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Commémoration aujourd'hui du 13e anniversaire de la Révolution: De la déflagration révolutionnaire à la guerre de libération
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 12 - 2023

Photo d'archives © La Presse de Tunisie (Abdelfateh Belaid)
Durant la décennie noire qui a suivi la Révolution du 17 décembre 2010, la voix de la Tunisie dans les tribunes internationales était devenue dissonante et ne faisait que refléter l'état déplorable d'un pays à l'image d'un bateau ivre dans une mer agitée. Tout ce qui a été bâti depuis l'Indépendance était en train de voler en éclats. Le toit du pays risquait de s'effondrer à tout moment. On dansait sur un volcan dont l'éruption était imminente, alors que les maîtres des horloges s'endormaient sur leurs lauriers. Pour remettre le pays à flot et reconquérir les attributs de notre souveraineté, c'est une guerre de libération nationale qui succède à la fureur révolutionnaire de 2010. C'est une nouvelle page de l'Histoire du pays qui est en train de s'écrire et qui finira par ouvrir de nouveau les lucarnes de l'espoir. Le legs est lourd mais le défi est passionnant et honorable.
La déflagration révolutionnaire du 17 décembre 2010 aura pris de court non seulement le régime de Ben Ali mais aussi ses opposants. L'étincelle révolutionnaire émane d'un acte de suicide par immolation d'un vendeur ambulant et citoyen lambda qui ne voulait que continuer à gagner son pain à la sueur de son front. Son décès a provoqué la colère des habitants de sa ville, l'une des régions les plus défavorisées du pays. Une marche de protestation réprimée dans le sang et la colère a gagné les autres régions. Il n'y avait pas de slogans politiques, mais des messages d'indignation contre la marginalisation, contre l'humiliation. Il n'y avait pas non plus de leaders politiques qui agissaient sur le terrain pour renverser le régime. L'appareil policier était prêt à mater les protestations d'une manière musclée et un usage disproportionné de la force. Mais chaque fois qu'une victime de plus tombait, la colère grandissait. Le peuple grondait jusqu'au départ encore non élucidé de Ben Ali.
Ce jour-là, les sirènes de l'espoir étaient déployées. On a commencé à rêver d'une autre Tunisie plus juste, plus équitable et plus prospère. Mais personne ne soupçonnait que le 14 janvier 2011 allait mettre fin aux illusions des citoyens. Alors qu'ils étaient occupés à enterrer les derniers martyrs, les forces de l'ombre ont pris d'assaut les cercles du pouvoir. C'était la contre-révolution qui allait se mettre petit à petit en place. Dans les coulisses du pouvoir, on a commencé à se partager le gâteau sur le dos des Tunisiens. Ce fut le point de départ pour une décennie noire de calvaire et de descente en enfer.
Dérive totale de tous les indicateurs économiques et sociaux qui ont viré au rouge et qui ont creusé davantage le lit des disparités sociales. Le Covid-19 n'a fait que mettre en exergue la dislocation des institutions de l'Etat et leur incapacité à faire face à une pandémie qui sévit avec force dans les régions les plus défavorisées emportant dans son sillage des milliers de vies humaines. La justice, point cardinal de la démocratie, révèle chaque jour que le système a été instrumentalisé en vue d'un règlement de compte entre les belligérants et non pour trancher en toute indépendance les affaires en cours. Le dossier de la confiscation des biens, une mesure exceptionnelle n'a pas encore été tranché. Ainsi, plus de deux mille biens (2309) meubles et immeubles et droits ont été confisqués au profit de l'Etat tunisien et 410 décisions de confiscation ont été émises par la Commission nationale de Confiscation, jusqu'au 30 mai 2021, traînaient encore dans les tiroirs des juges. Le pouvoir d'achat s'est érodé à vue d'œil plombant les frêles épaules des Tunisiens en butte à des augmentations successives des prix des aliments de base. Rien n'est plus sûr dans ce pays où il faisait bon vivre et qui est devenu exposé à un niveau élevé de criminalité et de banditisme au grand jour. Les policiers dont les rangs sont gonflés se concentraient sur des tâches répressives qui marquaient un retour plus souligné aux anciennes pratiques qu'on croyait révolues. Le terrorisme et l'extrémisme violent ainsi que les discours de la haine trouvaient dans cette situation un terreau fertile pour recruter et encadrer à tour de bras des jeunes désespérés. La voie du salut est semée de beaucoup d'embûches et la marge de manœuvre se rétrécit. La voix de la Tunisie dans les tribunes internationales était devenue dissonante et ne faisait que refléter l'état déplorable d'un pays à l'image d'un bateau ivre dans une mer agitée. Tout ce qui a été bâti depuis l'Indépendance était en train de voler en éclats. Le toit du pays risquait de s'effondrer à tout moment. On dansait sur un volcan dont l'éruption était imminente alors que les maîtres des horloges dormaient sur leurs lauriers. Le plus spectaculaire de cette agitation était sans conteste la scène navrante et désolante à laquelle les Tunisiens avaient droit à chaque plénière au sein de l'Assemblée des représentants du peuple. Les variations d'humeur des députés, leurs foucades, dévoilaient la réalité de leur pensée. Les hommes politiques, les experts économiques, les syndicalistes, regardaient froidement de haut le peuple qui se saignait aux quatre vaines pour survivre au jour le jour. Ils sont imbus d'eux-mêmes et sont persuadés d'être les meilleurs et les seuls citoyens capables de sauver le monde. Face à eux, les ténors de l'opposition ne sont pas non plus capables de mettre leur ego de côté pour tracer la voie du salut. Pour le dire crûment, tous les ingrédients d'un cocktail détonnant était réunis.
