Etouffer la vérité, la nouvelle stratégie du régime de Kaïs Saïed    Les internautes se lâchent sur « l'Etat tunisien unifié » de la Kasbah !    BH Assurance: Distribution d'un dividende de 1,500 dinar par action à partir du 02 mai    Signature d'une convention de coopération entre les ministères des Finances et du Commerce    Espagne : Sanchez pourrait être démoli par un scandale de corruption, sa femme aurait croqué la pomme    L'Espérance de Tunis vs Al Ahly d'Egypte en demi-finale de la Coupe d'Afrique des clubs Oran 2024    WTA 1000 Madrid : Ons Jabeur défie Slovaque Schmiedlová    Météo en Tunisie : Temps passagèrement nuageux, températures en hausse    Des équipes de la garde nationale à la recherche de pêcheurs naufragés    DECES : Ali BOUSRIH    Officiel: La Jamaïque reconnaît l'Etat de Palestine    CONDOLEANCES : Feu Abdelhamid MAHJOUB    CONDOLEANCES : Saida LAOUITI    Volley | La Mouloudia de Bousalem vice-champion d'Afrique : Un cas édifiant !    Le ST reçoit l'USM samedi : Un virage majeur    Ligue des champions – Demi-finale retour – Mamelodi Sundowns-EST (demain à 19h00) : Pleine mobilisation…    Artes : chiffre d'affaires en hausse de près de 22%    OneTech : clôture de la cession de son activité d'emballage pharmaceutique Helioflex au profit du groupe Aluflexpack AG    Les ministres de l'Intérieur tunisien et libyen : Ras Jedir, symbole de la coopération tuniso-libyenne    Saisie record de cigarettes de contrebande à Remada    Au nom des travailleurs de la mer    Fédération de l'enseignement secondaire: Annulation du mouvement protestataire prévu pour aujourd'hui    Aujourd'hui, ouverture de la 9e édition du Festival International de Poésie de Sidi Bou Saïd : Un tour d'horizon de la poésie d'ici et d'ailleurs    La Tunisie invitée d'honneur au Festival international du film de femmes d'Assouan 2024 : En l'honneur du cinéma féminin    Nominations au ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie    L'EST demande une augmentation des billets pour ses supporters    Gabès: Une unité de cogénération à la société chimique ALKIMIA    Ridha Zahrouni : il n'y a pas de stratégie de lutte contre la violence en milieu scolaire    INM: Les quantités de pluies enregistrées en millimètres durant les dernières 24H    Kais Saied : ''Personne n'est au-dessus des lois''    Kais Saied félicite le nouveau président de la chambre législative    Le Chef de la diplomatie reçoit l'écrivain et professeur italo-Tunisien "Alfonso CAMPISI"    La Tunisair annonce des mesures pour faciliter le retour des TRE    Kais Saied dénonce les échecs de l'économie rentière    Monastir : bientôt la création d'un circuit touristique à Lamta    Stade d'El Menzah : Une étude de faisabilité sous l'œil des experts Chinois    Géologie de la Séparation : un film tuniso-italien captivant et poétique à voir au CinéMadart    Hospitalisation du roi d'Arabie saoudite    Dette publique | Des résultats en demi-teinte    L'homme qui aimait la guerre    Foire internationale du livre de Tunis : vers la prolongation de la FILT 2024 ?    Malentendues de Azza Filali    Brésil: Elle vient à la banque avec le corps de son oncle pour avoir un prêt en son nom    Ultimatum législatif aux Etats-Unis : TikTok doit être vendu sous un an ou disparaître !    Anne Gueguen sur la guerre à Gaza : la France œuvre pour une solution à deux Etats !    Soutien à Gaza - Le ministère des Affaires religieuse change le nom de 24 mosquées    Un pôle d'équilibre nécessaire    Chute de mur à Kairouan : Le tribunal rend son jugement    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Lettre ouverte à M. Vladimir Poutine, président de la Russie
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 06 - 2016


Par Dr Aymen Abderrazak JEBALI(*)
Par cette lettre ouverte qui comporte un volet scientifique et un volet politique, nous venons Monsieur le Président, en mon nom personnel et au nom de « la Ligue des peuples arabes et musulmans » que je préside, saluer votre rôle louable et reconnaître l'engagement honorable de votre pays contre l'hégémonie de l'impérialisme, du colonialisme, afin d'assurer la stabilité des petits pays qui ont osé dire non à la pax americana et offrir un certain équilibre à un monde qui tangue
Monsieur le Président,
Je suis Dr Aymen Abderrazak Jebali, chirurgien cardio-vasculaire, docteur en droit, professeur d'économie du savoir, écrivain, créateur d'une trentaine de nouveaux paradigmes et concepts scientifiques, auteur d'articles, d'études originales, d'une nouvelle théorie de causalité en droit..., concepteur en génie biomédical et détenteur de quelques brevets d'invention.
