La dialectique a changé. La sempiternelle ritournelle que l'on connaît, cette dichotomie des favoris et des outsiders, a forcément été inversée. On en redemande. Atypique et inédit à plus d'un titre, le championnat de la Ligue 2 n'a livré ses secrets que lors des ultimes minutes de la dernière journée, et ce, en dépit du tour d'honneur réalisé par l'ASG bien avant. Singulière, cette joute a tenu en haleine les puristes et les supporters de tout bord. L'enthousiasme a changé de camp au fil des journées, en même temps que le «maillot jaune». Jendouba Sport, lanterne rouge, a débuté le play-off par une victoire, prenant la pôle position avant de s'effondrer. Intouchable lors du «warm-up» (la phase 1), l'USM a, par la suite, mangé son pain noir, s'avérant incapable de tenir son rang et d'accrocher une place d'accessit vers l'élite. Les Bleus ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes. Les gars du Ribat devront retenir certaines leçons car ils ont vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il s'agit maintenant de décortiquer le blocage sous toutes ses coutures, analyser la situation en ne négligeant aucun aspect afin de retrouver à terme son rang et son statut. Aux dernières nouvelles, Hafedh Hmaied, l'ex-président du champion étoilé, est candidat pour prendre en main l'Union Sportive Monastirienne. C'est déjà un pas d'accompli quoique les Bleus ont aussi un besoin évident de renforts. Certes, l'équipe compte en son sein les Manâa Ben Hassine, Hassan Messâadi, Bediri et autre Zied Machmoum. Mais ne nous voilons pas la face, c'est grâce à la profondeur de leur banc et à l'existence d'alternatives viables que les adversaires de l'USM ont atteint leur but. Les concurrents des Bleus, parlons-en. Tout d'abord un satisfecit général à l'UST, un club prodigieux eu égard à ce qui a été achevé et accompli récemment. Qu'il semble loin le temps où Tataouine végétait dans les divisions inférieures. Ce club a vraiment du mérite. Le mérite de renouveler ses ambitions au fil des journées. Le mérite de jouer de façon décomplexée et audacieuse face aux postulants traditionnels. Et dire que l'UST a été pénalisée de trois points perdus sur tapis vert face à justement le leader et champion gabésien. N'eût été l'inconscience d'un public qui n'a pas respecté le huis clos décrété lors du choc face la Zliza, l'UST aurait assuré son accession assez tôt. «Standing-ovation» et chapeau bas pour les Farhat Ksikssi, Ben Aziza, Abderraouf Harzalli, Oussama Ben Tarcha, Sofiène Hicheri et bienvenue en Ligue 1. Respect de la charte Passée sous silence mais à relever tout de même, la dernière journée du play-off a été marquée par un certain fair-play doublé d'un respect de la charte du football. A une encablure de l'élite, le FC Hammamet, révélation de la Ligue 2, n'a abdiqué qu'aux dernières secondes du championnat, après avoir été accroché par une Zliza qui a franchement joué le jeu alors qu'elle était déjà en vacances. Cruel destin que celui qui s'est abattu sur les Cap-bonnais. Les Helmi Bellagha et autre Mourad Nemri y ont pourtant cru, quoique en football, la fin justifie les moyens. Et dire que le FCH a même raté un penalty durant ce choc. Si près du but, et tout d'un coup, le retour fatal à la réalité. Lamjed Ameur et Saber Trabelsi, bourreau du FCH, ont ainsi «brisé» à la régulière le rêve d'un outsider que l'on n'attendait pas à ce niveau et à ce palier. Pour l'ASG, les Abdelhalim Darragi, Wael Ben Romdhane et consorts doivent maintenant s'atteler à bien figurer en Ligue 1. L'élite, c'est autre chose. Notons d'ailleurs que Skander Kasri, Mondher Kebaier et Kais Yaâkoubi ont été sondés afin de prendre en main la Zliza prochainement. Attendons voir quoique chacun parmi les candidats a posé des conditions liées au renforcement de l'effectif. «Missaoui-dépendance» Les déboires du FCH lors de l'ultime ronde ont ainsi fait le bonheur de l'UST et surtout de l'OB que l'on croyait intouchables dès les trois coups du play-off. Le second grandissime favori de l'épreuve avec l'USM a failli passer à la trappe suite à un début de parcours chaotique et inconstant. En clair, les Cigognes ont joué avec le feu tout au long du tournoi. Ils ont certes composté leur ticket pour la Ligue 1. Mais ils se sont fait des sueurs froides en cours de parcours. Un incroyable retournement de situation a repêché l'OB, condamné le FCH et permis à l'UST d'assurer une accession historique, première du genre pour le club sudiste. Pour l'Olympique de Béjà, un trident de buteur a permis d'accrocher une place en Ligue 1. Tout au long de leur parcours, les Béjaois se sont adossés à un très bon Najah Hamadi, un virevoltant Oussama Amdouni, et surtout, à un excellent Nabil Missaoui. Le globbe-trotter du football tunisien passé par le CA, la JSK, l'ASG, EGSG, l'ASM, l'USM et les Egyptiens d'Al Masry Club (excusez du peu) a été l'artisan de la montée de l'OB. A 36 ans, le meilleur réalisateur du championnat a inscrit 18 buts dont 6 en phase du play-off. Qui dit mieux? Tombé de son piédestal Aucun parieur qui se respecte n'aurait misé sur un effondrement de Jendouba Sport après avoir entamé les play-offs en conquérant, sur les chapeaux de roues. Sachez pour vos archives que le compteur des Nordistes a été bloqué à six points dès la fin de la troisième ronde du play-off. En dépit de son festival offensif, sorte de démonstration de force face à justement l'UST, battu 4-1, Jendouba Sport n'a plus avancé depuis. Absence d'humilité pour un groupe tombé dans la suffisance et la facilité. Les Slim Zakkar, Ahmed Dhib et autre Seifallah Mahjoubi doivent forcément s'en mordre les doigts. L'accession, ce ne sera pas pour cette fois. Ça commence cependant à faire long, les deux dernières montées datant de 2005 et 2007. Torride que ce championnat de Ligue 2 avec des rebondissements à profusion, une hiérarchie inédite et un final passionnant où l'on est sorti des sentiers battus. La dialectique a changé. La sempiternelle ritournelle que l'on connaît, ce clivage, cette dichotomie des favoris et des outsiders a été bel et bien inversée. On en redemande.