Le conseil devrait être une instance indépendante qui aura à mettre en place des politiques éducatives claires et durables Le collectif associatif pour la réforme du système éducatif propose son projet de loi portant création du conseil supérieur de l'éducation, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique, qu'il conçoit comme institution décisionnelle et non consultative, avec une autonomie financière et administrative... La réforme du système éducatif, qui fait l'objet d'un dialogue national et régional, suscite encore et toujours des polémiques. En effet, après les débats houleux autour des conseils d'établissements, puis les clubs d'été, le projet de création d'un conseil supérieur de l'éducation, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique est actuellement objet de différend, notamment entre le ministère et les composantes de la société civile. Neji Jalloul et son département de l'Education sont en passe de mettre en place quelque deux cents nouvelles mesures qui seront appliquées dès la rentrée scolaire prochaine et ce dans le cadre de la réforme globale du système éducatif tunisien. Une nouvelle programmation des horaires scolaires est fin prête pour qu'elle soit appliquée à partir de l'année scolaire prochaine. Une révision des programmes et des pédagogies est aussi prévue, ainsi que la rectification de la réglementation disciplinaire vers un renforcement du caractère éducatif et de la bonne gouvernance dans l'espace école. Une relance de l'école supérieure de formation des instituteurs et la reprise des clubs d'été font partie de ce programme de réforme entamé par le ministère. Ce dernier a engagé, entre autres, un concours d'architecture avec des universités tunisiennes et autres européennes pour choisir un modèle architectural qui va avec la reforme de l'école de demain. Le plan d'action du ministère comporte d'autres points présentés lors de plusieurs conférences et rencontres nationales et régionales. Cependant, le ministère de l'Education est encore une fois critiqué pour «son approche non participative» dans l'élaboration des stratégies et des réformes. C'est ce qui a été relevé hier par beaucoup de représentants d'associations actives dans la sphère de l'éducation et de l'enseignement. Dans ce sens et essayant de s'imposer dans le processus de réflexion autour de la réforme, le collectif civil pour la réforme du système éducatif a tenu, hier à Tunis, une conférence nationale pour présenter son projet de loi portant création dudit conseil supérieur. Le collectif compte un grand nombre d'associations d'organisations et d'experts internationaux dans l'éducation et la révision des systèmes éducatifs à l'instar de son coordinateur, M'saddek Jelidi, et du président de son institution scientifique, Mohamed Ben Fatma. Il compte également des instituteurs, professeurs, universitaires, syndicalistes, activistes et des parents. Un statut décisionnel Le projet de loi du collectif préconise que le conseil supérieur de l'éducation, de la formation professionnelle et de la recherche scientifique sera une institution décisionnelle jouissant pleinement d'une personnalité juridique et de l'autonomie financière et administrative, avec un budget que l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) fixe dans le cadre du budget annuel de l'Etat. Touchant à tous les niveaux de l'éducation, du préscolaire au supérieur, ainsi que la formation de base et continue, et la recherche scientifique, le conseil devrait être présidé par le chef du gouvernement. Toujours selon le projet de loi du collectif, le chef du gouvernement nomme un directeur exécutif qui jouit de l'approbation des membres de l'ARP. Pour ce qui est des membres, le projet prévoit une grande représentativité de tous les acteurs de l'exécutif, du législatif, de la société civile, des syndicats et des organisations, institutions professionnelles et syndicales de divers secteurs. Ainsi, le conseil aurait une assemblée générale, un bureau du conseil, une instance scientifique et des commissions permanentes. Quant au mandat du conseil, on a prévu une durée de cinq ans renouvelable dans le respect des règles de la parité. Pour ce qui est des missions du conseil, le projet de loi prévoit qu'il est appelé, entre autres, à arrêter la politique éducative générale, mettre au point des plans et des stratégies en relation avec l'éducation, préparer une charte nationale pour l'éducation et la formation, évaluer le système éducatif, etc. Non aux interférences partisanes Lors du débat, le coordinateur général du collectif, M'saddek Jelidi, a insisté sur l'aspect participatif de l'opération de réforme du système éducatif, tout en mettant en valeur les actions déjà entreprises par le collectif dans ce sens à l'image du Livre blanc de la réforme du système éducatif préparé par le comité scientifique du collectif. Pour sa part, Mohamed Ben Fatma, expert international senior en matière d'évaluation et de réforme des systèmes d'éducation et d'enseignement, il a souligné la multitude d'intervenants, dont douze ministères, ce qui affecte la cohérence des diagnostics et des stratégies des réformes. Il a, aussi, indiqué que la création du conseil supérieur de l'éducation est nécessaire et urgente. Eviter l'incidence des différends politiques et des interférences partisanes dans le processus de réforme a été une recommandation de tous les intervenants dont le représentant du ministère de l'Education, Hédi Ben Khelifa, conseiller du ministre et chargé du dossier de la réforme du système éducatif, ou encore Mohamed Mahjoub, élu de l'ARP. Ce dernier est revenu sur le conflit entre le comité de pilotage de la réforme et le collectif associatif. Il a indiqué que la question du statut n'est pas encore décidée et que le statut décisionnel ne peut être la solution pour préserver l'indépendance du conseil et qu'avec ce statut, le gouvernement ne peut pas disposer des moyens pour réaliser ces programmes. Le conflit semble se poursuivre autour du statut du conseil supérieur de l'éducation et de la formation professionnelle. Le différend se situe aussi autour des domaines et des missions de ce conseil. Ce qui pourrait laisser ce projet dans la tourmente des conflits...