Ouverture de la 3e édition de la semaine du cinéma arabe indépendant «Afac» avec la projection de l'avant-première tunisienne du film 3.000 nuits de la réalisatrice palestinienne May Masri, mercredi dernier, au CinéMadart à Carthage. Après deux éditions réussies à Beyrouth et au Caire, Afac organise sa troisième semaine du cinéma arabe indépendant du 25 mai au 1er juin 2016 en Tunisie. Toujours fidèle à sa devise et à sa vision initiales, ce mini-festival des films arabes tente de renforcer les moyens de communication et d'échange entre les différentes villes arabes, en explorant les spécificités du cinéma régional des pays arabes, et d'atteindre un public qui n'a pas toujours accès à ce genre de films, d'après la réalisatrice May Masri, qui était présente lors de la projection de son film 3.000 nuits qui a donné le coup d'envoi de l'événement. «A travers ce film, on a voulu présenter à l'écran une des histoires véridiques qu'un grand nombre de Palestiniens sont en train de vivre tous les jours dans les prisons israéliennes. Le film a été tourné dans une vraie prison abandonnée en Cisjordanie avec comme actrices des femmes (militantes ou simples administratives, jeunes et moins jeunes) qui ont subi de près ou de loin le calvaire de l'emprisonnement. Et cela pour donner le maximum de crédibilité et de réalisme au film», explique May Masri. Déjà primé dans de nombreux festivals en Europe et aux Etats-Unis, 3.000 nuits décrit le parcours tumultueux d'une Palestinienne incarcérée dans une prison israélienne. C'est à travers cette expérience douloureuse qu'on se réjouit et qu'on s'étonne de la force et de la détermination que pourrait atteindre un peuple qui croit en sa cause, c'est un peu comme une doctrine initiée par le peuple palestinien dans ce contexte. «Tout obstacle renforce la détermination. Celui qui s'est fixé un but n'en change pas», disait Léonard de Vinci. Même derrière les barreaux, les détenus continuent à lutter pour leur cause en gardant l'espoir. Un espoir symbolisé par la naissance du bébé. Inspiré d'une histoire vraie, dont les événements ont eu lieu à la veille des massacres de Sabra et Chatila et où la révolte gronde dans une prison israélienne, Layal, une jeune institutrice palestinienne récemment mariée, est condamnée à 8 ans de prison pour un attentat dans lequel elle n'est pas impliquée. Elle est transférée vers une prison israélienne de haute sécurité pour femmes, où elle découvre un monde terrifiant dans lequel les prisonnières politiques palestiniennes sont incarcérées aux côtés de criminelles de droit commun israéliennes. A ce moment-là, Layal découvre qu'elle est enceinte. Envers et contre tous, elle décide de garder l'enfant. Après la naissance de son fils, Layal réussit à trouver une lueur d'espoir. C'est ainsi qu'elle commence à mener un autre combat, à savoir élever son fils derrière les barreaux. A travers sa lutte pour protéger son enfant, elle trouve la force de survivre et de résister. Tout en essayant de ne pas céder aux menaces de la directrice de la prison de lui enlever son fils si elle se joint à la rébellion des autres détenues. Un film bouleversant, une interprétation convaincante (mention spéciale à Maisa Abdelhadi dans le rôle principal) à travers lesquels la réalisatrice offre aux spectateurs un regard cinématographique permettant aux publics du monde de dépasser les préjugés et stéréotypes, ouvrant ainsi des perspectives d'appréhension des réalités vécues par le peuple palestinien, et, plus largement, de la situation au Proche-Orient.