A la rencontre des artistes, à travers parcours et œuvres. La bonne ville de Hammamet a eu droit à son mistral, ces derniers jours. En effet, le «joli» mois de mai a été secoué, ici, par un vent violent et froid, emplissant le ciel de gros cumulo-nimbus tout blancs, qui jouaient à une course affrénée, comme des montgolfières. Ce qui a causé quelques embarras, pour ces journées méditerranéennes des arts visuels, dans ses activités du côté de la plage pour ses ateliers, et autres workshops ainsi que des interventions d'artistes, dans les espaces urbains. Parmi mes invités de ce jour, et profitant de ce mal tempo, en attendant quelques accalmies, j'ai été à la rencontre de certains d'entre eux, du côté du centre commercial de Hammamet. Galerie-Atelier de Hédi Fnina Je n'avais pas revu Hédi Fnina depuis belle lurette. Depuis le décès de feu Abderrazak Sahli, artiste-plasticien hammamétois comme lui. De cette rencontre brève, car il était très occupé avec les artistes invités pour l'exposition de vendredi, date de clôture de cette manifestation, il me déclare ceci : «Te rappelles-tu de la réponse de Abderrazak, lorsque tu lui avais posé la question du pourquoi il peignait tant d'objets (et même son chien) sur ses toiles? Il t'avait répondu : «C'est pour voir la mer, la Méditerranée». Moi, je continue, malgré les aléas du temps, à gérer au mieux cet espace-galerie. Hammamet est ma ville natale et elle me donne tant de rêves et de force. Son environnement me passionne et je le reflète en formes et en couleurs, surtout le bleu, ce beau bleu de la Méditerranée. Sans oublier mon épouse qui me donne la quiétude et la passion d'aimer la vie, encore plus fort. Frédérique Lameta, artiste corse «Je viens d'Ajaccio et je travaille dans l'art thérapeute au Conseil général. Je suis artiste plasticienne et je pratique l'art abstrait à travers peinture et collages. Un travail de matières et de couleurs tout à la fois. Je fais beaucoup dans la récupération des objets-rebuts. C'est la troisième fois que je viens en Tunisie. Je suis amoureuse de ce pays, des gens extraordinaires, des artistes hors du commun. La Tunisie ressemble beaucoup à la Corse et j'y retrouve le même accord chaleureux, l'humour des gens. Je suis en train de faire un tableau aux couleurs de la Tunisie, avec des objets ramassés dans les rues et sur la plage». Le «Fauve» Zine Harbaoui Lui aussi, je ne l'avais pas revu depuis longtemps. J'aime ce peintre autodidacte qui a fait bien des avancées dans son art, depuis la fin des années soixante-dix. Il me déclare : «J'ai pratiqué les portraits de 1986 à 2002. Puis je suis revenu à une peinture entre le fauvisme et l'expressionnisme, à travers des sujets tirés de la vie quotidienne». Je l'ai laissé finir sa toile où prédominent des tonalités de vert-pâle, d'orange, de bleu-outre-mer dignes des peintres de Saint-Tropez, au siècle dernier. Safari Typo avec Louise Dib et Riad Hamed Abdelouhab Ils sont algériens, elle et lui. Le logo et leur slogan c'est le Safari Typo. Ils exécutent des fresques murales dans la «langue des signes». C'est ce qui explique le vocable de Safari (le déplacement, le «partout» ) et de typo (la typographie, le signe). La fresque murale de Hammamet a commencé à voir le jour à travers une composition de collages, des inscriptions murales, du graphisme des enseignes, des motifs traditionnels de Hammamet. Leur processus de création? Louise Dib y répond : «On fait une ballade photographique, on choisit le matériel graphique. On s'occupe de la direction artistique. On conçoit cette fresque, avec les habitants, sur un mur du Centre commercial qui nous a été réservé». Mariva Zacharof, l'Athénienne Cette artiste grecque a beaucoup vécu en Belgique et elle a entrepris, en Angleterre, des études dans le domaine des arts visuels (installation et design). Elle institue l'art, et le fait pratiquer d'une manière pédagogique aux enfants (4-12 ans) en difficulté mentale. Mariva Zacharof a participé à de nombreuses biennales en Suède, en Serbie... et à des festivals internationaux en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, en Grèce... Elle utilise des médias mixtes pour rehausser ses œuvres, très expressionnistes. Dans l'une de ses compositions, «L'ange dévasté», on voit, on sent l'angoisse de l'artiste pour son pays en détresse — comme le nôtre — et cette Méditerranée qui a mal à son identité...