Une décennie noire
Comment se fait-il qu'on en soit arrivé là ? Il faudrait remonter à la dernière décennie du règne de Ben Ali où la mafia familiale a balisé la voie aux hommes d'affaires véreux pour entreprendre des « projets » sans valeur ajoutée pour le pays mais qui rapportent de l'or à tous ceux qui pillent le pays moyennant des « royalties » conséquentes et sans efforts aux membres rapprochés du clan Ben Ali. La Révolution a été une occasion en or pour ces « paravents » de se débarrasser de ces intermédiaires incontournables politiquement pour s'arroger les parts qui leurs étaient dévolues. Car, sur le papier, tout semble être en règle, le consentement de l'administration étant imposé par les parrains de cette mafia benaliste. L'Etat de droit, étant la nouvelle approche révolutionnaire, ces « hommes d'affaires voyous », ont non seulement usé de leurs passe-droits acquis sous Ben Ali mais pour protéger leurs intérêts et persévérer sur la même voie de pillage des biens du pays, se sont convertis en « hommes politiques et médiatiques ». Ils savent que le nerf de la guerre, c'est l'argent. C'est pourquoi ils ont investi le champ politique. Mais sans ce bras droit de la politique, qu'est les médias, ils ont profité de la liberté retrouvée pour investir le paysage médiatique et mettre en œuvre leur projet éditorial basé sur la défense des intérêts politiques et par conséquent économiques. C'est le nivellement par le bas des médias par des contenus orientés sur les règlements de comptes, sur la diabolisation des adversaires économiques ou politiques. Et pour garantir que l'alchimie fonctionne à merveille, il fallait prendre d'assaut le temple du pouvoir législatif là où se mijotent à petit feu les textes de loi qui garantiraient la pérennité de leur mainmise sur les rouages de l'administration. Dès lors, le Mercato des partis politiques a vu le jour avec des chasseurs de têtes des figures politiques réputées pour leur opposition à Bourguiba ou à Ben Ali et crédibles aux yeux du citoyen lambda à cette époque. On a vu des « hommes d'affaires » acheter des fonds de commerce politique, recruter des « leaders d'opinion », en chasser d'autres et donc gérer les partis politiques comme on gère une ferme. D'où la multiplication effarante du nombre de ces partis qui ont atteint une proportion incompatible avec la réalité démographique du pays, dépassant ainsi le seuil des trois cents partis. Profitant d'un Code électoral aux malformations multiples et d'une Constitution qui souffre de plusieurs verrous, l'accès à l'Hémicycle est devenu aisé et facile même aux contrebandiers et autres spéculateurs et voyous. On a vu comment les ministres qui voulaient défendre l'Etat et ses projets sociaux, étaient laminés et roulés dans la farine devant les caméras pourvu que les lois scélérates qui accordent aux Turques ou aux Qataris et autres acteurs locaux, des privilèges ostentatoires pour saigner à blanc le pays, étaient adoptées avec de larges scores.
Ce sont de telles lois et d'autres qui ont sapé l'autorité de l'Etat dans le champ économique et dépossédé l'administration de ses mécanismes de régulation et de protectionnisme, qui ont fait entrer le pays dans des zones de turbulences sociales.
Mais pour que ce scénario noir soit cousu de fil blanc, on a essayé de faire porter à l'Etat la responsabilité du chômage en triplant en quelques années ses effectifs par des recrutements massifs au-delà de ses besoins réels.
