Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a condamné hier l'« irruption » de la police dans les locaux de la radio privée Shems FM, où des journalistes observaient une journée de grève pour demander la régularisation de la situation de la radio et de ses employés. Des policiers se sont introduits hier dans les locaux de la station pour demander à consulter le préavis de grève, selon des journalistes de la radio et le syndicat. « Cette intrusion constitue une atteinte à la liberté d'expression et une tentative d'intimidation des journalistes », ont estimé des responsables du syndicat lors d'une conférence de presse organisée pour présenter le rapport annuel sur la liberté de la presse en Tunisie, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Les journalistes ne sont pas tenus de présenter un préavis de grève pour informer préalablement les forces de l'ordre de leur action, ont affirmé des membres du bureau exécutif du syndicat. Soutien aux grévistes Une délégation du syndicat s'était rendue hier matin à la radio pour soutenir les journalistes en grève. D'autre part, le Syndicat national des journalistes tunisiens et le Syndicat général de l'information ont apporté hier leur soutien aux employés de la radio Shems FM. « Il s'agit d'un tournant dans la lutte que mènent des organisations professionnelles pour imposer le respect des droits des journalistes et des employés des organismes de presse et la défense de leurs droits matériels et sociaux bafoués », a affimé Néji Bghouri, président du Snjt, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la radio. « Les différentes organisations professionnelles mènent un combat commun pour protéger les droits des employés du secteur et des établissements confisqués et publics », a affirmé de son côté Mohamed Saïdi, secrétaire général du Syndicat général de l'information, relevant de l'Union général tunisienne du travail (Ugtt). La radio confisquée Shems FM est aujourd'hui visée parce qu'on cherche à la revendre à moindre coût, a-t-il ajouté. Les grévistes demandent la régularisation de la situation de certains journalistes et le paiement de leurs émoluments, notamment une prime de production. Un grand nombre de journalistes se sont rendus au siège de la radio pour soutenir les grévistes et protester contre « les conditions difficiles » des journalistes de cette station et dans d'autres médias publics et privés. Création d'un centre pour la sécurité au travail A l'occasion de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), Néji Bghouri, a annoncé la création d'un centre pour la sécurité du travail au sein du syndicat. Ce centre, créé en partenariat avec le Haut Commissariat des droits de l'Homme, prévoit le lancement d'une unité d'assistance juridique, d'observation et de documentation sur les violations commises contre les journalistes. S'exprimant, hier, lors d'une conférence de presse, au siège du Snjt, pour la présentation du rapport annuel sur la situation des libertés journalistiques en Tunisie, Bghouri a également annoncé « le démarrage du projet d'élaboration d'une convention intéressant les journalistes dans les domaines de l'audiovisuel et de la presse écrite ». Le syndicat a aussi obtenu une autorisation pour créer une mutuelle en faveur des journalistes dont la situation est précaire, a-t-il ajouté, précisant qu'un accord de principe a été convenu avec le gouvernement pour la déduction de 5% des revenus générés par la publicité publique au profit de la mutuelle. Le président du Snjt a, en outre, fait état de l'amplification des violations matérielles et professionnelles contre les journalistes au sein de leurs institutions médiatiques. Selon lui, on ne peut parler de presse performante et de droit du citoyen à l'information face à la situation matérielle précaire des journalistes pouvant laisser la voie libre à l'argent sale dans le secteur.