Un prix annuel instauré par le ministère de la Culture portera le nom de Mohamed Seghaïer Ouled Ahmed et récompensera les gagnants d'un concours national de poésie. «La terre ne reprend que la chair mortelle et non la poésie !», écrivait Aragon. Les vers du grand poète de la Tunisie ont retenti mardi soir au palais des congrès lors de la manifestation organisée pour le quarantième jour de son décès C'est la voix d'un enfant qui a ouvert le bal, la voix d'une petite fille qui déclamait les fameux vers de «Ouhibbou Al biled». C'est ainsi qu'avait commencé cet hommage rendu à l'un des grands poètes de la Tunisie qui nous a quittés il y a 40 jours. Un poète de la rébellion, un poète de la liberté, un vrai bijoutier des mots et un créateur d'images et de métaphores d'une grande originalité et qui a rapproché la poésie du sens commun au lieu de l'enfermer dans une tour loin de la cité. La ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, Sonia M'barek, a pris ensuite la parole pour une oraison funèbre où elle s'adresse directement au poète disparu : «Comme toutes les grandes personnalités, tu existes parmi nous qu'une seule fois, nous n'avons qu'une seule chance de t'avoir avant que tu ne quittes le monde de la réalité, le monde des valeurs absolues», a dit la ministre avant de déclarer qu'un prix de la poésie sera instauré par son ministère chaque année et récompensera les gagnants d'un concours de poésie qui se déroulera sur toute la Tunisie. Etaient présentés à la cérémonie de grandes figures du monde de l'art et de la littérature mais aussi du monde de la politique, comme Mohsen Marzouk et Hamma Hammami. Dans son discours, Hamma Hammami a déclaré : «Si Aboulkacem Chebbi a résumé la cause d'un peuple dans deux vers célèbres qui figurent aujourd'hui dans notre hymne national, Seghaïer Ouled Ahmed a résumé plus d'une cause avec un style sobre, simple, pur et très fort. On sent toujours l'absence de ce grand poète révolté et avide de liberté qui avait toujours son mot à dire et une analyse particulière pour toutes les situations». Hamma Hammami a proposé ensuite que la date du décès du poète devienne un rendez-vous annuel qui célèbre la culture et la poésie en Tunisie. L'Ugtt, par la voix de M. Samir Charfi, rendra également hommage au poète en se remémorant son combat et saluant en lui le «poète syndicaliste déclaré». Un hommage rendu au poète de la Tunisie à la hauteur de sa vision et de sa poésie et la présence d'un nombre important de jeunes Tunisiens prouvent que la poésie d'Ouled Ahmed a marqué toute une génération.