Je crois Monsieur le Président avoir élaboré un nouveau savoir scientifique avec à la clé une nouvelle théorie de la connaissance, savoir que j'ai consigné dans un manuscrit de huit cents pages environ, écrit en arabe. Ce savoir destiné à l'élite de l'élite modifiera, je suis certain, la manière de penser des scientifiques et révolutionna tous les domaines de la connaissance, y compris l'éthique et la sociologie.
Après entente, je serais heureux Monsieur le Président de le proposer à votre pays et de lui donner ainsi des moyens supplémentaires qui servent et votre puissance et l'Humanité. Ce savoir pourrait être gardé au secret pendant cinq ans par exemple afin de donner à votre pays une longueur d'avance avant de le publier.
L'intelligence est la plus puissante des armes. Que vaut l'armée russe sans Tocolève... et que vaut l'armée américaine sans Oppenheimer...
Sur le plan stratégique, j'aurais aimé qu'en 2011, votre pays ait lancé un printemps arabe dans les monarchies du Golfe, profitant ainsi de la campagne médiatique faite par l'Occident en faveur de la démocratie et des droits de l'Homme et récupérant à moindres frais un immense bénéfice et pour votre pays, pour les pays du Bric et pour les peuples arabes. Sans dire que vous auriez pu affaiblir vos ennemis. Les USA n'auront jamais pu déstabiliser les pays de l'Amérique du sud et le dollar ne se saurait jamais remis. Aujourd'hui, la Russie dépense des sommes importantes pour défendre ses intérêts ou ses amis alors que les USA font traîner la guerre ruineuse en Syrie, reconduisant de la sorte le même piège qui a conduit à la chute de l'Urss en Afghanistan. L'hésitation dans la guerre est catastrophique : signe de faiblesse envoyé à l'ennemi et message de doute envoyé aux amis.
Monsieur le Président,
La civilisation occidentale actuelle n'a démarré réellement qu'après la révolution opérée dans le domaine de la physique par le nouveau paradigme du savant Galilée, par lequel il a balayé la physique qualitative d'Aristote. J'espère que mon apport aura la même dimension. Dans ce cas, la valeur de ce que je propose dépassera la valeur du pétrole des bédouins du Golfe. Richesse qui n'était pas mise au service du développement du monde arabe mais au contraire, elle est devenue synonyme de malédiction.
Mais, cette civilisation occidentale s'essouffle actuellement et même si elle continue de briller sur le plan technologique, elle stagne au niveau des sciences fondamentales et, désormais, ses outils intellectuels sont démodés. Quant à la civilisation chinoise naissante, elle n'a fait pour l'instant que copier la technologie occidentale. Les quelques innovations et le retour aux enseignements de Confucius créent une fierté, rétablissent une identité, enrichissent une culture mais ne suffisent pas pour bâtir une nouvelle civilisation. Pour cela, il faut une révolution dans le mode de penser des gens. Le concept génial de miniaturisation élaboré par les Japonais, il y a un demi-siècle, n'a pas créé une nouvelle civilisation. Il est lui-même, comme je l'ai dit dans certaines de mes conférences, l'expression d'une culture ancestrale puisque le Japonais cultivait du bonzaï d'une manière traditionnelle. Déterrer une civilisation passée, et vouloir la reproduire telle quelle est une bêtise. On ne fait pas du neuf avec du vieux mais on peut s'en inspirer.
