Un grand capitaine de l'industrie vient de nous quitter. Encore un dont le nom sonne comme un label. Un label que l'on peut accoler au fronton des « Trentes glorieuses » tunisiennes. Et, à chaque fois, la même et irrésistible question. Pourquoi le pays n'est plus aujourd'hui et depuis longtemps d'ailleurs aussi fertile en pionniers, en bâtisseurs qu'il ne l'avait été au cours des années 60-80 du siècle dernier ? La réponse est pourtant évidente mais face au désert et à la quasi-stérilité que nous vivons depuis des décennies, notre grande perplexité devient lancinante. Serions-nous à ce point dans l'incapacité de s'inscrire et de s'engager aujourd'hui dans le sillage de cette époque, celle de l'engagement enthousiaste à tous les niveaux au service de la Tunisie ? L'époque du volontarisme d'une élite qui, suivant l'exemple des pères de l'indépendance, cultivait des valeurs essentielles, le don de soi, l'amour de son pays, l'amour du travail, le désintéressement ? L'époque de l'essor culturel, de la créativité artistique, de la performance de l'école et à l'école, des grands noms de la médecine et du génie civil et aussi du tourisme et de l'industrie textile notamment. Abdelhamid Ben Abdellatif Khechine vient de nous quitter. Un nom, un label de l'étoffe de cette élite tunisienne qui a porté à incandescence tel un fil lumineux la valeur travail, l'engagement et la créativité, ce qui qui lui a valu le qualificatif de « bâtisseur-développeur ». Avec les Miled, Fourati et M'henni, il a, à proprement parler, fait le tourisme tunisien qui, dès le début, a été pensé et conçu comme un secteur rayonnant et exerçant un effet d'entraînement sur tous les autres. Une culture et une vision qui méritent toute notre reconnaissance.