Renforcer la vision stratégique de l'Etat pour le développement des secteurs économiques, banaliser la technologie et la rendre accessible au grand public. On estime que 20 à 40 milliards d'objets seront connectés dans le monde les années à venir Imaginez que vous vivez dans une cité intelligente ou smart city, où tout est connecté à distance, votre maison, votre voiture, votre bus, votre parking, votre climatiseur. Ceci est possible grâce à l'Internet aux objets ou Internet of Things (IoT), un concept qui se base sur la connectivité des objets et qui vise à rendre accessible la technologie au grand public. Un thème qui a été débattu, hier, à l'Université Sésame à Tunis, dans un workshop intitulé «l'Internet des objets : levier de croissance économique». Selon Farouk Kamoun, président de l'Université, l'objectif du workshop est de rassembler tous les acteurs du secteur des TIC pour les sensibiliser à aller de l'avant dans ce domaine d'avenir. «Certaines prévisions tablent sur la connectivité de 20 à 40 milliards d'objets dans les quelques années qui viennent. C'est un mouvement de fond très important et il faut s'y préparer pour le maîtriser et avoir le savoir-faire nécessaire», explique-t-il. Grand potentiel De son côté, Noomen Fehri, ministre des Technologies de la Communication et de l'Economie numérique, a indiqué qu'il est primordial de moderniser les secteurs économiques en Tunisie par l'utilisation de cette technologie révolutionnaire. Il a affirmé que le projet de la plateforme des applications mobiles concernera, en premier lieu, 8.000 jeunes pour en sélectionner 1000. Il sera poursuivi pour concerner 16 mille et 32 mille plus tard afin d'encourager les jeunes au développement des applications mobiles. Pour le professionnel du secteur, Imed Ammar, les domaines d'applications de l'IoT sont énormes. D'ailleurs, il a un grand potentiel à l'utiliser dans le secteur agricole ou aussi pour la gestion des ressources hydrauliques des barrages, permettant de fournir, par exemple, des prédications sur le niveau d'eau pour la prochaine saison et d'éviter toute sorte de dégâts. Il peut aussi être utilisé dans le secteur du transport pour la gestion du trafic des bus et faciliter l'accès à l'information au voyageur. Le secteur de la santé présente aussi un intérêt particulier pour l'IoT puisqu'il permet, par exemple, de connecter le patient à son médecin pour lui fournir des informations en temps réel par le biais de capteurs à distance. «C'est pour cette raison que l'IoT vient renforcer la vision stratégique de l'Etat dans ces secteurs par le développement d'applications verticales. C'est une révolution. Bien que les Américains et les Européens nous aient devancés, je pense que nous pourrons rattraper le retard. Chaîne de valeurs Il y a beaucoup d'entreprises qui ont des applications à offrir et à développer dans tous les domaines», affirme-t-il. Il ajoute que l'IoT ne requiert pas aussi une grande énergie ni un grand investissement, mais il a un impact social énorme puisqu'il permet de banaliser la technologie et de la rendre accessible au citoyen. Le défi est de ramener tous les acteurs du secteur à collaborer ensemble. «Bien que nous ayons des entreprises performantes, il n'existe pas d'entreprises qui couvrent toute la chaîne de valeur. L'objectif est d'inciter les entreprises, les laboratoires de recherche et les établissements publics à monter cette chaîne de valeur et à développer des applications intelligentes», lance M. Ammar. D'un autre côté, il précise qu'il y a une contrainte juridique pour l'utilisation de la fréquence attribuée à l'IoT. La loi tunisienne exige de se soumettre à un cahier des charges et d'avoir une licence. Une contrainte que le ministère des Technologies de la Communication et de l'Economie numérique tente de surmonter. M. Fehri affirme qu'il s'agit de réformer cette loi pour pouvoir attribuer des licences à des prix symboliques. « Dans quelques mois, nous allons attribuer de 10 à 20 licences pour l'exploitation de l'IoT. Nous comptons également réserver des licences pour l'éducation et la société civile», explique-t-il. Pour M. Ammar, le marché tunisien présente un grand potentiel pour le développement de l'IoT. La réforme de la loi peut encourager les entreprises tunisiennes à collaborer davantage dans ce domaine. A l'export, il estime que le marché africain est très intéressant pour les entreprises tunisiennes et qu'une fois elles ont acquis de la maturité sur le marché local, elles peuvent se déployer très rapidement grâce à leur savoir-faire et aux ressources humaines qu'elles possèdent.