Pour cela, j'ai pensé qu'il est temps pour le monde arabo-musulman de bâtir une nouvelle civilisation sur un nouveau mode de penser, mais je me suis trompé. Le monde arabo-musulman ne veut pas se réveiller. Pis encore, il est entré dans une phase de suicide collectif. Quant au printemps arabe qui n'est qu'une révolte stérile, adossée à des arrivistes, à des voyous et à une fausse élite, il s'est avéré incapable de créer un quelconque essor. Bien au contraire, il s'est accompagné d'une dégradation dans le mode de pensée des citoyens, mode archaïque déjà éprouvé par des siècles de sous-développement humain et mental.
La tragédie de l'humanité aujourd'hui, c'est qu'elle vit la tragédie d'une civilisation occidentale vieille riche et cruelle qui ne veut pas mourir et une civilisation universelle plus humaine et plus évoluée qui peine à naître. Le temps des incertitudes.
De surcroît, cette alternance des civilisations, les USA en particulier n'en veulent pas et croient avoir trouvé la solution. Embrigader l'Humanité entière au service d'une seule civilisation puissante, celle des USA. L'Amérique a pour cet effet drainé le maximum d'intelligence, et je dois personnellement leur tirer mon chapeau puisque mes livres pourtant écrits en français ou en arabe se trouvent dans les bibliothèques américaines et ne se trouvent ni en Tunisie ni en France. Comme elle a contrôlé toute la richesse mondiale. Mais comme cela ne suffit pas, elle s'est attelée à déstabiliser les pays émergents et à réduire la puissance de ses alliés. Dès lors, le développement des pays du tiers monde devient une histoire de Sisyphe et un perpétuel recommencement, ce qui sape les volontés. Cependant, l'Univers a ses lois. Lois qui ne tolèrent aucun écart. Parmi ces lois, on trouve la gravité mais, on trouve également la loi de l'alternance des civilisations. Une civilisation remplace une autre pour éviter la corruption de l'Humanité et l'asservissement des peuples. Et vouloir empêcher cette alternance par l'essaimage du chaos, par l'horreur de la guerre ou par l'assassinat des leaders politiques, c'est contrecarrer le destin. Or les lois du destin sont déterministes, impitoyables et gare à celui qui ose défier Dieu.
Or, la civilisation occidentale refuse non seulement l'émergence de nouvelles puissances, pis encore, elle est devenue plus machiavélique, plus féroce et inhumaine. Les USA ont créé le terrorisme, l'ont financé et pour éviter ses ravages en Occident, ils lui présentent chaque fois un ennemi et un champ de bataille dans nos pays.
Pour l'Occident aujourd'hui, la guerre et la ruse sont la matrice de l'Histoire. Mais, de quelle Histoire parle-t-on?, Celle des crimes, des larmes et de la souffrance ?
Par ailleurs, les USA ont réduit la puissance économique et soumis à leur politique la plupart des pays. Et même leurs alliés n'ont pas échappé à cette dictature du dollar et des bombes.
Le projet même de l'Union européenne est essentiellement un moyen pour contenir la puissance allemande et était la condition pour que les USA et la France acceptent la réunification allemande. Aujourd'hui avec le Brexit, l'Allemagne risque d'y voir une sortie honorable, ce qui change à moyen terme les rapports de force et les alliances politique sur le plan international.
Monsieur le Président,
Contrairement à cette approche machiavélique, j'ai toujours cru que la connaissance est la matrice de l'Histoire. Voltaire disait si on lui demandait qui est le plus grand des hommes : Alexandre le Grand, Gengis khan, ou Numa Pompilius..., il répondrait que Newton est le plus grand d'entre eux, tous.
De surcroît, je crois qu'il y a quatre types de leaders politiques (une classification dont je revendique la paternité) : les gestionnaires du quotidien (qui sont souvent des sous-traitants à la solde de puissances étrangères), les constructeurs d'Etat, les bâtisseurs d'empires et les bâtisseurs de civilisations. Parmi ces derniers on compte des prophètes et des génies. Ce qui pose une question fondamentale sur l'intervention divine dans la conduite de l'Histoire. Aristote disait que les grandes causes choisissent leurs hommes.
