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Regard d'expert | «Les solutions existent, même si certaines peuvent être coûteuses»
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 04 - 2023

Par Ali Gaaya- Consultant international en Exploration/Production Pétrolière
L'eau ou « or bleu », source de vie et de développement, est de plus en plus rare et indisponible pour une grande frange de la population mondiale. L'eau est aussi inégalement répartie dans le monde. On estime actuellement que 1.1 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau salubre propre, 1/3 de la population mondiale est privée d'eau potable consommable, 80 pays dont la Tunisie, qui représentent 40% de la population mondiale, souffrent d'une pénurie d'eau, et quelques pays, dont le Koweït, Bahrein, les Emirats et Singapour, n'ont pratiquement pas d'eau potable sur leur territoire! Ce qui est terrible et inacceptable, c'est qu'environ 15.000 personnes, dont 6.000 enfants, meurent chaque jour dans le monde, par manque d'eau potable ou d'eau polluée.
En fait, notre «planète bleue» est couverte par d'énormes volumes d'eau, qui représentent 70% de sa superficie. Néanmoins, environ 97% de cette eau est de l'eau salée, et seulement 3% environ constitue de l'eau douce, dont 2% représentent la glace polaire, il ne reste qu'environ 1% d'eau douce de surface ou souterraine, heureusement que cette eau est en majorité renouvelable! La rareté de cette eau, sa distribution inégale, ainsi que les changements climatiques, déjà bien perceptibles, risquent d'exacerber les tensions entre les pays, et compliquer la situation, surtout pour les pays en voie de développement. La crise entre l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan pour le partage des eaux du Nil est déjà palpable...
Une bonne gouvernance de la politique de gestion adéquate de cette ressource, à l'échelle mondiale, ainsi que l'utilisation de nouvelles technologies pour mettre davantage de ressources à la disposition des populations défavorisées seraient donc nécessaires (dessalement de l'eau de mer, traitement approprié des eaux usées, agriculture peu gourmande en eau, techniques d'irrigation, lutte contre la pollution des eaux, forage des nappes profondes, etc).
Consciente de cette crise planétaire de l'eau, l'ONU appelle tous les pays, et en particulier les « pays riches », à s'organiser en un « Comité » à l'instar des « COPs ou Conference Of the Parties » pour le climat, afin d'atténuer cette crise et permettre à tous les habitants de cette planète de bénéficier d'une eau potable en quantité et qualité suffisantes.
Situation de la Tunisie
Située entre la Méditerranée au nord et le désert du Sahara au sud, les 3⁄4 du pays sont considérés comme une région aride, la pluviométrie moyenne se situe entre 700 et 800 mm/an au nord, et moins de 100 mm/an à l'extrême sud. Les ressources d'eau en 2015 étaient d'environ 5.1 milliards de m3, dont 2.6 mds provenaient des nappes souterraines. Elles ne sont plus que de 3.6 mds de m3 en 2020, et bien moins encore actuellement, surtout des eaux de surface, ce qui représente moins de 350 m3/an /habitant. Rappelons que le seuil du stress hydrique est de 1.000 m3/an/habitant, on en est bien loin.
Ce qui est inquiétant, c'est que les analyses environnementales de pollution (Anpe), et bactériologiques des eaux (Sonede), restent élevées et correspondent à 5% et 10% des échantillons analysés respectivement. L'élément réconfortant c'est que 100% de la population urbaine, et 98% de la population rurale, disposent de l'eau courante, ce qui est assez rare parmi les pays en voie de développement.
Les eaux usées traités (EUT) par l'Onas, et utilisées, ne contribuent aux ressources en eau qu'à hauteur de 21 millions de m3, pour un total d'eau collecté d'environ 289 mm3 (en 2000), et leurs qualités sont loin de répondre aux normes internationales, d'autant que les populations urbaines et rurales ne disposent qu'à hauteur de 65% environ de raccordement aux infrastructures d'assainissement. Beaucoup d'efforts seraient donc nécessaires pour moderniser les équipements de cette société, afin qu'elle soit en mesure d'équiper davantage de foyers, de traiter davantage de volumes et de respecter les normes internationales environnementales et de santé.
