Le plan de développement 2016-2020 est l'ultime recours pour remédier à cette crise économique structurelle Avec une économie en berne, la dépréciation du dinar et la baisse du pouvoir d'achat, la Tunisie traverse l'une des plus difficiles crises qu'elle ait connues à travers son histoire moderne. Et avec un environnement économique international aussi trouble, cette situation risque de perdurer pour une bonne période encore, voire des années, si l'investissement ne décolle pas, surtout avec un encours de la dette extérieure de plus de 53% du PIB, menaçant les finances publiques et une économie déjà fragilisée. Pour les décideurs politiques, il semble que le plan de développement 2016-2020 serait l'ultime recours pour remédier à cette crise économique structurelle. Parmi ses objectifs, la réalisation d'un taux de croissance avoisinant les 4% au minimum contre 1,5% durant le quinquennat précédent (2011-2015). Un objectif qui permettra l'accroissement du revenu individual, passant d'environ 8 mille dinars actuellement, à 12.520 dinars en 2020, et la création de plus de 400 mille nouveaux postes d'emploi et la réduction du taux de chômage à moins de 12%, en 2020. Défis Des objectifs ambitieux dont la réalisation ne sera pas aussi facile et qui nécessitent des réformes structurelles et une révision totale du modèle de développement actuel, renforçant la productivité et l'efficacité au travail, boostant l'investissement privé et encourageant l'investissement étranger. Avec un taux de chômage de 15,4%, le renforcement de l'investissement est impératif à la création d'emplois, qui constitue un réel challenge pour le gouvernement actuel. La plan de développement prévoit, ainsi, une progression de l'investissement global de 9% en moyenne durant la période 2016-2020, soit 120 milliards de dinars, aux prix constants, contre 80 milliards de dinars durant les cinq années précédentes. Pour ce faire, «des politiques économiques fiables» seront adoptées, selon les résolutions du conseil des ministres du 2 mai dernier. Mais cette fiabilité — très sollicitée — requiert en premier un engagement de tous les acteurs concernés. Un système fiable est un système qui remplit ses missions selon des conditions préétablies pour corriger les défaillances. Ceci dit, la conception d'une politique ne suffit pas à elle seule pour remédier aux défaillances, elle requiert un engagement des partenaires économiques et sociaux et une prise de conscience citoyenne. Tensions Si on ne remédie pas à la corruption et à l'injustice sociale qui s'est accentuée encore plus après 2011, cette prise de conscience tardera à venir, surtout avec l'incertitude et le manque de visibilité même sur le court terme, conjugé à un manque de transparence sur la réalité de la situation économique du pays et une corruption généralisée qui ne cesse de monter, à croire l'Instance nationale de lutte contre la corruption, et qui menace toute initiative privée. L'investissement étranger qui constituait auparavant un appui à l'économie nationale a reculé de 25,4% durant les quatre premiers mois de 2016 par rapport à la même période en 2015. Ceci témoigne d'un manque de confiance, qui n'est pas seulement lié à la situation sécuritaire mais aussi à un environnement politique, économique et social tendu. On a beau parler de la diversification du tissu économique, d'une restructuration de la Fonction publique, du renforcement du secteur privé et de l'attraction des investisseurs étrangers, en vain. Il serait primordial de rétablir la confiance, de prendre les bonnes mesures, même si elles sont douloureuses, et de réformer essentiellement les esprits. Plusieurs espoirs sont exprimés quant à la tenue du Forum international de l'investissement les 29 et 30 novembre prochain, où il est prévu la participation de plusieurs bailleurs de fonds internationaux pour financer de grands projets prévus dans le plan d'investissement. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce Forum ne pourra réussir que si nos décideurs proposent les bonnes solutions aux vrais problèmes et sont assez transparents pour poser les bonnes questions.