Et pour rassurer les Tunisiens, disons que ni Bourguiba ni Ben Ali n'ont construit un Etat, l'un et l'autre ont construit « une autorité » fondée sur la domination et la contrainte. Aujourd'hui, il n'y a même pas d'autorité. Cette incapacité touche malheureusement tout le monde arabe jusqu'à aujourd'hui. Ceci je l'ai déjà évoqué dans une interview à un journal tunisien en 2005, soulignant que les dirigeants arabes gouvernent à l'aide de petites recettes de management dictées par les puissances coloniales ou les institutions internationales. Et ils assoient leur domination des peuples sur la ruse, la répression et la sélection des médiocres. Dès lors, la véritable élite est éliminée, «nul n'est grand pour son valet de chambre », et une fausse élite d'arrivistes, de voleurs et d'usurpateurs d'idées s'est installée dans nos pays.
Reste que même si la contribution de la Tunisie à la civilisation universelle est rare, elle était toujours de qualité. Hannibal, le grand stratège militaire, Magon et le premier livre de l'agriculture de l'humanité, Carthage et sa Constitution, qualifiée par Aristote de la plus glorieuse de l'Univers. Ibn khaldoun, le fondateur de la sociologie, Ibn Abi Dhiyaf. Mais depuis la disparition de Carthage, les Tunisiens devenus serviles, naïfs, bédouins et petits malins ne se sentent plus investis d'aucune mission, sauf celles qu'imposent leurs instincts primitifs. Et je n'ose même pas être aussi optimiste que Shakespeare qui disait que «ce Tunis-là fut Carthage». Déjà, l'ex-président américain Reagan ne s'est pas trompé en recevant Bourguiba dans les années quatre vingt, il lui a signifié qu'il n'est pas l'héritier d'Hannibal, mais le vieux Bourguiba, ses ministres et conseillers n'ont pas su jusqu'à aujourd'hui déchiffrer le message. Pis encore, la fausse classe politique qui règne actuellement sur le pays croit que les applaudissements au Congrès américain, lors du renversement de Ben Ali, étaient une manifestation d'amour pour la Tunisie. Et j'ai dû m'excuser auprès de monsieur Obama pour cette myopie politique.
J'ai toujours mis mes connaissances au service de mon pays et du monde arabe auquel j'appartiens avec fierté, avant de découvrir que le sous-développement humain crée de facto un retard mental d'origine supra-génétique (et non génétique) qui affaiblit le raisonnement et pervertit les jugements. Et j'ai dû faire face à l'ingratitude et à la jalousie pathologique, véritable sport national. L'intelligence est alors perçue comme une menace. Et le recrutement aussi bien à l'échelle de l'Etat que dans le domaine du privé obéit aux critères de loyauté et de servilité. Aussi est-il que dans mon pays, hier comme aujourd'hui, la classe dominante sur le plan politique est celle des baratineurs, sophistes, comploteurs et incompétents qui passe son temps à flatter l'ego d'un peuple naïf, alors que la classe dominante sur le plan économique et social est celle des contrebandiers, des voyous de l''Etat, des compradores et des marchands ambulants. Une alliance de médiocres s'est vite tissée entre ces deux classes et la Tunisie risque bientôt de déclarer faillite alors que le nombre de milliardaires ne cesse d'augmenter. Dès lors, je conseille aux responsables de réduire drastiquement les dépenses de l'Etat, en annulant toutes les augmentations de salaires, faites depuis « la révolution », aux ministres, aux députés, aux juges, aux professeurs d'Université (sinon c'est la chute du dinar qui va réduire ces salaires)..., comme il faut confisquer les voitures de fonctions et les vendre soit aux fonctionnaires intéressés soit au public. Il faut également réduire le nombre de nos missions diplomatiques et consulaires à l'étranger. Et quand l'Etat aura un peu de dignité, il peut demander un effort à ses citoyens. Reste que pour empêcher la Tunisie de sombrer, l'essentiel est ailleurs et j'aurais l'occasion de développer cela.
