Une trentaine de jeunes préparent une opérette de rue contre l'injustice et pour les droits des minorités. «Danser à Tunis» a débuté vendredi dernier à Lang'art avec des ateliers de danse le matin et le spectacle «Le noir est une valeur» l'après-midi. La manifestation, lancée en 2010 à El Teatro à l'égard de jeunes danseurs et chorégraphes tunisiens, est également organisée à Lang'art. Cette année, les deux espaces ont fêté ensemble la Journée mondiale de la danse (29 avril), avec un programme de deux jours, les 29 et 30 avril, qui a proposé, entre autres, le travail de groupe «Le noir est une valeur». Danser à Tunis, les danseurs citoyens l'ont fait, dans les places publiques, parmi les gens, avant de poser leurs valises à l'espace culturel qu'ils ont créé pour accueillir les jeunes férus des arts de rue, Lang'art. Ce dernier est un lieu de formation, de création et de vie, un cocon où ils évoluent avant d'éclore. Les grandes questions de la rue ne pouvaient qu'imprégner leurs œuvres, d'où la naissance de «Le noir est une valeur» qui explore le parcours historique des noirs tunisiens. Un parcours marqué par la richesse culturelle qu'ils ont amenée depuis leurs origines. Il est également pétri de souffrances et d'injustice qui persistent, alors que l'héritage culturel qu'ils ont développé depuis des siècles n'est pas reconnu à sa juste valeur. Rappeler donc la valeur des noirs, que le noir est valeur, et qu'il a de la valeur, comme nous tous et comme nous devrions tous être, est le grand message de ce spectacle. La représentation du 29 avril est un work in progress. Une trentaine de jeunes comédiens, musiciens et danseurs donnent progressivement vie à une opérette de rue, où la danse se fait contemporaine, où les paroles sont du slam et du hip-hop et la musique née de percussions africaines. Sur scène, le ton est donné dès le départ avec un opprimé au milieu de la foule, auquel on inflige toutes les violences verbales racistes que sa couleur de peau lui a valu et lui vaut toujours. La danse exorcise ses maux et les pas sortent des tripes. Ensuite, une voix de la sagesse se met en milieu de scène avec un slam qui prône la tolérance et le droit à la différence. Les percussions acquiescent, et, pendant une demi-heure, l'ébauche de «Le noir est une valeur» semble prometteuse. Le work in progress fait également partie du programme du Festival du printemps et sera le 12 mai de nouveau à Lang'art. Le grand rendez-vous de ce spectacle dédié à la rue, dans le cadre d'un projet de l'Union européenne sur les droits des minorités, se fera en juillet devant l'Assemblée des représentants du peuple au Bardo, afin de présenter officiellement la demande d'inscrire le patrimoine des Noirs tunisiens comme patrimoine national.