Les faux pas se suivent et se ressemblent sans qu'il y ait la moindre réaction. Le rythme, les enchaînements et les impacts n'ont plus leur raison d'être au sein d'une équipe à la dérive et qui ne propose que ce dont elle dispose... Emoussé mentalement et physiquement, le Stade reste sur une série de mauvaises performances. La spirale ne semble pas finir et les défaillances se multiplient. Une défaite en appelle une autre et la saison actuelle est plus que jamais synonyme de décadence caractérisée, de risque et d'incertitude. Le couperet est tombé avec la descente à un niveau jamais atteint. Quinzième et avant-dernier avec un seul point d'avance sur la lanterne rouge (l'ASK), le ST renvoie une image réductrice. Il risque plus que jamais sa place parmi l'élite. A Zarzis, les joueurs ont encore une fois brillé plus par leurs déconvenues, leurs insuffisances, ou encore leurs dérives que par leurs exploits, nécessaires à ce genre d'épreuve. Ce qui se passe actuellement, on ne le voit pas seulement comme une défaillance, mais aussi et surtout comme une déviance constituée et entretenue. On ne sait pas encore, on ne sait pas toujours, ce qu'on fait pour le club. Quel espoir nourrir? Quelle réaction adopter? L'on ne parvient pas, de ce fait, à se situer et à comprendre. Comprendre comment gérer un club, comment grandir, comment s'élever? Les grands hommes, les grands dirigeants stadistes figurent aujourd'hui dans les livres de l'histoire. De fait, rien n'est vraiment exemplaire dans la gestion du club. Ni le rendement des joueurs sur le terrain, ni le mode de vie dans les vestiaires ou encore dans les entraînements. Ni les rapports humains entre les acteurs et dirigeants, ni la gestion du club, ni la gouvernance des structures. Et les prétendus promesses, engagement et serment ne servent finalement que d'une réalité étroite et terre à terre. Le Stade n'a jamais autant cumulé d'ennuis. Les défaillances plombent l'équipe dans tous les compartiments de jeu. Mais cela dépasse largement le débat autour d'une douzième défaite. Cela dépasse aussi le cadre sportif pour toucher l'avenir d'une équipe en pleine détresse. Cela va enfin au-delà de la déception et de l'amertume. Un camouflet. Une honte. On ne trouve pas mieux à dire sur des joueurs incapables de réagir. Nous sommes sûrs qu'ils ont pu mesurer à l'occasion l'énormité du fossé qui les sépare de tous ceux qui avaient fait l'histoire et le bonheur de ce club. Paralysés dans tout ce qu'ils devaient entreprendre, ils avaient visiblement laissé aux vestiaires toutes les vertus du football, celles qui font les grands joueurs, celles qui favorisent les performances et les consécrations. Le gâchis est encore compromettant lorsque nous entendons, à peu près mot pour mot, le même discours, la même démagogie de la part des responsables, et on se demande : quels arguments va-t-on nous réserver dans les jours à venir? Un dépérissement pluriel L'on n'est pas censé ignorer que la situation actuelle de l'équipe stadiste résulte d'une conjonction de facteurs, certes intérieurs, mais aussi extérieurs. Car c'est tout le football tunisien qui traverse aujourd'hui une crise identitaire. Mais le Stade subit une crise multiforme de résultats, de jeu, de gestion, de compétence et qui a pour manifestation première un dépérissement lui aussi pluriel. On a beau penser que l'état du club devait générer une prise de conscience collective, souder, solidariser, hybrider. Or c'est l'inverse qui s'est passé : on se rétracte, on se replie, on se dissocie. La division s'impose à l'union, on s'abrite derrière les faux arguments, les justifications erronées et trompeuses. Chaque équipe peut avoir foi en l'avenir. Mais cette foi a volé en éclats au ST et a cédé place à l'incertitude, à la peur, au désespoir. L'avenir est devenu incertain, angoissant On ne peut pas omettre la réalité des formes de dérives et de manquements qui ont germé dans le bouillon du laisser-aller et de l'indifférence et qui ont prospéré dans un terreau où toutes les parties prenantes ont leur part de responsabilité. L'enlisement est devenu très collectif, très partagé au Stade. S'en remettre au bon sens ou à la vision des responsables présents aujourd'hui sur la scène n'est plus un signe de crédibilité absolue. Dans leur immense majorité, ils n'ont pas une grande idée de ce que doit représenter le football, ou le club en général, et ne veulent surtout pas qu'on empiète sur leurs plates-bandes. Les questions essentielles pour l'avenir de l'équipe restent toujours sans réponses et les leçons du passé sont loin d'être retenues. Et après, on s'étonne qu'il y ait un fossé entre ce qui est souhaité et ce qui est possible. On s'étonne que les résultats ne suivent plus, à l'instar des ces faux pas en série. Evidemment, personne n'est exempt des dérapages que le ST ne cesse de subir dans les épreuves de tout genre. Les responsabilités sont multiples à tous les niveaux de la structure. Il serait aisé de se focaliser sur un entraîneur jusque-là incapable d'instaurer un fond de jeu, et encore moins un projet sportif. Sur des joueurs qui ont touché les limites de leurs attributions. Cette dérive récurrente dans l'histoire de l'équipe renaît à chaque contre-performance, et chaque contre-performance la fait renaître. Et c'est toujours le même scénario : des matches qui se ressemblent et un rendement aux abois. Les faux pas se suivent et se ressemblent sans qu'il y ait la moindre réaction. Le rythme, les enchaînements et les impacts n'ont plus leur raison d'être au sein d'une équipe à la dérive et qui ne propose que ce dont elle dispose et ce dont elle est capable réellement.