Malgré cet effort et cette abnégation, certains de mes compatriotes pourraient interpeller mon patriotisme. Je peux alors leur rétorquer que depuis mon jeune âge, j'ai lutté contre l'injustice et l'oppression. Et pour ne m'arrêter qu'à quelques stations dans ma longue route de militant politique et de militant scientifique, je rappelle au lecteur tunisien que, lors de la première guerre du Golfe, lorsque l'Occident a ironisé sur la capacité des Arabes à acquérir la technologie, j'ai présenté à Genève ma première invention qui a eu un écho mondial. C'était à cette époque la fierté de tous les ambassadeurs arabo-musulmans en Suisse. Et au-delà la fierté de tous les peuples arabes. Le centre des brevets (Inorpi) fut créé à cette occasion et son premier P.-d.g. a suivi attentivement mes conseils. J'ai également conseillé au gouvernement tunisien de créer des technopoles afin d'y concentrer le maximum d'intelligence comme à la silicone valley.
Et, à la même époque, alors que se préparait le jugement des islamistes en Tunisie, il y a eu le coup d'Etat militaire contre les élections en Algérie avec le soutien de l'Occident. J'ai dénoncé cela et écrit un article dans un journal suisse, dans lequel j'ai défendu le droit des peuples arabes à la démocratie et j'ai prévenu l'Occident de l'avènement très proche du terrorisme, au cas où il soutient les dictatures. C'est ce qui s'est passé deux ans plus tard avec l'apparition d'Al-Qaïda en Afghanistan et de la GIA en Algérie.
Dans le même élan et pour modérer l'agressivité du régime tunisien contre les islamistes, j'ai envoyé à la présidence tunisienne le projet «d'Institut tunisien d'études stratégiques» en lui spécifiant que la politique est devenue, par l'interpénétration des différents champs d'action, un art complexe. Et personne, aussi brillant soit-il, ne serait capable de gérer cette complexité. En ce moment-là, je prévoyais que la conversion de milliers d'espions américains et russes vers le domaine civil et industriel va bouleverser les relations internationales et même la nature des conflits et des guerres, mais je n'ai divulgué que quelques éléments du projet.
Certains ministres m'ont écrit pour adhérer au projet, mais le régime tunisien de l'époque a sauté sur l'idée en l'appliquant tel quelle et en la détournant de ses fins pour en faire un instrument de propagande. Il a cependant commis une faute stratégique impardonnable en mettant en prison des milliers d'islamistes. La deuxième faute encore plus grave, c'est qu'il m'a piqué mon idée. J'ai évoqué cela dans un livre à moi paru en 1999, en écrivant qu'il ne suffit pas de créer une institution d'études stratégiques, encore faut-il trouver le stratège compétent. Mais n'est pas stratège qui veut. Il faut pour cela une profonde culture et beaucoup de talent. C'est un don.
Et, pour défier les ministres et les pseudo-intellectuels du régime, j'ai écrit dans ce livre une postface qui est une véritable étude stratégique dans laquelle j'ai prévu que le dollar va devenir plus que jamais une arme, que les USA vont essayer d'affaiblir l'autorité politique des Etats du tiers monde, que le monde arabo-musulmans va connaître des guerres et des troubles de discorde très graves et j'ai conseillé à la Tunisie de déclarer aux Nations unies, sa neutralité politique et militaire pour échapper au devenir sombre du monde arabe. Dans cette même postface, j'ai proposé à la Tunisie d'organiser un service civil obligatoire pour tout citoyen, d'un mois par an, afin de lutter contre la dislocation horizontale qui sévit dans la société et qui risque de conduire à des révoltes populaires. Ce projet de service civil, je l'ai envoyé, quatre ans auparavant, à la présidence en Tunisie et à M. Jacques Chirac, pour réduire la souffrance dans les ghettos où sont entassés les immigrés. L'un et l'autre l'ont ignoré. Mais l'Histoire n'a cure des insuffisances de Ben Ali ou des préjugés de Chirac. Le premier fut balayé par une révolte alors que la France demeure menacée par les terroristes sortant de ces mêmes ghettos, ramenant M. François Hollande à syphoner ce dossier et, sans me citer, il l'a proposé dans ses moindres détails au peuple français au début de 2016. Il fut suivi quelques semaines plus tard par une ministre dans le gouvernement suédois qui a trouvé l'idée intéressante.