Les eaux de surface en nette diminution, à optimiser
Les eaux de surface représentent une proportion de plus en plus faible dans les ressources disponibles pour le pays. Ceci est principalement dû, non seulement aux changements climatiques et à la sècheresse qui sévit dans le pays depuis plusieurs années consécutives, mais aussi à la perte de capacité d'emmagasinement des barrages actuellement remplis à environ 30% de leurs capacités (aucun nouveau barrage important n'a été réalisé depuis une décennie !), à la gestion non optimisée de l'agriculture qui absorbe 70% à 80% des ressources en eau, aux fuites de l'eau de robinet, du fait du vieillissement des canalisations et infrastructures de la Sonede, dont les fuites représentent jusqu'à 40% du volume total, et enfin au gaspillage par la population, non suffisamment sensibilisée à cette crise de l'eau...
Solutionner rapidement ces insuffisances, récupérer davantage d'eau pluviale par la population permettront d'atténuer notablement cette situation de crise, qui risque de s'aggraver avec le temps.
Les eaux des nappes peu profondes surexploitées, à préserver
Ces nappes peu profondes contribuent largement aux ressources du pays en eau potable. On dénombre en 2020 pas moins de 32.000 points d'eau de prélèvement, contribuant avec 1.800 millions de m3 aux ressources totales.
On peut citer deux principales nappes situées, l'une au SE dans la région de Gabès (la Jeffara), et l'autre au SO, située dans la région de Gafsa et des Chotts, correspondant à l'énorme nappe du «Complexe terminal», et qui couvre de larges zones s'étendant de l'Algérie où elle prend ses sources, jusqu'en Libye, en passant par le sud tunisien. Malheureusement, ces nappes sont surexploitées, et un grand nombre avoisinant les 19.000 points d'eau sont illicites et non autorisés.
De larges zones de ces nappes risquent ainsi de devenir salées et impropres à la consommation, en particulier celles proches de la mer ou des Chotts. Une meilleure gestion de ces ressources, et un contrôle plus strict par les responsables concernés sont donc nécessaires. Les eaux utilisées pour le traitement des phosphates par exemple devraient à l'avenir être récupérées, traitées convenablement, en vue de leur réutilisation.
Les eaux de la nappe profonde du Continental Intercalaire encore peu exploitées
Certes, le Sahara septentrional constitue un désert des plus arides dans le monde, où la pluviométrie ne dépasse guère les 100 mm/an sur de larges zones. Elle renferme toutefois une énorme nappe phréatique qui couvre plus d'un million de km2, et dont le volume est estimé entre 45.000 et 50.000 milliards de m3 !
Cette importante nappe dénommée « Système Aquifère du Sahara Septentrional ou Sass » couvre partiellement le sud tunisien, et représente une énorme réserve d'eau, malheureusement peu renouvelable. Même si on ne dispose que de 10% seulement de la superficie totale, le volume de ces réserves avoisinerait les 4.500 à 5.000 milliards de m3, et constituerait 1.000 ans de notre consommation de 2015, estimée à 5 mds de m3 ! On doit donc continuer à optimiser sa gestion, conjointement avec nos voisins algériens et libyens dans le cadre de « l'Observatoire de l'Eau », mis en place dans les années 90, mais beaucoup moins actif ces dernières années.
Le Sass est constitué en fait de 2 nappes, une relativement peu profonde, voire superficielle, appelée « Complexe Terminal ou CT », dont on a traité au chapitre précédent, et une autre nappe beaucoup plus épaisse et plus profonde, dénommée « le Continental Intercalaire ou CI », formée de sable plus ou moins consolidé, ayant généralement plus de 300m d'épaisseur et d'âge compris entre 130 et 100 millions d'années (Barrémien à Albien). Sa profondeur en Tunisie peut varier de 300m environ à plus de 1.000m.
Ces 2 nappes sont largement exploitées par les pétroliers, et beaucoup moins pour de l'agriculture ou les besoins domestiques en ce qui concerne la nappe du CI. Ceci est reflété dans la carte des salinités, qui atteint 6g/l ou plus dans les zones surexploitées, et 1 à 3 g/l dans les zones moins exploitées du CI.
