La municipalité revendique clairement le statut de partenaire à part entière. Au cours de la réunion de travail du conseil municipal de Sfax, le 18 mai, les représentants de la région à l'ARP ont exprimé leur soutien à la demande de cession des terrains aménagés dans le cadre du projet Taparura au dinar symbolique, formulée précédemment par la délégation spéciale. La réunion a abouti à deux recommandations principales. La première a trait à la mise en place d'une commission de pilotage du projet Taparura, réunissant toutes les parties prenantes, entre autres les ministères concernés et les représentants de la région de Sfax. L'accent a été également mis sur la nécessité d'attribuer à la municipalité le statut de membre à part entière de la commission — dont les prérogatives restent à définir —, et de déterminer le calendrier de la mise en œuvre, par l'Etat, de ses engagements concernant le projet. D'autre part, il a été convenu de demander audience auprès du Premier ministre, en présence des ministères concernés par le projet Taparura (ministères du Transport, de l'Equipement, de l'Energie et des Mines, de l'Environnement) en vue de trouver les conditions appropriées pour la mise en œuvre du projet. Pour rappel, une session extraordinaire de la délégation spéciale à Sfax avait été consacrée le 12 mai à la cession, au dinar symbolique, des terres aménagées en bord de mer dans le cadre du projet Taparura, à la municipalité de Sfax. Les travaux de la réunion, auxquels avaient notamment pris part les représentants des directions régionales, avaient abouti à l'approbation de la requête adressée en ce sens à la présidence du gouvernement. La requête formulée par la délégation spéciale se fonde sur trois arguments principaux. La délégation spéciale met en premier lieu l'accent sur la nécessité d'identifier le partenaire public du projet Taparura, à l'issue de concertations lors de plusieurs sessions avec les représentants du ministère de l'Equipement afin que Sfax soit représentée dans le projet conformément aux dispositions de l'article 12 de la Constitution tunisienne, relatives à la discrimination positive permettant à l'autorité locale de bénéficier d'un important pouvoir de décision, dans le cadre d'une unité nationale indivisible. Il ressort ainsi clairement que la municipalité revendique le statut de partenaire à part entière dans le projet Taparura surtout que la Société d'études et d'aménagement des côtes nord de la ville de Sfax (Seacnvs) vient de lancer un appel à manifestation d'intérêt international pour la présélection des investisseurs stratégiques ou financiers potentiels qui seront ensuite retenus pour la phase de sélection en vue de choisir la meilleure offre de l'investisseur lequel prendra part au capital modifié de la Société qui sera chargée de la réalisation et l'exploitation du projet de planification, d'aménagement et de développement du site du Projet Taparura à Sfax. L'investisseur retenu devra contribuer, aux côtés de l'Etat tunisien, à la réalisation de la deuxième étape du projet. Cette étape comporte la planification, l'aménagement, l'urbanisation et le développement du site de la région Taparura, dont la superficie est estimée à 420 hectares. Le deuxième argument avancé par la délégation spéciale a trait à l'exigence d'assurer l'équilibre requis entre les ressources et des charges de l'autorité locale, fondée sur le chapitre 139 de la Constitution portant sur la gouvernance locale ouverte, ainsi qu'à la nécessité de fournir des ressources supplémentaires pour la municipalité lui permettant de faire face à des dépenses engagées pour le projet Taparura au niveau de l'infrastructure (éclairage, routes, zones urbaines, espaces verts, zones résidentielles...) dans la mesure où une nouvelle ville étalée sur environ 420 hectares et abritant une population de plus de 70 mille habitants sera érigée sur le site Taparura. Comme troisième argument, la requête de la délégation spéciale se prévaut de la législation sur la justice transitionnelle pour mettre en avant le droit de la région à la réhabilitation et au dédommagement moral, à travers la réparation des préjudices causés par la pollution de son littoral Nord dont l'impact négatif est lourd de conséquences sur les plan psychologique, social et économique, ayant privé les habitants de leurs plages et faisant même perdre à la région son emplacement stratégique en Tunisie.