Partout où notre peintre a déposé sa valise, il a exposé son art. Puis retour au bercail, la tête pleine de projets. A travers sa peinture peu commune et non conventionnelle, il dit les choses crûment. Il fait vibrer les palettes en bois (caisses de transport de marchandises). Il fait parler le béton et éclater les toiles. La gestuelle agile est bien précise, l'artiste se lance dans un réalisme bien imbriqué dans la vie moderne avec pour moyen d'expression la peinture à l'huile. Il est vrai que le pinceau de Walid Ardhaoui capte chaque expression du visage et excelle en matière de figuratif. Néanmoins, il suggère à chaque regard une impression, une interprétation libre. La technique est savamment maîtrisée car notre artiste est tombé dans la marmite (de la peinture) tout jeune. «Au lycée, nous dit-il, j'ai suivi des cours de peinture». Alors, il s'est soûlé au gré des fluctuations d'une palette dynamique et bien variée. Les caisses en bois, il les laisse dans leur état brut et fait valser son pinceau au désir de son imaginaire. Une bouteille, des fruits dans un sachet transparent froissé. Jeu d'ombre et de lumière rehaussé par des graffiti, Walid Ardhaoui défie l'interdit et le représente sans crainte. Bacchus a libre accès à ses toiles. Un verre d'eau-de-vie, une femme nue habillée de petits poissons... un air marin. Puis viennent les émigrants clandestins, ceux qui rêvent de Lampedusa. Rêve avorté, rêve meurtrier. Le pinceau de l'artiste nous emmène loin dans les profondeurs de l'être. Il est engagé et ses couleurs son exacerbées par des jets de bombes à retouche. Il va même à la recherche de l'identité du Tunisien dans les détritus de ses poubelles. Un paquet de lait, le bout d'un journal, un pot de yaourt... «La recherche du beau dans le laid», nous dit-il. «Pudique, ajoute Walid Ardhaoui, le Tunisien jette ses restes dans les sacs à poubelles noirs opaques». Courbes saillantes et minutieuses confèrent aux œuvres de notre artiste un réalisme déconcertant... Il observe et reproduit un vécu, un visage, une scène et toujours cet effet d'ombre et de reflet qui hante ses œuvres. Le bois, son matériau de prédilection, ces caisses de transport deviennent parlantes. On voit une femme déchirer une sorte de toile pour jeter un regard furtif, indiscret sur le monde... Comme si elle était prisonnière. Comme si elle observait derrière une serrure. Le visage est éclatant et les yeux sont imbibés de curiosité. Voir le monde à travers un trou limite, certes, mais fait découvrir des bribes de vie, la peinture de l'artiste scrute toutes les nuances et son pinceau est un véritable narrateur. Il raconte des histoires en mouvement et bien rythmées. Un passage aux beaux-arts et Walid Ardhaoui a déployé ses ailes. Irlande, Arabie Saoudite puis Abha où il a côtoyé de grands artistes dont le poète condamné à mort, Achraf Fayadh. Partout où notre peintre a déposé sa valise, il a exposé son art. Puis retour au bercail, la tête pleine de projets. A travers sa peinture peu commune et non conventionnelle, il dit les choses crûment. Son pinceau est libéré de toute entrave et capte les moindres détails, même un petit grain de beauté... Caisses en bois de transport de marchandises, toiles en béton peu importe, l'essentiel est de faire passer son message, grâce à un pinceau qui traite le matériau avec beaucoup de douceur, un pinceau qui pérennise même les ombres et les reflets.