Par Bady BEN NACEUR Dimanche dernier, à Hammamet, c'était les premières rencontres, avec les artistes de la 3e session des Journées méditerranéennes des arts visuels. Ils sont, pour la plupart, originaires de notre mer commune, mais certains d'entre eux viennent — ou sont revenus depuis la 1ère session — qui de Suède, d'Amérique, du Japon, de Corée du Sud, du Bahreïn, du Sultanat d'Oman, d'Irak et dont certains ont un «pied à terre». Je les cite, pêle-mêle, dans cette rubrique, en espérant, les jours qui viennent, les mieux connaître, découvrir un peu plus l'idée qu'ils se font de cette Méditerranée qui a mal à ses profondeurs, à ses mythologies anciennes, cette Méditerranée qui est devenue comme une Arche de Noë avec ses flots migratoires, aux allures folles... En quittant Tunis, pour la ville des Jasmins, il y avait, en notre compagnie, Med Chamseddine qui revient pour la énième fois. Il est originaire du Liban et, plus précisément de Tyr. En regardant les paysages verdoyants qui défilent de chaque côté de l'autoroute, il me sourit et, rassuré, il me dit : «Le Liban, c'est comme la Tunisie. En plus, je m'y sens bien aussi. Tyr, c'est comme Carthage !». Mariva Zacharof est Grecque et un peu inquiète pour ce qui se passe dans son archipel. Mais l'art, durant toute cette semaine, va compenser ce stress qu'elle a laissé derrière elle, pour un temps. Clemens Beungkun Sou est un artiste sud-coréen, un classique moderne (j'ai vu l'une de ses toiles de la session d'avant), il peint par fragments d'images en naviguant entre l'art formel et informel. Il filme beaucoup aussi. Les gens, les lieux, les ambiances qu'il projettera, sans doute, sur ses toiles à venir. Je n'ai pas encore rencontré Hiroshi Mehata, le Japonais, ni Tamara Rakica de Serbie et José-Xavier Polet, l'artiste belge. Il y a beaucoup d'artistes qui me saluent, certains me demandant d'où je viens. «Je viens d'ici!», répondé-je. Les artistes de la Méditerranée sont reconnaissables, sans doute à leur manière de parler avec une certaine gestuelle à l'appui. Ils s'extériorisent. Ce soir, on attend une performance «Les secrets de Camille» avec Lia Rives et Marion Colombi. Il y a des noms qui chantent comme ça, dans l'air : Raja Azaroual (Maroc), Souad Alshwehdi (Libye), Jo Ann Morning (Amérique), Rihab Bitar (Syrie) que je connais depuis la création du festival de Mahrès et qui ne viendra peut-être pas à cause d'un problème de santé. Abdellatif Romdhani, le plasticien et enseignant à l'Ecole des beaux-Arts de Kairouan, m'a tenu compagnie lors de la soirée d'hier. Il peint des triptyques pour donner libre cours à sa gestuelle et sa thématique de la chorégraphie. L'acrylique lui va bien. Un travail d'une grande sensibilité. Je n'ai pas encore revu Hédi Fnina, le hammamétois. Ali Batrouni se démène pour que tout le monde soit là demain. Beaucoup d'artistes vont «parler de leurs œuvres» enfin ! D'autres iront camper à Hammamet et Nabeul pour intervenir dans les espaces urbains, peindre des œuvres collectives, des fresques, aider les enfants à peindre les fruits de leur imaginaire. Ça bouge un peu, ça bougera encore plus demain et les jours et nuits à venir...