Le fardeau est pour l'Etat
Les chefs de gouvernement successifs, pris à la gorge par la majorité parlementaire à la solde du parti islamiste Ennahdha et principal refuge des « hommes d'affaires » en détresse, sont devenus de simples marionnettes dont les fils sont tirés à Mont-plaisir. Pour approcher le parti islamiste et bénéficier de sa protection, il suffisait de délier la bourse et de montrer l'argent. En même temps, les nahdhaouis ont déroulé le tapis rouge aux prédicateurs pyromanes dont la mission était de recruter les jeunes pour les envoyer au jihad dans les foyers de tension à l'étranger ou commettre des attentats terroristes et des assassinats politiques dans le pays.
C'est ainsi que plusieurs terroristes ont pu filer à travers les maillons de la justice et éviter procès et prison alors que les hommes d'affaires véreux pouvaient continuer leur sinistre business aux dépens des Tunisiens.
Mais comment peut-il y avoir autant d'argent qui circule dans notre pays sans qu'il y ait une croissance, des emplois et de la prospérité pour tous ? Cet argent provient des circuits de la contrebande, de la spéculation, du trafic de stupéfiants et du commerce parallèle. Pour sa part, le circuit formel reste dominé par quelques familles depuis plus de soixante ans. Ces dernières familles de business men usent de leurs appuis et de leur fortune amassée sur le dos de l'Etat pour barrer la route aux jeunes promoteurs incapables encore de répondre aux termes techniques et financiers des grands projets d'investissement. Ils sont démunis face à la férocité financière de ces familles qui détiennent plus de 40% de la fortune en Tunisie. Ainsi, les grandes marques de franchise, pour ne citer que cet exemple, sont totalement entre les mains de ces familles.
Un sursaut salvateur
Depuis le 25 juillet 2021, le mouvement Ennahdha, dernier rempart de l'islamisme politique dans les pays arabes, est en train de s'écrouler. Les murs de son édifice ont commencé à se fissurer après dix années de règne en Tunisie où il a mis le grappin sur les rouages de l'Etat et mené le pays à la banqueroute, mais lâchant la bride à ses partisans pour saigner à blanc la trésorerie et s'enrichir sur le dos des citoyens. Le coup de semonce a été donné ce jour-là, quand le Président Kaïs Saïed a annoncé la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et la prise en main de tout le pouvoir exécutif. Le locataire de Carthage avait promis ce jour-là d'assainir le pays. Un assainissement qui commence, selon son projet politique, par la justice.
D'ailleurs, il a décidé de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et de le remplacer par un autre provisoire. Mais pour lui, ce sont des dispositions exceptionnelles indispensables pour « concrétiser la volonté du peuple », « pourchasser les corrompus » et « rendre justice aux Tunisiens ». En tout cas, c'est le parti Ennahdha et ses satellites qui sont dans le viseur du Président de la République.
Un coup dur pour le parti qui déploie tout ou presque pour faire avorter le projet présidentiel et qui est allé jusqu'à mener une guerre médiatique contre Kaïs Saïed l'accusant de haute trahison et de putsch contre la démocratie. Déjà, depuis l'élection du Président de la République, la tension était palpable entre Kaïs Saïed et le mouvement Ennahdha.
D'ailleurs, le locataire de Carthage accuse implicitement le parti Ennahdha d'avoir conduit, depuis la Révolution, une décennie noire ayant considérablement nui aux Tunisiens et à leurs droits. C'est ainsi que plusieurs enquêtes et procédures judiciaires ont été entamées contre ce mouvement et ses responsables, dont notamment Rached Ghannouchi.
Ainsi, le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, assassinés en février et juillet 2013, a révélé au cours d'une conférence de presse tenue à Tunis, « l'existence de données prouvant l'implication du président d'Ennahdha Rached Ghannouchi dans des affaires de blanchiment d'argent, d'intelligence avec des parties étrangères et d'espionnage sur des personnalités politiques et des responsables de l'Etat ».