Le gouvernement, et en collaboration entre le ministère de l'Industrie et de l'énergie (probablement à travers l'Etap), et le ministère de l'Agriculture, peut valoriser cette région du sud, en menant une campagne de forages profonds, en créant plusieurs agglomérations d'oasis, à l'instar de «Rjim Maatoug» réalisé par nos vaillants militaires dans la région de Kébili, améliorant ainsi notre indépendance alimentaire, créant par là même plusieurs emplois des jeunes et moins jeunes de nos concitoyens, et luttant contre l'avancée du désert. Ce projet, initié en 2002, et dont le budget était estimé à 18 M€ a permis de créer un cordon de palmiers dattiers et de cultures maraîchères d'environ 25 km et a permis d'en faire bénéficier pas moins de 1.300 familles. Le budget alloué à la région de Tataouine, suite à la campagne contestée de Kamour, peut contribuer à un tel projet. D'autre part, et dans le cadre de la «Responsabilité sociétale », les sociétés pétrolières présentes dans la région, Eni, Sitep, Etap, Perenco, Mazarine, etc, peuvent réaliser un aqueduc jouxtant les oléoducs et gazoducs acheminant les hydrocarbures vers Tataouine ou la région de Kébili. Il est à noter que la Compagnie Tunisienne de forage « CTF», actuellement peu active par baisse notable d'activités de forages pétroliers, peut réserver son parc d'appareils de forage pour mener cette campagne de forages d'eau, qui s'ajouteront aux puits déjà forés par les pétroliers pour les besoins de leurs activités.
Ressources en eaux potentielles, provenant des activités pétrolières
Il est bien connu que les pétroliers forent pour découvrir du pétrole ou du gaz, et ne trouvent souvent que des nappes d'eau, en général salée, mais parfois peu salée, renouvelable et en grands volumes.
Ceci est le cas en Tunisie centrale, dans la région de Kasserine à Makthar où les puits ont rencontré une nappe au sein la formation carbonatée du « Serdj », dont la salinité varie entre 1 et 12 g/l. Le champ pétrolier de « Douleb » produit une eau saumâtre, dont la salinité se situe entre 6 et 12 g/l. D'autre part, de par le monde, les vieux champs pétroliers, dits mâtures, produisent en moyenne 3 barils d'eau pour un baril de pétrole, et certains produisent 10 à 14 barils d'eau par baril de pétrole. Sachant que la production mondiale de pétrole est d'environ 100 millions de barils par jour (Mb/j), la production mondiale d'eau par les pétroliers serait proche de 300 Mb/j ! Le champ de Douleb par exemple produit de chaque puits environ 95% d'eau et 5% de pétrole. Ces énormes volumes d'eau pourraient donc être retraités convenablement, soit pour être réutilisés par les pétroliers, en remplacement de l'eau douce, soit mis à la disposition des populations locales pour leurs propres besoins (agriculture, cheptel, etc). Les technologies de traitement des eaux se sont bien développées maintenant, et deviennent modulaires et mobiles pour une utilisation sur site.
Les eaux marines peu exploitées, réalisations limitées et trop lentes
Comme dit plus haut, l'eau marine couvre environ 70% de la surface de notre planète, les pays côtiers pourront donc profiter de cette manne et des développements technologiques en matière de dessalement de l'eau de mer, pour augmenter leurs ressources en eau potable et les mettre à la disposition de leurs citoyens. Les pays du Moyen Orient, du fait de la rareté des nappes phréatiques sur leur territoire, sont devenus « le fer de lance » du dessalement de l'eau de mer. A titre d'exemple, au moins 70% de l'eau en Arabie Saoudite provient de la mer, il en est de même pour le Koweït avec 90% de l'eau potable.
En Tunisie, on en est encore bien loin, et l'eau de dessalement de l'eau de mer est encore relativement faible. Il existe quand même une centaine de stations de dessalement en Tunisie, dont la plupart sont de petite taille. La Sonede, qui a le monopole de l'eau courante, gère une quinzaine de stations, qui représentaient, en 2020, environ 60% de la capacité de dessalement du pays. Les plus importantes sont celles de Djerba (50.000 m3/j), et de Gabès (30.000 m3/j, eau saumâtre), on peut y ajouter la station du Groupe chimique à la Skhira, dont la capacité est de 12.000 m3/j.
