Les marchands et les vendeurs se sont rendus jusqu'au siège du gouvernorat pour faire entendre leur voix et discuter avec les responsables de leur situation. La déception était finalement au rendez-vous car on leur a signifié qu'ils devront patienter jusqu'aux prochaines élections municipales pour que des mesures concrètes soient prises. Trop, c' est trop. Plusieurs commerces et boutiques de la capitale, du côté de la rue Charles-de-Gaulle, n'ont pas ouvert, hier, protestant contre la présence illégale et encombrante des vendeurs ambulants qui se sont installés après la révolution dans les rues et ruelles pour vendre des articles contrefaits et provenant des circuits parallèles à des prix dérisoires. Idem au marché central de Tunis où les poissonniers, les bouchers, les vendeurs de volaille, les marchands de fruits et légumes ont décidé de faire grève pour exprimer leur ras-le-bol d'une situation qui n'a que trop duré à leur goût. D'ordinaire bruyants et pleins de vie, les grands pavillons du marché étaient déserts hier et les étals vides. Ceux qui, munis de leur couffin, sont venus faire leur marché, ont été surpris de trouver les commerces fermés et les rideaux baissés. Un des fromagers du marché en a profité pour repeindre la façade de son commerce. Ils bloquent chaussées et trottoirs « Depuis la révolution, le nombre des vendeurs ambulants n'a cessé d'augmenter. Chaque jour, ils exposent leurs articles à même le sol, bouchant l'accès des grandes portes du marché central. Nous avons perdu beaucoup de clients à cause d'eux. Ils s'installent sur les zones réservées au stationnement et cherchent noise aux automobilistes qui veulent stationner à proximité du marché. Lorsqu'on cherche à les déloger, ils nous agressent violemment». Les fournisseurs qui assurent l'approvisionnement des boutiques et des commerces qui se trouvent dans les ruelles attenantes au marché se retrouvent parfois aux prises avec ces vendeurs grossiers qui s'installent impunément sur les trottoirs et en plein milieu de la chaussée, empêchant les automobilistes de stationner et barrant l'accès aux boutiques. Vendeur de fruits au marché central, Meddeb reproche aux autorités locales de ne pas avoir trouvé de solutions radicales pour déloger les vendeurs ambulants qui, en faisant de la concurrence déloyale aux boutiques — ils vendent les mêmes articles que ceux exposés dans les devantures à des prix beaucoup plus bas — ont porté un véritable coup de massue aux commerces de la capitale. « Il faut leur trouver un espace et ne pas les laisser ici. Ils représentent une véritable catastrophe pour les boutiques et les commerces de la capitale », a relevé le marchand de fruits. Les clients ne viennent plus Kamel, un autre vendeur, fulmine depuis des mois contre eux. En effet, ce dernier a vu le nombre des clients, chuter depuis que ces vendeurs se sont installés dans les ruelles se trouvant à proximité du marché. « Les clients ne viennent plus car ils ne trouvent pas où stationner leur voiture. Lorsqu'on leur a demandé de déplacer leurs étals ailleurs parce qu'ils bloquent l'accès aux boutiques et aux commerces ainsi qu'aux portes du marché central, ils sont devenus agressifs et violents. Il y a des commerces qui restent toute la journée sans recevoir la visite de clients. Beaucoup n'arrivent plus à entrer dans leurs frais et à payer les dépenses liées aux charges. Certains n'ont pas payé le loyer depuis deux mois, voire plus. Ces vendeurs ambulants représentent un véritable fléau. Ils nous ont même avertis de ne pas les déranger pendant le mois de Ramadan! ». Les marchands et les vendeurs se sont rendus jusqu'au siège du gouvernorat pour faire entendre leur voix et discuter avec les responsables de leur situation. La déception était au rendez-vous car on leur a signifié qu'ils devront patienter jusqu'aux prochaines élections municipales pour que des mesures concrètes soient prises.