Ghoula prépare son premier concert, qui aura lieu le 21 juin à l'avenue Habib Bourguiba et qui sera gratuit. À cette occasion, 5.000 CD de son premier album seront distribués à titre gracieux, en avant-première, précédant la sortie officielle La jeune scène artistique tunisienne se confirme de plus en plus avec des expériences et autres projets bâtis par une nouvelle génération innovante, misant sur les principes de métissage et de diversité. La musique, entre autres domaines, dévoile de jour en jour (surtout ces deux dernières années) une création prolifique et riche. De l'autoproduction (entre autres labels créés par des jeunes) à l'émergence de nouveaux sons et autres styles qui ne boudent pas pour autant notre patrimoine et puisent dans la richesse de notre identité, les jeunes (dont certains évoluent à l'étranger) ont décidé de fédérer et de se serrer les coudes, faute de véritable soutien de la part de l'Etat, profitant de la visibilité et autres moyens offerts par le Net et les nouvelles technologies. Une scène dite alternative suivie par un public averti, mais qui manque encore de représentativité et de visibilité sur la scène tunisienne. Pourtant des noms sont en train de créer des surprises et de dessiner les contours d'une nouvelle musique tunisienne. Parmi ces jeunes Ghoula est, sans conteste, une des plus grandes révélations de l'année. Jeune multi-instrumentiste et beat-maker, de son vrai nom Wael Jegham, il vit entre la Tunisie et la France. Musicien prolifique, il participe à de nombreux projets en Tunisie, dont le collectif «A5tuna» qui trouve un écho favorable auprès de la jeunesse tunisienne. Il exerce en outre une activité de compositeur pour le cinéma et le théâtre, avec des films comme «Ambouba» de Nadia Rais ou «Linge sale» de Malik Amara. Traqueur de sons et chineur de vinyles qu'il utilise comme matériau pour sa musique, en faisant revivre des morceaux oubliés à travers une approche contemporaine en distillant des sonorités électroniques sur fond de scratchs de son ami DJ Gamra. Ghoula se joue, ainsi, du temps, mixe les styles et met en dialogue plusieurs générations à travers une musique qui raconte des histoires renvoyant à diverses époques, leurs mentalités, leurs coutumes... Il crée un style de musique innovant, fruit d'une longue recherche de nouvelles sonorités, qui puisent leurs sources dans le patrimoine musical nord-africain, en mélangeant des sonorités électro, folk et orientales. Sa musique vient raconter des histoires renvoyant à diverses époques, leurs mentalités, leurs coutumes...et rend hommage à la diversité de l'identité et à la richesse de l'histoire du Maghreb. Il mixe les temps et les genres Il signe son premier album (un bijou), encore inédit, intitulé « Hlib El Ghoula », avec le jeune label Shouka, dont la sortie est prévue pour le 10 novembre prochain. Certains clips ont été dévoilés sur le Net, révélant un univers musical très particulier d'une diversité étourdissante (et dans le son et dans l'image), un grand travail de recherche et beaucoup de créativité. Les internautes ont pu se régaler depuis des semaines avec des titres tels que «Ya Ness», «Allah Allah 3lik», « Ba77it w Chkit », « Dawri », « I'm african et récemment » et « Ya Moumnin ». L'artiste se renouvelle à chaque morceau et fait la surprise avec de superbes vidéos à l'instar de celle de «I'm an African » qui, réalisée en collaboration avec la vidéaste italienne de talent Francesca Cogni, avec la technique du stop-motion, révèle un peuple africain sous la forme de petits escargots animés, abusés par leurs dictateurs et manipulés par l'occident qui pille leur patrimoine naturel. «Hlib El Ghoula » est une expression tunisienne qui désigne quelque chose d'introuvable et de précieux et définit parfaitement le travail de Ghoula, un travail minutieux et passionné en quête d'inédit et de non-conformisme. Grand chineur, il traque les disques vinyles, dans les brocantes et autres souks, qui constituent l'ossature et la matière principale de sa musique faite de « samplers » (ou extraits) de ces mêmes disques. Un matériau qu'il affectionne pour son authenticité car il retranscrit les marques sonores du temps qui s'est écoulé. « Les vinyles sont un support qui témoigne d'une génération. Que ce soit le graphisme des couvertures, les textes, tout cela nous rapporte de façon quasi photographique des mentalités, des histoires de sociétés qui nous viennent d'une autre époque. C'est une matière souvent difficile à trouver, qui nous donne une idée de la façon dont les gens vivaient à l'époque où ils ont été produits. Cette ressource est précieuse car malheureusement, aussi bien les archives de la radio nationale tunisienne que les fonds privés (comme celui d'Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd) sont très difficilement accessibles pour le commun des mortels », note-t-il. Ce matériau permet et impose, également, de prendre le temps d'écouter et, ainsi, de mieux se concentrer sur les paroles qui reflètent une époque révolue, certes, mais considérée, par certains, comme bien plus progressiste que celle d'aujourd'hui. Un succulent hommage que rend l'artiste dans cet album aux années 30 et 50, avec l'apparition, ici et là, d'instruments typiques comme le Gombri, et parsemé d'illustres voix, celles des Cheikh El Afrit, Rabeh Deriassa, Mohamed El Jarrari ou même Chikha Rimitti. On ne peut qu'aimer et tomber sous le charme de l'univers de Ghoula, qui nous secoue, nous prend par l'affect, nous entraîne dans un ingénieux mélange de sonorités, nous submerge, ici et maintenant, dans ce riche patrimoine et ressuscite sous d'autres habillages les voix et les sons d'antan. Pour ce qui est de ses nouveaux projets, Ghoula prépare son premier concert, qui aura lieu le 21 juin à l'avenue Habib Bourguiba et qui sera gratuit. À cette occasion, 5000 CD-rom de son premier album seront distribués gracieusement, en avant-première, précédant la sortie officielle. A l'occasion de la sortie officielle de l'album, le 10 novembre, un vinyle sera pressé en édition limitée et un concert aura lieu à la Bellevilloise, à Paris.