D'autres projets d'usines de dessalement, de plus grande envergure, ont été initiés, mais ils prennent beaucoup plus de délais par rapport à la date de leur mise en service prévue. La station de Sidi Abdelhamid (Sousse), d'une capacité de 50.000 m3/j, et dont les travaux avaient démarré en 2018, devrait entrer en service en 2023, mais elle n'était qu'à 60% de réalisation en septembre 2022. La station de dessalement de Zarat (Gabès), d'une capacité de 50.000 m3/j, dont la mise en service était prévue pour 2021, n'est qu'à 80% de réalisation en 2023 !
Il faut noter que le coût au m3 d'eau provenant du dessalement de l'eau de mer sera plus élevé que celui provenant des barrages ou des nappes phréatiques, mais il pourra être diminué avec le développement, et l'amélioration des techniques de dessalement, ainsi que la maîtrise de la consommation de l'énergie, en remplaçant les hydrocarbures fossiles actuellement utilisés par l'énergie solaire photovoltaïque.
Notons enfin que cette activité a des risques d'impact sur l'environnement, dont on ne parle pas beaucoup, mais qui devraient être bien diagnostiqués et maîtrisés, pour chaque projet.
Les eaux usées, peu utilisées et « maltraitées »
Moins coûteuse que la production d'eau dessalée ou l'acheminement d'eau potable, la réutilisation d'eau usée constitue aussi une voie sûre et efficace pour valoriser une ressource abondante, pour des applications multiples allant de la consommation domestique à l'irrigation agricole ou paysagère.
En Tunisie, l'Office national d'assainissement ou « Onas » est en charge de la gestion de l'assainissement, et du traitement des eaux usées dans le pays. Malheureusement, cet organisme n'a pas suffisamment développé ni ses infrastructures, ni amélioré ses techniques de traitement et n'est plus en mesure de faire face aux exigences du moment en matière de protection de l'environnement, ni de mettre à disposition du pays suffisamment d'eau de qualité acceptable pour l'agriculture ou l'industrie. En effet, le raccordement au réseau public d'assainissement ne dépasse guère les 63% en 2020. Si les volumes produits avoisinent les 325 millions de m3 (mm3) en 2020, ceux recueillis et traités (EUT) sont de 287 mm3, et ceux réutilisés ne sont plus que de 21 3 seulement. Le contrôle sanitaire de ces eaux traitées n'est conforme ni aux normes internationales qu'à hauteur de 73% seulement, ce qui est nettement insuffisant.
Rappelons que, Singapour, le petit territoire aux ressources en eau limitées, a longtemps été dépendant de l'approvisionnement venant de la Malaisie voisine. Pour devenir plus autosuffisant, le gouvernement singapourien a développé un système perfectionné pour retraiter les eaux usées avec un réseau de canalisations et des usines high-tech. Les eaux retraitées fournissent déjà 40% des besoins de Singapour aujourd'hui, et la proportion devrait atteindre 55% de la consommation d'ici 2060, selon l'agence nationale de l'eau. Si l'essentiel de cette eau va à l'industrie, une partie est aussi utilisée pour l'eau potable et buvable après un traitement complémentaire. Le reste des besoins en eau de cet Etat provient, soit du dessalement de l'eau de mer, soit partiellement importé. Un élément clé de cette stratégie est de «récupérer chaque goutte», et de «recycler à l'infini»! Un modèle dans son genre, que bien des pays essaient de suivre...
La Tunisie est clairement en stress hydrique critique, qui risque de se transformer en crise, vu le changement climatique, déjà perceptible à l'échelle planétaire, et l'augmentation de la population. Ceci risque de freiner dramatiquement le développement de notre pays, et d'affecter sérieusement la qualité de vie de nos concitoyens. Nos décideurs se doivent donc d'accorder la plus haute attention et décréter « l'état d'urgence de l'eau ». Comme on l'a vu dans les divers volets relatifs à l'eau sous ses diverses facettes, eaux de surface, eaux souterraines, eaux de mer ou même eaux usées, les solutions existent, même si certaines peuvent être « coûteuses ». Nos concitoyens ont aussi un rôle important à jouer d'économie de cette eau précieuse, et de préservation d'un environnement sain. Pouvons-nous, nous aussi, retenir le slogan « récupérer chaque goutte, et recycler à l'infini ». Bien sûr, et ce n'est pas la mer à boire.


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