Les structures du ministère des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance ne semblent pas être concernées par les enfants qui souffrent de trisomie 21. Ils restent livrés au bon vouloir d'une âme charitable. Quel gâchis !... Livrés à eux-mêmes, au grand désarroi de leurs parents, les enfants trisomiques sont rejetés par la société. «Mon fils ne conduira jamais une voiture, il ne se mariera pas, il n'aura jamais son bac, qu'adviendra-t-il de lui ? s'écrie un père. Il restera ainsi un inadapté social dans une société qui a choisi le déni, l'indifférence. Les associations se font et se défont, faute de dons, les écoles quant à elles n'ont pas d'effectif apte à prendre en charge le trisomique. «Je réussirai je vais réussir, dit le jeune M. à ses parents». Il veut réussir pour s'affirmer, pour être aimé et évacuer son trop-plein d'amour. Il a 8 de moyenne, il n'est pas le dernier de sa classe et il se bat pour s'intégrer. Pourtant, ces enfants sont aptes à fournir beaucoup d'efforts, à s'appliquer mieux que bien d'autres personnes dites «normales». Une mère nous dit : «Je ne blasphème pas, Dieu me garde mon fils, Hamdoullah que Dieu me pardonne, je l'aime tant. Mais je ne fais que penser à lui, à son avenir incertain après notre disparition»... Que répondre à cette mère fatiguée, culpabilisée qui, elle-même, se bat pour créer une association pour les trisomiques?... Nous avons vainement cherché à qui nous adresser pour donner à ces parents meurtris, en proie à la douleur intérieure, une lueur d'espoir. Rien, les portes sont scellées. Ces enfants sont emmurés vivants... avec pour seul bagage un esprit vif, un dynamisme pétillant et de l'amour à embraser le monde. Et dire qu'il y a des jeux télévisés où on distribue de l'argent tout en restant assis sur une chaise. Pourquoi cet argent n'irait-il pas à des associations, comme dans certains pays étrangers? Pourquoi, avec cet argent, ne bâtirons-nous pas un avenir pour des trisomiques? Nous vivons dans une société qui a perdu ses valeurs positives, dont les structures sont absentes et qui n'offre qu'un avenir incertain. Peut-être qu'une famille riche peut permettre à ces enfants de percer dans un domaine ou les envoyer à l'étranger. Mais quelles sont les alternatives du Tunisien moyen? Qui peut répondre à cette question? Malheureusement personne. Bâtissez un avenir au lieu de bâtir des ponts. Ces enfants sont un appel au secours. Parfois même, ils sont la risée des autres. Ils sont beaux, affectueux, ils sont la vie, le bonheur. Mais ils sont les parents pauvres d'une société elle-même handicapée et qui a perdu son identité. Sommes-nous généreux? Sommes-nous altruistes? Sommes-nous bons? Tant de questions qui ne résoudront pas les problèmes de ces parents qui cherchent une formation, un travail une acceptation de leurs enfants... Une fois les parents partis, le trisomique ou un autre enfant différent sera perdu et à la merci d'une société renfermée sur elle-même ou, pire encore, leur avenir peut être l'hôpital Erazi. Une honte face à d'autres pays qui se démènent pour garantir le bien-être de ces bouts de chou en leur proposant diverses activités et surtout des horizons. Que les structures concernées font face à leur déficience face à ce problème de grande envergure, ne serait-ce que pour offrir une image positive qui met en exergue la générosité et la bonté de notre civilisation arabo-musulmane. Dieu a dit : faites du bien. Et les structures officielles concernées par ces handicaps font la sourde oreille.