Dans les années quatre-vingt-dix également, j'ai publié chez l'Harmattan à Paris «Justice pour tous» qui est un plaidoyer pour une plus grande justice sociale, ce livre fut interdit en Tunisie. Et en l'an deux mille, alors que je préparais avec la faculté de médecine de Tunis un grand projet de recherche scientifique, et en présence du doyen, M. Rachid Mechmeche, j'ai présenté au ministre de l'Enseignement supérieur tunisien le projet d'un «Institut de technologie médicale et biomédicale». Projet que j'ai pensé créer comme entreprise privée mais j'ai privilégié l'intérêt de mon pays. Seulement ce dit ministre a usurpé l'idée, créé l'Institut dans l'ancienne faculté de médecine, en a fait une copie à Sfax et m'a subtilement écarté, profitant du fait que je vis à l'étranger.
A cette époque, j'étais très occupé car en dehors de mon travail j'ai fondé en Suisse la «Ligue des peuples arabes et musulmans» dont l'activité est discrète et sans tapage médiatique. En effet, craignant qu'après la chute du régime de Saddam Hussein, les USA vont fomenter des troubles dans le monde arabo-musulman et raviver la haine chiite/sunnite afin d'ouvrir à l'intérieur de nos pays des champs de bataille pouvant occuper les terroristes qui s'animeront alors à détruire les sociétés qui lui ont donné naissance au lieu de s'attaquer à l'occident, j'ai voulu, entre autres objectifs, prévenir ces catastrophes.
Et j'ai pensé à tort que la Tunisie, qui a perdu quelques années auparavant le siège de la ligue des Etats arabes, serait enchantée d'accueillir le siège de notre ligue. Fin 2003, j'en ai parlé au conseiller principal du président Ben Ali, mais en lui cachant deux données. Je ne lui ai pas dit que la Ligue est déjà constituée et comptent plusieurs personnalités, comme je n'ai fourni que la moitié de l'appellation, à savoir «Ligue des peuples arabes». Début 2004, et à mon grand étonnement l'Etat tunisien informa le secrétaire général de la Ligue arabe, M. Amr Moussa de mon projet lors d'une réunion organisée à cet effet et regroupant les ministres, tunisien, marocain, jordanien et irakien des Affaires étrangères. Il fût décidé alors de créer au sein de la Ligue des Etats arabes un Parlement arabe, représentant les peuples, manière de me couper l'herbe sous les pieds.
Cette expérience m'a convaincu que Ben Dhia, le conseiller principal du président de la République, ne sert pas l'intérêt de la Tunisie et qu'il est au service de lui-même, de sa région natale et de la puissance coloniale. Et par-dessus tout, il était l'ennemi déclaré de l'intelligence. Des années durant, il n'a cessé de me reprocher d'être intelligent et de vouloir me prouver qu'il est aussi brillant. Et bien qu'il fût le véritable président du pays, il était habité par la hantise que Ben Ali le remplace un jour. Ben Ali a déjà perdu son autorité sur son entourage depuis l'an deux mille et Ben Dhia a une idée sur la succession très différente de celle de Ben Ali. A cet effet, il a verrouillé tous les rouages de l'Etat et a nommé aux postes clés des marionnettes sans envergure. Je prévoyais alors le pire pour l'avenir du pays, c'est ce qui s'est passé malheureusement. J'ai décidé de me présenter sérieusement aux élections présidentielles de 2014. Pour cela, il me fallait neutraliser le Conseiller principal, tête pensante du président. Et, comme je venais de terminer l'écriture d'un traité de droit fin 2008, alors je lui ai téléphoné en ces termes, pour le pousser à la faute :
