Par Abdelhamid GMATI Aujourd'hui sera commémoré le premier anniversaire de l'attentat terroriste contre un hôtel à Sousse, qui avait fait 38 morts et 39 blessés. Auparavant la Tunisie a été la cible de plusieurs actions terroristes, en particulier les attentats contre le musée du Bardo, le 18 mars 2015, qui avait fait 24 morts et 45 blessés, contre un bus de la garde présidentielle à Tunis, le 24 novembre 2015, laissant 12 morts et 17 blessés et l'attaque sans précèdent à Ben Guerdane, plus tôt cette année (7 mars), qui a coûté la vie à 54 personnes dont 36 terroristes, 11 membres des forces de l'ordre et 7 civils. C'est dire que la cérémonie de tantôt au cours de laquelle une minute de silence sera observée dans tous les édifices gouvernementaux et les ambassades britanniques vient à point pour rappeler l'activisme criminel des terroristes dans notre pays. Il est surtout important de mettre en garde les Tunisiens qui, depuis le succès des forces de sécurité à Ben Guerdane, semblent se relâcher et baisser la garde. C'est que le terrorisme n'a pas été terrassé et constitue, plus que jamais, une menace très sérieuse. Il y a trois jours, l'unité nationale d'investigation dans les crimes de terrorisme de l'Aouina a arrêté deux éléments terroristes actifs dans la région de Ben Guerdane, spécialisés dans la logistique et la surveillance des cibles potentielles. Ces deux jihadistes ramassaient, ces dernières semaines, les armes et munitions qui ont échappé aux opérations de fouille et de ratissage des forces de l'ordre, ce, dans le but de les utiliser dans des attentats visant des sécuritaires et des militaires. Pour ce faire, ces individus ont épié les mouvements des patrouilles et des membres des forces de l'ordre et des soldats. Plusieurs autres interventions ont été menées, sans discontinué, ces derniers temps, appréhendant un grand nombre de terroristes et démantelant plusieurs cellules dormantes. Rappelons aussi que des mandats de dépôt ont été émis contre des éléments de la «cellule de Mahdia», récemment démantelée et contre 27 personnes arrêtées lors de l'intervention sécuritaire à El-Mnihla. Plusieurs experts, analystes et hommes de renseignement mettent en garde contre la vivacité de Daech qui représente toujours une menace sérieuse. Ainsi, selon le Washington Times, qui cite le rapport du Service de recherche du Congrès US, Daech a formé six groupes armés actifs en dehors de la Syrie et de l'Irak. Ces six groupes menacent les pays africains et proche-orientaux, ainsi que l'Afghanistan. «Au lieu de s'affaiblir, Daech pousse des métastases à travers le monde, recrutant des adeptes en Libye, en Egypte, au Nigeria, en Arabie Saoudite, au Yémen et en Afghanistan», indique le rapport. Selon le journal allemand Bild, citant une source des services secrets allemands, «les plages méditerranéennes seraient la prochaine cible de l'organisation terroriste Daech». Le journal révèle que des terroristes auraient l'intention de se déguiser en vendeurs de glace pour pouvoir circuler parmi les vacanciers sans éveiller leurs soupçons. Et qu'ensuite ils attaqueraient les touristes au fusil d'assaut ou avec des ceintures explosives, en choisissant volontairement des plages très fréquentées pour faire un maximum de victimes (comme l'attentat perpétré sur la plage de Sousse). Et le «National Interest», revue éditée à Washington, et spécialisée dans les affaires de politique étrangère et de renseignement, estime que «la Tunisie est en train d'émerger comme la prochaine cible d'une attaque majeure de l'organisation terroriste Daech. Il est devenu presqu'usuel que la Tunisie fasse les gosses manchettes de la presse internationale à chaque attaque de grande envergure la visant, pour retomber ensuite dans l'oubli pour quelques mois, faussement calmes entre deux attaques». Des propos qui semblent alarmistes mais qui sont pris au sérieux par les autorités tunisiennes. Ainsi, le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, déclarait lundi dernier que «le travail des forces de sécurité se poursuit normalement avec une vigilance accrue, requise par le contexte général du pays et la particularité de l'ennemi. Cet ennemi est invisible et la situation nécessite davantage de prudence et fait appel à un grand travail des renseignements pour être dans la prévention et faire face à toutes les menaces». Il faut se rendre à l'évidence : la menace terroriste est réelle. Si les forces de sécurité sont en vigilance accrue, qu'en est-il de la classe politique et des citoyens ?