Une après-midi entre poésie colorée et immersion dans la politique française. Al Kalimat, le marathon des mots, a eu lieu les 29 et 30 avril. Cette cinquième édition s'adresse aux paroles des écrivains et des poètes avec un questionnement brûlant : « Que peut encore la littérature ? ». Ils n'ont eu à faire qu'à lire quelques vers de leur plume pour apporter la plus noble et naturelle des réponses. Vendredi dernier au 4e art, la première partie a été consacrée à des lectures choisies des œuvres de la poète iranienne Maryam Haidari, le poète syrien Nouri al Jarrah et le philosophe et poète tunisien Slim Dawla. La rencontre orchestrée par le journaliste tunisien Saber Ben Ameur a permis de divulguer ce que les âmes ont sur le cœur. Les lourdes peines et les rêveries légères ou passagères. Plus les temps sont durs, plus la poésie est un besoin vital. Elle préserve notre part de beauté et d'humanité et nous distingue de ceux qui portent les armes du ravage. «C'est la première fois qu'Al Kalimat s'ouvre au monde arabe », a déclaré la directrice de la manifestation, Syhem Belkhodja. Il était temps, vu l'actualité qui ne voit dans cette région qu'une série de drames et des chiffres de victimes. Car il y a aussi et avant tout les Lettres et leurs maîtres qui peuvent, par quelques mots, prouver la diversité du monde arabe. Iranienne, Maryam Haidari entretient des rapports avec la langue arabe à travers l'écriture et la traduction. Elle a, entre autres, traduit en persan le recueil « La trace du papillon » du poète palestinien Mahmoud Darwish. Elle écrit dans les deux langues et ses propres poèmes ont été publiés dans de nombreux médias arabes. Nouri al Jarrah, syrien installé en Grande-Bretagne, compte à son actif une dizaine de recueils, qui retracent son parcours entre son pays natal, Beyrouth, Chypre, le Maroc et Londres, où il a soit écrit dans des revues littéraires soit publié des recueils de poésie, comme son premier « L'enfant » (Beyrouth, 1982) et l'un des derniers « Les jardins d'Hamlet » (Beyrouth, 2003). Une figure importante de la poésie arabe contemporaine Le tunisien Slim Dawla ne l'est pas moins. Philosophe indépendant et rebelle, sa poésie n'en est que la rime. C'est d'ailleurs drôle de le retrouver dans Al Kalimat. Ses vers qui ont leur place parmi ceux de Haidari et d'Al Jarrah l'ont sans doute persuadé. Il en a offert la lecture au public, des extraits de son deuxième recueil « Clémence la belle », édité en 2015 chez La maison de la poésie en Palestine, qu'il a remerciée au passage, et récemment édité en Tunisie. Après cela, le « moment fatidique », comme l'a qualifié Syhem Belkhodja, est venu. Elle parlait de la rencontre avec le philosophe français et l'un des fondateurs de l'Université populaire Michel Onfray, animée par l'écrivain Olivier Poivre d'Arvor, également derrière la création du Marathon des mots à Toulouse. Un rendez-vous qui a drainé un grand public et s'annonçait intéressant à plus d'un égard. Questionné par son interlocuteur, Michel Onfray a commencé par analyser le concept d'intellectuel et de son rôle dans la société. « C'est un concept problématique. Les intellectuels sont hétérogènes », répond-il. Il se considère comme dans un créneau à part, vu ses origines modestes, auxquelles il tient à rester fidèle. Pour lui, un intellectuel doit être au plus près des gens et de leurs soucis, penser aux peuples et être féministe. Une vision qui lui doit d'être controversé en France. Après cette entrée en matière, le débat a très vite viré vers une discussion franco-française sur la politique. Dommage !