Une crise exacerbée
Certes, la crise économique et sociale s'est exacerbée en Tunisie après le 25 juillet 2021. Tous les indicateurs convergent. Dégradation des notations de la Tunisie par les agences de notation. Les moteurs de l'économie qui calent, le pouvoir d'achat qui s'érode. Un tableau peu reluisant qui a poussé Ennahdha, le principal mur porteur de l'opposition islamiste, à pousser les Tunisiens dans la rue pour s'entretuer en vue de retrouver le chemin du pouvoir non par les urnes mais par la force. Sauf que cela n'est que vaine tentative car les Tunisiens ne sont pas dupes et ont décidé de rompre avec le passé sous toutes ses formes. Ils savent qui cherche à préserver la souveraineté financière de l'Etat, que les islamistes ont pillé et qui se frottent les mains en voyant les caisses du pays vides. C'est d'ailleurs dans cette optique que les enquêtes contre les forces du mal ont permis de démanteler plusieurs réseaux terroristes; d'autres de blanchiment d'argent ou de comploteurs contre la sûreté de l'Etat ont abouti à des arrestations d'hommes politiques et de leurs bras armés médiatiques.
Assainir l'administration
Mais malgré la ferme volonté de tourner la page de cette décennie noire, un décalage existe entre le discours politique pour redresser le pays et la réalité du terrain où les citoyens peinent à trouver les aliments de base, les médicaments et autres nécessités quotidiennes.
En effet, et en plus des lobbies de la spéculation, la collusion apparente avec des partis politiques, ce sont des hauts commis de l'Etat qui, au lieu d'être les premiers sur la ligne de front pour redresser les situations, dénouer les crises et trouver les solutions, agissent à des fins politiques et partisanes déclarées ou cachées pour ébranler le prestige de l'Etat en montrant que rien ne va, quitte à sévir avec cynisme et faire souffrir les citoyens. Certes, le pluralisme accorde le droit à tous les citoyens d'appartenir à des partis politiques, mais il n'est pas acceptable que des hauts commis de l'Etat usent de leur autorité à mauvais escient et s'emmêlent les pinceaux entre une casquette politique et celle de la fonction. L'on s'est longtemps demandé sur le décalage du discours entre les membres du gouvernement qui se saignent aux quatre veines pour maintenir à flot des administrations pour assurer la continuité d'un service public sur le point de craquer et sur la défaillance des structures en charge des affaires courantes des services publics qui tournent au ralenti et font voler en éclats tous les efforts consentis pour assurer aux citoyens leurs besoins quotidiens. D'autres font fuiter de fausses informations, divulguent des secrets professionnels ou font de la rétention de l'information une arme pour ternir l'image de l'Etat. Il est inadmissible que ces responsables qui ont accepté la mission de servir l'Etat détournent la vocation de leurs fonctions à des fins d'opposition politique au sein des administrations. C'est pourquoi le Chef de l'Etat a pris la décision d'assainir l'administration et un audit approfondi est en cours à cette fin.
Reconquête de la souveraineté
Partant du constat que des abandons de souveraineté au profit des puissances étrangères, des bailleurs de fonds et des agences de notation ont été effectués au cours des décennies qui ont suivi l'indépendance du pays, le cap de Saïed, c'est de conserver la maîtrise du destin du pays. C'est ainsi que les multiples ingérences dans les affaires internes de la Tunisie et la dépendance des marchés extérieurs font l'objet d'une riposte forte et à une fin de non-recevoir. Aussi est-il plus que jamais temps de remettre les pendules à l'heure et de rappeler que ces ingérences qui visent à brader la souveraineté nationale moyennant des aides, des dons ou des prêts sont des armes d'une époque révolue qui n'ont plus de place en Tunisie. Cette reconquête des attributs de cette souveraineté passe désormais, d'une part, par la réhabilitation de l'autorité de l'Etat et, d'autre part, par la lutte contre la spéculation, la contrebande, l'extrémisme et l'allégeance à l'étranger.
Certes, cette attitude patriotique dérange plus d'un et les pressions s'accentuent de jour en jour en vue de faire plier l'Etat tunisien fragilisé par un manque de ressources financières et englué dans une crise socioéconomique sans fin. Notre pays, qui demeure l'un des rares pays arabes à opposer un refus catégorique à la normalisation avec l'Etat sioniste et à ne pas s'enrôler tête basse dans les Accords d'Abraham, subit les foudres des protagonistes d'un nouvel ordre mondial injuste, discriminatoire et inhumain. Mais la maîtrise du destin de notre pays restera entre les mains de ses enfants qui ne sont pas prêts à troquer leur souveraineté nationale contre la peur de la précarisation et la vulnérabilité.
C'est une guerre de libération nationale qui succède à la fureur révolutionnaire de 2010. C'est une nouvelle page de l'histoire du pays qui est en train de s'écrire et qui finira par ouvrir de nouveau les lucarnes de l'espoir. Le legs est lourd mais le défi est passionnant et honorable.


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