«Les femmes n'ont pas besoin d'un traitement de faveur, mais plutôt d'une égalité de traitement en matière d'accès au financement dans leurs pays respectifs». L'égalité des chances est désormais l'un des axes fondamentaux sur lequel repose le nouvel agenda de développement économique de l'Afrique, tel que présenté lors des assemblées annuelles de la BAD. Ainsi, on peut affirmer que le lancement par la banque du programme « Discrimination positive en matière de financement pour les femmes d'Afrique » (Afawa-Affirmative Action for women in Africa), et présenté lors des assemblées annuelles de la BAD, est une première réponse à cette orientation. Géraldine Fraser- Moleketi, responsable à la BAD, note lors de la présentation que ce programme dédié aux femmes témoigne « de l'engagement de la banque à faire avancer l'agenda de l'égalité entre les sexes, en s'attaquant notamment aux défis auxquels le femmes sont confrontées dans l'accès au financement ». L'objectif de l'institution et également de ses partenaires est de mettre sur pied un fonds de 3 milliards de dollars en faveur des femmes africaines. Ce qui permettrait au nouveau programme d'aider à combler l'important déficit de financement actuel estimé à plus de 30 milliards de dollars. La responsable de la BAD rappelle d'ailleurs que la situation est très inquiétante en matière de financement des femmes africaines. En effet, soutient-elle, « selon les dernières statistiques, seules 16 à 20% des femmes subsahariennes peuvent accéder à un financement à long terme auprès des institutions financières classiques. Si les entreprises appartenant à des femmes ne représentent que 25% des entreprises en Afrique subsaharienne, le capital médian mis à la disposition des entrepreneurs masculins est deux fois plus élevé que pour les femmes ». Elle rappelle d'ailleurs que cette défaillance n'est pas récente. Déjà, affirme-t-elle, une étude en 2011, menée par une société financière internationale, a démontré que 3 à 4 millions d'entreprises formelles appartenant à des femmes ont souffert d'un déficit de financement, estimé au total entre 21 et 26 milliards de dollars. Revoir le cadre réglementaire et juridique Pour elle, il est nécessaire aujourd'hui de trouver la formule adéquate pour mieux gérer ce déficit. Elle précise, en fait, que « les femmes n'ont pas besoin d'un traitement de faveur, mais plutôt d'une égalité de traitement en matière d'accès au financement dans leurs pays respectifs ». Il faut reconnaître justement comme le souligne une responsable nigériane que « le taux d'activité des femmes en Afrique est l'un des plus élevés au monde : 63%, à comparer au taux de 50,3% à l'échelle mondiale, ce qui atteste de la forte participation de la femme aux économies africaines ». La même responsable affirme que « si nous avons en Afrique des femmes très actives, mais qu'elles n'ont accès à rien qui puisse les rendre encore plus productives dans les économies, alors nous passons à côté de quelque chose ». Ce qui est réellement désolant, « c'est que la vraie valeur ajoutée des femmes dans les économies africaines est sous-évaluée, ce qui nourrit le sentiment néfaste qu'elles ne jouent pas un rôle majeur ». L'on estime que l'Afrique souffre toujours, comme l'a soulevé la ministre égyptienne de la Coopération internationale, « de cette perception erronée, et selon laquelle les femmes seraient des clientes à haut risque en matière de prêt, alors même que les données montrent le contraire ». Justement, le nombre de créances douteuses chez les femmes s'avère inférieur à celui des hommes. En somme, on pense que pour garantir une meilleure performance économique en Afrique, il faut absolument garantir un meilleur traitement au niveau de la politique de financement, à la faveur d'une réforme profonde du cadre réglementaire et juridique. Cela est d'autant plus logique que toutes les études affirment que « 97% des femmes remboursent leur prêt et les 3% qui ne le font pas sont arrêtées sur le chemin de la banque par leur mari ».