«Napoléon disait que si le monde devrait se souvenir de lui un jour, ce n'est pas grâce à ses batailles mais grâce au Code Napoléon. Il n'avait pas tort. Et je vous offre l'occasion de figurer sur un livre important. Cela veut dire quoi ? M'a-t-il rétorqué. Je lui ai expliqué alors que j'ai écrit un traité de droit comparé sur la notion de la responsabilité couvrant 1.200 pages, accepté pour publication au Centre d'études juridiques et que s'il le voulait il pouvait y écrire la préface. Il m'a demandé de lui envoyer une copie du manuscrit et après trois semaines, il m'a téléphoné pour me féliciter et me demander de lui écrire la préface et de la lui envoyer par fax avant la publication. Je savais d'avance qu'il n'aurait pas la possibilité de faire la synthèse d'un livre de 1.200 pages. Et j'ai déjà préparé la préface en y glissant un piège à même de le neutraliser le jour «j». Quand on libère un torrent, il faut au préalable bâtir le barrage qui peut le contenir, disait le conseiller du Maréchal Tito. Il n'avait pas tort. Ben Dhia envieux, blessé, a cru à tort que maintenant que son nom figure sur le livre de droit le plus important du pays, il peut s'occuper de moi. Alors que j'étais invité par l'Institut d'études supérieures pour y présenter une conférence sur l'économie du savoir, il a envoyé deux ministres pour présenter chacun une conférence sur le même sujet, l'un un jour avant la date de ma conférence et l'autre un jour après. Pis encore, il a souillé la crédibilité scientifique du pays en vendant avec son ministre de l'enseignement supérieur une fausse invention créée par un faux génie afin de détourner l'opinion publique de mes exploits scientifiques. J'ai alors écrit un article de presse dans lequel j'ai dénoncé les ennemis de l'intelligence et du talent et j'ai annoncé la fin prochaine des régimes arabes. J'ai toujours méprisé les politiciens stupides mais rusés, ambitieux mais sans grandeur. Trois lignes rouges ordonnent toujours mes principes. L'ignorance ne devrait pas commander la connaissance, la ruse ne saurait pas soumettre l'intelligence et la décadence morale ne pourrait pas dominer les valeurs.
Mais, la dictature du régime n'était pas le seul fléau. En réalité, la structure du régime n'était rien d'autre qu'une mafia parmi d'autres mafias sectorielles qui quadrillent le pays. Nul patriotisme. Aussi, suis-je le seul à réagir en 2005, lors du commet mondial sur l'informatique (Smsi), quand j'ai appris que le président de la Confédération suisse a humilié le peuple tunisien à la radio au point que son interview fût coupé en direct. Alors de passage à Genève, je lui ai adressé une lettre dans laquelle je lui ai demandé de commencer à balayer devant chez lui avant de balayer devant les autres, car les violations des droits de l'Homme ne sont pas rares en Suisse. Le régime tunisien a eu vent de cela et j'étais invité par le secrétaire général du parti au pouvoir. Je l'ai rencontré en juillet 2006 à huit heures trente du matin. Là, il m'a surpris en disant que seuls Dieu et monsieur le président de la République nous écoutent. C'était sûrement sincère de sa part mais associé Dieu à un chef politique m'a choqué. Je n'ai pas salué le président. Il m'a remercié pour mon patriotisme et m'a demandé une copie de la lettre que j'ai envoyée au président suisse. J'ai refusé en lui disant «Désolé, J'ai fait cela pour la Tunisie pas pour vous ». Mais, pour ne pas trop les offusquer, j'ai prévu quelques conseils à leur offrir. Je leur ai proposé de modifier la structure et la doctrine de l'armée tunisienne en leur préconisant de préparer notre armée à une guerre asymétrique, de telle manière qu'il serait facile à un ennemi d'entrer dans notre pays mais il lui sera impossible de s'y installer. De toute façon notre armée courageuse, mais peu nombreuse et mal équipée, est incapable de freiner une armée ennemi comme celle de la Libye ou de l'Algérie et encore moins une armée européenne. Je leur ai recommandé également de créer un organisme de sécurité nationale, car le ministère de l'Intérieur sait récolter des informations mais ne sait pas les analyser. Les événements précédant la fuite honteuse de Ben Ali prouvent cela.
Sur un autre plan, lors de la crise financière internationale de 2008, j'ai écris dans ce même journal un article de fond intitulé «Irresponsabilité bancaire et faillite morale » où j'ai analysé la crise et préconisé les solutions. Mes conclusions ont été reproduites six mois plus tard par Joseph E. Stiglitz, prix Nobel de l'économie, dans son rapport à la Commission européenne et dans son livre « Le triomphe de la cupidité » publié en 2010.
