La contrainte de l'immédiat ne manque pas d'influencer le long terme. Voire le conditionner. L'équipe de Tunisie est dans l'obligation d'évoluer. Elle ne devrait pas cependant changer pour changer, mais plutôt pour se valoriser. L'impératif est clair : accéder à un nouveau palier. Mais tout particulièrement prendre une nouvelle identité, de nouvelles alternatives, une plus grande dimension dans le jeu, et surtout dans la manière de gérer les matches. Au-delà des constats, mais aussi des interrogations, les contraintes continueront certainement à peser tant que le sélectionneur n'aura pas trouvé les solutions adéquates et les hommes qu'il faut...Choix des joueurs, options tactiques, environnement, voilà qu'apparaît, devant toute initiative, un champ d'action sur lequel les débats ne manquent justement pas. Les déboires de la sélection, ses ratages et ses manquements ne peuvent être oubliés. Ici et là, il y a beaucoup de choses à revoir. Cela concerne bien entendu la manière de jouer de l'équipe, mais aussi le comportement des joueurs, et surtout le choix de la plupart d'entre eux. A ce niveau, Kasperczak, qui annoncera aujourd'hui la liste des convoqués pour le match de Djibouti le 3 juin prochain, n'a pas vraiment fait depuis son retour en sélection les bons choix. Ou du moins, ses préférences ne semblent pas toutes justifiées. De toutes les façons, le modèle qu'il préconise accrédite l'idée selon laquelle les joueurs sont interchangeables, sans que le rendement de l'équipe ne soit pour autant réellement amélioré!... Tout cela n'a pas manqué de remettre la présence de tel ou tel joueur au centre des débats. Mais aussi de prouver que le sélectionneur peut avoir une part considérable aussi bien dans les performances de l'équipe, que dans ses échecs. Dans le parcours de la sélection, il y a tant de leçons à retenir que ce soit avec Kasperczak, ou encore ses prédécesseurs. Cela tourne particulièrement autour des ambitions et des objectifs à atteindre. Le chemin d'une équipe compétitive est encore long et les écueils sont toujours nombreux. Il faudra certainement beaucoup de volonté, et surtout une réelle prise de position pour que l'équipe puisse vraiment se remettre sur la bonne voie. Une chose est cependant sûre: l'avenir de l'équipe est toujours remis en cause tant que l'opération reconquête des cœurs n'est pas déclenchée. D'autres étapes sont aussi nécessaires pour disposer de stratégies et d'idées bien élaborées. Cela s'inscrit dans l'impératif de savoir gérer et profiter des dispositions et des aptitudes du groupe. Ici et là, il faut l'aptitude, c'est-à-dire la qualité et le talent, mais aussi l'attitude. En sélection, on ne voit que très rarement tout cela. Certains joueurs n'ont rien prouvé jusque-là. Et dire qu'ils ont eu leur chance jusqu'au bout. Et après, on s'étonne qu'il y a un fossé entre ce qui est souhaité et ce qui est possible. On s'étonne aussi du fait que les résultats ne suivent pas. Une logique de fonctionnement? L'avènement d'un sélectionneur est toujours une étape captivante dans la vie collective non seulement de la sélection, mais aussi de tout le football tunisien. Il y en a qui ont montré la voie. D'autres ont laissé leurs empreintes. Mais on ne peut oublier le gâchis et la dispersion de beaucoup d'autres. La sélection a souvent tourné une page et ouvert une autre. Mais rarement l'impulsion d'une nouvelle dynamique n'a été manifeste, et encore moins faite d'idées et de développement d'un projet. On n'a pas souvent vu un sélectionneur qui pouvait représenter à lui seul un état de grâce pour l'équipe. Ce qui a été entrepris, la plupart du temps en fonction des résultats, n'a que très rarement entraîner une vague porteuse et bénéfique. Plus que des histoires de résultats ou de matches, le parcours de la sélection tunisienne offre encore, et presque toujours, les contours d'une évolution plus ou moins compromise. Il y a tout un sujet de réflexion à faire. Il est arrivé à l'équipe de changer, mais elle ne donnait point l'impression de le faire encore davantage et avec les moyens et les arguments les plus adéquats. On attend encore le rendement idéal, mais, et l'on n'hésite pas à penser que dans sa version actuelle, l'équipe n'est pas encore formatée pour la gagne, pour la suprématie. Même s'il lui arrive des fois de découvrir sa nature profonde et d'agir en conséquence. En dépit des insuffisances, et des relâchements aussi, il y a, et il y aura certainement toujours, chez l'équipe de Tunisie, une logique de fonctionnement qui devrait correspondre aussi bien aux exigences du moment, mais surtout à ce qui est de nature à prévoir l'avenir. La contrainte de l'immédiat ne manque certainement pas d'influencer le long terme. Voire conditionner. Au-delà des constats et des jugements, le temps est encore permis pour la recomposition des priorités, pour la définition des rôles. En somme tout ce qui est de nature à permettre à la sélection de s'attacher davantage au terrain.