Alors que la Tunisie engage des négociations en vue d'un nouvel accord avec l'Union européenne, les «Journées de l'Europe» offrent l'occasion de se retourner sur le passé d'un partenariat, mais aussi d'envisager le chemin qu'il peut offrir pour demain... Depuis hier et jusqu'à demain se déroulent au Palais des congrès de Tunis les Journées de l'Europe : une façon de célébrer les 40 ans de partenariat entre la Tunisie et l'Union européenne. En effet, c'est en 1976 qu'a été signé un «accord de coopération» entre notre pays et ce qui s'appelait à l'époque la «Communauté européenne». Quand on considère l'importance pour la Tunisie de ce partenariat, l'idée d'en fêter les 40 ans n'a rien d'étonnant. Comme le précise l'ambassadrice de l'Union européenne à Tunis, Mme Laura Baeza, ces journées, c'est 13 panels de débat auxquels vont assister pas moins de 9 ministres et 13 ambassadeurs... En dehors de la session d'ouverture, qui a eu lieu hier matin, la rencontre est ouverte au public et exprime le souci d'associer les «citoyens tunisiens». Les participants animeront donc des discussions sur des sujets tels que le renforcement de l'Etat de droit, le dialogue public-privé, la promotion des droits de l'homme, l'éducation et la formation professionnelle, etc. Autant de sujets, autant de panels, qui seront par ailleurs des occasions de rencontres personnelles et de contacts, à un moment de l'histoire où, soulignons-le, le partenariat tuniso-européen est à un tournant. Car la Tunisie est maintenant engagée avec l'Union européenne dans des discussions autour d'un Accord de libre-échange libre et approfondi (Aleca) : accord au sujet duquel la présidente de l'organisation patronale, Mme Wided Bouchamaoui, présente lors de la séance d'ouverture, rappelle qu'en dépit des déséquilibres entre les deux parties, il représente davantage une «opportunité» qu'une «menace»... D'autre part, la Tunisie se trouve dans une phase où des réformes décisives sont mises sur les rails ou vont l'être très prochainement. M. Yassine Brahim, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, a évoqué ce thème à travers l'exemple de la réforme de l'administration : la «mère des réformes», dit-il. Il a rappelé, face à l'assistance, dans un petit exercice de rhétorique, que l'administration tunisienne ne mérite pas toutes les critiques qu'on lui adresse, puisque c'est grâce à elle que la révolution n'a pas tourné chez nous à l'anarchie... Mais, poursuit-il, joue-t-elle le jeu dans ce passage d'un modèle étatique à un modèle ouvert, de manière à ce que la mondialisation ne soit plus une contrainte subie mais une opportunité à saisir ? Et, d'autre part, a-t-elle les moyens des changements qu'on attend d'elle ? C'est ici que l'Union européenne peut avoir une fonction de soutien : accompagner les réformes, aider à créer le climat des affaires susceptible d'attirer l'investisseur... Le Plan de développement quinquennal, qui constitue le cadre général de ces réformes, est donc le lieu d'une attention toute particulière. On voit donc que cette célébration joint le très utile à l'agréable. Le directeur général de la Politique de voisinage, M. Christian Danielsson, souligne pour sa part que, depuis la révolution de 2011, le partenariat entre l'Union européenne et la Tunisie a commencé à prendre sa «pleine mesure». La transition politique a ouvert des champs nouveaux au partenariat. Le volume des aides et des prêts a connu un très net accroissement. Dans une petite conférence de presse organisée en marge de la séance d'ouverture, M. Danielsson a parlé de «défis communs» et du grand intérêt à voir l'économie tunisienne devenir prospère. Evoquant le Plan de développement quinquennal, dont il a apparemment pris connaissance du contenu, il le décrit comme «riche», décrivant bien les défis à venir et «sage» dans son approche... Il a conclu son propos en appelant les Tunisiens à soutenir les réformes «très importantes mais difficiles», faisant remarquer ensuite que l'Union européenne se faisait une obligation... de soutenir ce soutien. Et, pour lui, le soutien apporté par la société civile à la transition démocratique représente un modèle de ce que pourrait être l'appui des Tunisiens aux réformes. Auparavant, M. Danielsson avait résumé à l'adresse de la réunion plénière les grandes étapes du partenariat entre la Tunisie et l'Union européenne : l'accord de coopération de 1976, 20 ans après l'indépendance, «en pleine Guerre froide» ; l'Accord d'association de 1995, qui élargissait la coopération à des domaines variés tels que l'enseignement supérieur, les régions, la justice, l'eau, etc, mais qui créait aussi une zone de libre-échange. Enfin, dernière étape, celle ouverte par la transition politique et qui, dira le responsable, va donner au partenariat tuniso-européen un caractère «naturel».