A la sortie de mon article, beaucoup de partis politiques et d'organisations m'ont invité pour leur faire des conférences. C'est que personne, parmi tous les économistes qui se pavanent aujourd'hui sur la place publique et qui nous rabâchent chaque jour leurs analyses bidon, n'a écrit le moindre article intéressant. Prouvant par là même qu'ils sont de simples comptables ou techniciens de l'économie et qu'ils font partie de cette fausse élite ambiante.
Cette situation a même empiré après la révolution, alors que la dette des hôtels menace de déstabiliser les banques, un des ministres des Finances a demandé à la Banque mondiale de lui trouver une solution. Cela a coûté à notre pays cinq cents millions de dollar et la solution proposée est la même que celle que j'ai proposée dans un article à moi «Comment dynamiser notre économie», paru sur les colonnes de ce journal en 2010, pour résoudre un cas similaire : la dette de la fonderie « El Fouladh».
Dans mon article cité ci-dessus de 2008, j'ai également fait remarquer aux pays arabes que c'est une occasion en or pour échapper à la domination américaine, mais sans citer le dollar. Les USA considèrent en effet que s'attaquer au dollar même de loin est une déclaration de guerre. Il a fallu quelques mois plus tard, en 2009, pour que Kaddafi, exalté par les positions chinoises et russes, imprime un billet de monnaie libyen contre son équivalent en or. Dans le même temps Ben Ali a exigé d'une école américaine installée depuis des décennies, le payement d'impôt, ce qui est apparue comme un complot international contre les USA. Il fallait de peu pour que l'Amérique déclenche son printemps arabe.
Ben Ali et Kaddafi n'ont pas mesuré la portée de leurs actes. Et bien que l'ambassadeur tunisien à Washington fût convoqué chaque semaine durant six mois au ministère des Affaires étrangères américain avec à chaque convocation la même question : Qu'est ce qu'on vous a fait ? mais, ni le ministre des Affaires étrangères tunisien, ni son chef de gouvernement, ni les conseillers du président, ni le président lui-même n'ont compris le message. Et, désinvolte, Ben Ali est allé passer les fêtes de nouvel an à Dubai. Quand à Kadhafi, il a cru naïvement que la révolte en Tunisie était spontanée et ne s'est pas préparé à la guerre. Pis encore, il a laissé l'immense fortune de son pays en devises un cadeau à un Occident conquérant.
Quant à moi, dès mi-janvier 2011, j'ai eu au téléphone et à plusieurs reprises un des plus importants dirigeants d'Ennahdha en Tunisie pour m'enquérir, d'une part, de l'implication des islamistes dans le complot américain et pour éviter, d'autre part, que l'Amérique remplace un dictateur par un autre plus servile. La question pour moi n'était pas uniquement la chute de Ben Ali. Il a déjà fait son temps et c'était le vœu de tous les Tunisiens. Dès lors, je déplore aujourd'hui que des voix s'élèvent pour regretter un tel régime qui était un conglomérat de mafias. Mais la question était par qui sera-t-il remplacé ?, et mes craintes se sont avérées justes. Dès le 19 janvier 2011, lors du premier forum que j'ai organisé, à la fondation Tmimi, pour fonder la nouvelle République et élaborer une déclaration pour la révolution tunisienne. J'ai compris très vite que la Tunisie est partie sur une très mauvaise pente et qu'une fausse élite, une horde de baratineurs, de voyous et des mafias vont conduire la Tunisie à sa ruine. Et que ces gens-là n'ont cure de la dimension historique des événements ni de l'intérêt supérieur du pays. Alors, j'ai pris congé d'eux.
Kennedy disait aux Américains, «vous vous demandez chaque jour ce que votre pays a fait pour vous, demandez-vous un seul jour ce que vous avez fait pour votre pays». En voici, cher lecteur, un échantillon de ce que j'ai pu faire pour mon pays et je vous évite de lire ce que mon pays m'a fait comme misères et les complots qui m'ont visé.
A.A.J.
*(Chirurgien cardiovasculaire et docteur en droit)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.