture aux Tunisiens, sans exception. Elle conclut, en invitant les visiteurs et les officiels à découvrir et à rencontrer écrivains et éditeurs et à partager « des moments uniques qui se résument dans la volonté farouche de vivre ». Rappelons, par ailleurs, que le thème choisi par l'hôte d'honneur qu'est la Tunisie est le suivant : « Révélations de la révolution tunisienne ». Nous Y reviendrons.