Les membres du mouvement «Manich msamah» ont souligné, hier, lors d'une conférence de presse, leur attachement à leur position de refus total de la passation de la loi de réconciliation économique et financière proposée par la présidence de la République en juillet 2015, a indiqué Wissem Sghaier, membre dudit mouvement. «Nous refusons tant au plan forme que contenu ce projet de loi, actuellement objet d'un débat au niveau de la commission de la législation à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et constituant une menace pour la Tunisie et son histoire», a-t-il précisé. Et d'ajouter que ce projet de loi est un préjudice moral, étant donné qu'il est en contradiction avec les demandes de la révolution tunisienne (17 décembre 2010-14 janvier 2011) et détruit, par ailleurs, le processus de justice transitionnelle. Et de poursuivre que ce projet de loi est également en contradiction avec les conventions internationales signées par la Tunisie ainsi qu'avec la constitution, notamment son article 10. En effet, ce dernier stipule que le paiement de l'impôt est un devoir dans le cadre d'un régime juste et équitable, alors que l'article 7 du projet de loi de réconciliation économique et financière permet à une catégorie de citoyens qui ne se sont pas acquittés de leur devoir fiscal de bénéficier d'une amnistie. En outre, ce projet de loi favorise des procédures inéquitables défavorables aux contribuables qui respectent leur devoir vis-à-vis du fisc, rappelant que la contribution des salariés au paiement de l'impôt s'élève aujourd'hui à 80% du total des impôts directs sur les revenus. Le mouvement «Manich Msamah» considère que ce projet de loi encourage la corruption et n'incite pas à l'investissement car il fait bénéficier les personnes corrompues d'une amnistie fiscale, sachant que plusieurs experts en fiscalité ont montré que cette amnistie favorise la culture de l'évasion fiscale, laquelle a causé d'énormes pertes financières à la Tunisie. «Nous pensons que nous avons réussi relativement à geler la passation de ce projet de loi qui est resté une année dans les casiers de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et nous poursuivrons nos mouvements, commencés depuis le lancement de cette initiative, en dépit de toutes les répressions que nous avons subies». Le mouvement «Manich msamah» organisera demain à 17h30 une marche à partir de la place Mohamed-Ali, devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) jusqu'à l'avenue Habib-Bourguiba. Les membres du mouvement ont averti tous les députés du danger de cette loi, en les appelant à assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple, faisant remarquer que le mouvement organisera des rencontres avec les partis politiques et les associations pour les sensibiliser à la gravité de cette loi. «Manich Msamah» est un mouvement pour la jeunesse regroupant des personnes ayant exprimé leur refus de ce projet de loi. De son côté, le Front populaire (FP) s'opposera avec force au projet de loi sur la réconciliation économique et financière aux côtés des forces démocratiques, sociales et civiles, a affirmé le porte-parole du FP, Hamma Hammami. Hammami s'est dit étonné de voir le gouvernement, la coalition gouvernementale et la présidence de la République insister pour faire passer cette loi, malgré l'opposition de toutes les forces politiques et civiles et son rejet par la Commission de Venise. Le dirigeant au FP, qui s'exprimait lors d'une conférence, hier, à l'Assemblée des représentants du peuple au Bardo, a estimé que le projet de loi sur la réconciliation économique et financière «fera partie d'une guerre qui sera menée contre le peuple tunisien et sa révolution pour passer à une nouvelle ère de répression». A noter que la Commission de législation générale s'est réunie, hier, pour l'examen du projet de loi sur la réconciliation économique et financière.