Les commerçants demandent que leur territoire soit « libéré » des étalages anarchiques placés auprès de leurs vitrines Hier, à 10 h du matin, les boutiques et bazars de l'avenue de France et des rues avoisinantes, au centre-ville de Tunis, étaient encore fermés. D'autres étaient à peine ouverts, mais on ne voyait personne dedans. Certains commerçants, visiblement en colère, ont affiché sur leur porte l'enseigne « grève », donnant ainsi une explication aux passants surpris par la décision. Du côté du marché central, silence absolu. Le vide y régnait. Poissonniers, vendeurs de légumes et fruits ont fermé, eux aussi, boutique. Comme si c'était lundi, jour de congé hebdomadaire du marché de gros à Bir El Kassâa, leur fournisseur principal. Les raisons d'un tel débrayage : les commerçants ont déclaré avoir ras-le-bol des étalages anarchiques envahissant les alentours. Un phénomène raz-de-marée, mais qui ne date pas d'hier, face auquel ni l'ancien régime ni les gouvernements post-révolution n'ont apporté aucune solution appropriée. Même pas une alternative de placement dans d'autres locaux, à d'autres endroits de la capitale. Et il y a bien longtemps que marchands ambulants et vendeurs à la sauvette poussent sur le pavé comme des champignons, sous le regard parfois complice des forces de l'ordre qui n'arrêtent pas de jouer au chat et à la souris. C'est là, malheureusement, un manège de tous les jours et à toute heure. Et pourtant, aucune partie officielle n'a osé prendre son courage à deux mains. Depuis quelque temps déjà, on a souvent entendu du côté du gouvernorat de Tunis des promesses pour les réunir dans un espace commun à l'avenue de Carthage. Une promesse jusque-là non tenue, en raison de lourds frais à injecter pour des travaux de réaménagement. De son côté, la municipalité concernée n'a pas montré sa volonté de rétablir la situation. En attendant la solution Répondant à l'appel de leur syndicat relevant de l'Utica, les commerçants ont quitté, hier matin, leur quartier général pour se diriger vers La Kasbah, où ils se sont donné rendez-vous pour observer un sit-in. Ils ont, d'ailleurs, manifesté leur mécontentement contre le laxisme des autorités face à l'invasion du commerce parallèle venant de la contrebande pour s'installer devant leurs propres vitrines. Alors que ces produits de contrefaçon, illégalement commercialisés, ne rapportent à l'Etat aucun sou, en termes d'impôts. Ainsi se cristallise l'évasion fiscale qui continue à affecter les deniers publics, soit plus de la moitié du PIB. Interpellant le gouvernement pour satisfaire leurs revendications, les commerçants n'ont trouvé mieux que de suspendre leurs activités. Que feront-ils en cas de non-satisfaction de leurs revendications ? Sachant que ce n'est pas première fois qu'une telle réaction survient de leur part. L'année dernière, ce fut pareil, au moins à deux reprises. A quand l'épilogue? Pourra-t-on en finir, un jour, avec cette crise persistante qui ne cesse d'altérer et de dégrader le paysage urbain de la capitale et de tant d'autres villes ?