La Tunisie a célébré, le 15 mai, la journée mondiale de la famille ayant pour slogan : « La famille : pour une vie saine et un avenir durable » Cette journée, rappelons-le, a été instaurée par les Nations unies en 1989, en guise d'honorer le principal pivot sociétal, le noyau éducatif et le vecteur capital à la promotion des valeurs auprès des générations. Pour commémorer cet évènement mondial, le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, en collaboration avec la Fondation Hanns Seidel, a organisé, hier à Tunis, un atelier de travail ayant pour thème : « La famille et le développement durable ». L'objectif étant de faire ressortir la corrélation patente entre la famille et la promotion du développement social, économique, culturel et politique dans son aspect durable. Inaugurant cette rencontre, M. Nizar Kharbech, chef du cabinet audit ministère, dévoile la fragilité palpable de la famille et son incapacité à s'acclimater avec les mutations multiples qui marquent le contexte aussi bien national qu'international. Des variations qui ne cessent d'altérer l'équilibre, la cohésion et la stabilité de la famille et entravent son rôle sociétal et économique. La Tunisie a, jusque-là, prouvé son engagement à préserver le noyau social à travers une législation conforme aux directives internationales, recommandées par les Nations unies dans le cadre de conventions et d'accords, lesquels ont été adoptés par la Tunisie. « La Tunisie s'applique à la concrétisation des objectifs du développement durable dont la mise en place d'une stratégie de développement durable et la garantie d'un mode de vie sain, mais également la garantie de l'équité et de la dignité pour tous les membres de la société, et donc de la famille », souligne le responsable. La famille et les divergences internationales Le Dr Hédia Bel Haj, secrétaire générale du Groupe Tawhida Ben Cheikh pour l'aide médicale, aborde le thème de la famille et son rôle dans le développement durable à travers la décortication des conventions internationales. La famille a été définie, pour la première fois, en 1948, dans le cadre de la Charte des Nations unies, puis en 1986, dans le Pacte international aux droits économiques et sociaux ainsi que dans la Déclaration de Beijing, en 1995. Un centre d'intérêt indéniable, notamment pour les organisations internationales, la famille fait l'objet de maintes stratégies spécifiques qui s'accordent toutes sur le principe de la préservation de l'harmonie familiale, de la bonne santé des membres de la famille sans exception et de l'importance de les doter des moyens à même de leur permettre de bénéficier de leurs pleins droits. Toutefois, la résolution des Nations unies sur la protection de la famille se trouve marquée par certaines imperfections définitionnelles. Ces dernières suscitent des controverses signifiées aussi bien par les Etats membres que par la société civile qui requièrent plus de précisions sur la définition de la famille; la définition établie dans la Résolution étant jugée comme vague. D'un autre côté, les points de vue divergent quant à l'efficience des dispositifs en vigueur, censés améliorer les conditions de vie d'une famille. L'Etat a tendance à condenser les besoins d'une famille (d'un groupe hétérogène de personnes d'âges, de maturité, de besoins différents) en une seule personne, qui finit par recevoir au nom de tous les avantages promus. « Or, les droits de l'Homme sont individuels et indivisibles », rétorque l'oratrice. Elle appelle à la mise en place d'une stratégie nationale de la famille. Place à « la famille de l'orientation » De son côté, M. Slaheddine Ben Fraj, universitaire et expert en développement humain, s'interroge sur la place de la famille dans les politiques développementales ? Il remonte dans le temps pour rappeler à l'assistance l'approche développementale menée par l'Etat. Une approche exclusive, qui a permis, des décennies durant, à instaurer le statut de l'Etat-providence. L'approche participative a été, par la suite, l'unique alternative pour laquelle l'Etat avait opté pour remédier à ses défaillances. Aussi, l'Etat et la société civile forment-ils un partenariat salvateur. « Où en est la famille ? Qu'en est-il de son rôle, de sa contribution au développement durable ? La famille est restée, souligne l'orateur, figée dans son statut de consommateur. Elle constitue un thème et non une partie prenante ». Et ce n'est qu'en 2014, lors de la prononciation de la déclaration de Charm Cheikh, que la famille a été qualifiée à la fois de consommateur et de vecteur du développement durable. Le rôle de la famille dans le développement est crucial. C'est bien la famille qui ancre les petits réflexes auprès des jeunes générations. Des réflexes qui finissent par engendrer, à travers l'accumulation, les grandes positions. « D'où la notion de la famille de l'orientation qui se charge de l'éducation sociale. La famille peut inculquer les petits réflexes qui créent, à travers le cumul, les grandes positions. La famille de l'orientation ou l'éducation sociale. Les sociétés doivent participer à leur protection et à leur essor. Elles doivent désormais convertir les consommateurs passifs en des consommateurs-producteurs responsables, conscients des enjeux développementaux et capables de préserver la pérennité des valeurs, de respecter les cultures et d'assimiler les changements », conclut le Pr Ben Fraj.