Les mécanismes mis en place pour réguler le marché en matière de lait n'ont pas donné les résultats escomptés et n'ont pas permis de préserver les intérêts des producteurs. La filière du lait passe depuis quelque temps par une situation difficile caractérisée par une abondance de la production, ce qui a permis de constituer des stocks importants que les centrales laitières n'ont pas la capacité de stocker. Ces dernières sont allées jusqu'à refuser des quantités de lait, notamment au cours de la période de la haute lactation qui s'étend du mois d'avril au mois de juin. Les professionnels ont proposé de libéraliser l'exportation du lait aux pays voisins — Libye et Algérie — pour commencer avant de développer les ventes vers d'autres marchés. Cette proposition a trouvé une suite favorable auprès des autorités compétentes. Cependant, les problèmes auxquels est confrontée la filière du lait nécessitent de trouver une solution radicale et durable pour préserver les intérêts des éleveurs et des industriels. Ces derniers doivent poursuivre leur activité dans des conditions appropriées et réaliser un chiffre d'affaires couvrant les frais de production. Il s'agit aussi d'approvisionner le marché local en ce produit tout au long de l'année même pendant les périodes de grande consommation. Les professionnels réagissent En effet, selon l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) ,les quantités de lait jetées ont atteint jusqu'à 300 mille litres par jour car les centrales laitières refusent de les prendre. Ces unités industrielles se basent sur certains critères — considérés par les professionnels comme non objectifs — pour acheter le lait frais des producteurs. Plusieurs centrales utilisent le système de quota d'achat appliqué à chaque producteur. C'est-à-dire que le producteur doit fournir une quantité déterminée de lait en fonction des besoins de l'industriel. La qualité du lait produite au cours de cette période est pourtant irréprochable comparée aux autres mois. L'Utap constate, de même, que les mécanismes mis en place pour réguler le marché n'ont pas donné les résultats escomptés et n'ont pas répondu aux exigences des producteurs. La situation de la filière est en dégradation continue, d'une année à l'autre. Certes, l'Etat s'est engagé à acheter des quantités supplémentaires de lait pour les distribuer aux écoles et aux cantines relevant de l'armée, mais cela ne permet pas de résoudre le problème d'une façon durable. Les producteurs subissent des pertes énormes à cause de cette crise qui semble perdurer. Les professionnels ont manifesté leur protestation et ont transmis un message clair aux autorités compétentes : «Il est nécessaire de trouver, dans les meilleurs délais, des solutions pertinentes aux problèmes des producteurs». La gestion de l'abondance de la production est, en tout cas, moins grave que la gestion de la pénurie. Plusieurs éleveurs supportent des pertes à cause de ce système de régulation défaillant qui a montré ses limites. Les prix des produits fourragers en constante augmentation sont également mis en cause. Une telle situation a amené certains éleveurs jusqu'à brader leur bétail pour pouvoir assurer un revenu. D'autres ont décidé d'arrêter leur activité d'élevage pour s'adonner à un autre métier plus rentable. Autant de problèmes qui doivent être traités par les autorités compétentes pour permettre aux différents intervenants dans la filière de poursuivre leurs activités.