C'est officiel : Habib Essid parlera devant les députés et leur demandera de lui renouveler leur confiance. Le bureau de l'ARP se réunit aujourd'hui pour décider de la date de la séance plénière au cours de laquelle les députés décideront du sort du gouvernement Essid Volte-face du chef du gouvernement, Habib Essid. Hier, il a fait parvenir une correspondance officielle à Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), lui notifiant qu'il n'acceptait pas de prendre part à la séance de dialogue avec le gouvernement programmée pour demain vendredi 22 juillet, et lui demandant de lui organiser une séance plénière au palais du Bardo pour que les députés renouvellent leur confiance à son gouvernement. Et c'est à l'issue de cette séance qu'on saura si Habib Essid et ses ministres resteront au pouvoir ou s'ils vont partir (tous ensemble) et céder la place à un nouveau chef de gouvernement, pas encore choisi par les signataires du Pacte de Carthage, et qui sera chargé de former le gouvernement d'union nationale dont la mission se traduit à appliquer le contenu du Pacte de Carthage, considéré comme le programme commun à mettre en œuvre avant l'expiration du mandat électoral issu des législatives du 26 octobre. Le choix de Habib Essid s'inscrit, comme le soulignent les observateurs, «parmi les trois formules prévues en l'état actuel des choses par l'article 98 de la Constitution : la motion de censure devenue impossible par le fait de la prolongation de l'état d'urgence pour deux mois encore, la démission volontaire du chef du gouvernement entraînant automatiquement celle de ses ministres et enfin la sollicitation du renouvellement de confiance auprès du Parlement». La balle est maintenant dans le camp du président de l'ARP et de son bureau qui disposent d'un délai de 7 à 10 jours pour la convocation d'une séance plénière au cours de laquelle sera discutée et votée la sollicitation de renouvellement de confiance soumise officiellement par le chef du gouvernement. Et commencent les décomptes pour savoir quand cette séance plénière aura lieu et pour savoir si le fameux délai du lundi 25 juillet fixé auparavant pour l'annonce du nom du prochain chef de gouvernement d'union nationale sera respecté. Essid peaufine sa sortie Reste à savoir comment les acteurs du paysage politique national ont réagi à la demande de Habib Essid à ce que le parlement lui renouvelle sa confiance. Abdelaziz Kotti, porte-parole de Nida Tounès qui intervenait, hier matin, sur une radio privée au moment où la décision de Habib Essid a été rendue publique, considère que «le chef du gouvernement est libre de choisir la manière avec laquelle il va quitter le palais de La Kasbah. Et en tout état de cause, les députés ne lui renouvelleront pas leur confiance. Que va-t-il dire en s'adressant aux députés ? C'est sûr qu'il va défendre son bilan et passer en revue les difficultés qu'il a rencontrées et qui font que son rendement soit faible, plus particulièrement sur les plans économique et social». Le porte-parole de Nida Tounès, qui avoue ne pas être au courant de l'appel lancé par Ridha Belhaj et Boujemaâ R'mili pour la tenue, dans les plus brefs délais, du conseil national du parti, ajoute : «Au sein de Nida Tounès, on multiplie les rencontres en vue de peaufiner nos positions sur le choix du prochain chef de gouvernement. Et nous restons ouverts à toutes les propositions ou initiatives visant à ce que notre parti retrouve sa cohésion même si nous considérons que ce qui s'y passe est plutôt un signe de bonne santé démocratique, contrairement à d'autres partis politiques, et ne badine pas avec la discipline et l'application des ordres». Quant à Mondher Zenaïdi, ancien ministre du président Ben Ali et ancien candidat à la présidence de la République, il souligne que «la résistance dont a fait preuve Habib Essid jusqu'ici est une forme de défense de la notion d'Etat. Le chef du gouvernement mérite un meilleur traitement pour ce qu'il a réalisé au profit du pays». «Habib Essid a le droit de parler et de répondre à ceux qui lui demandent de partir et exercent sur lui toutes les formes de pression», renchérit le constitutionnaliste Amine Mahfoudh. «Va-t-il enfin dire au peuple tunisien les vérités qu'on nous promet depuis la révolution mais que nous attendons toujours?», ajoute-t-il. Les Tunisiens devaient avoir, hier soir, rendez-vous avec une répétition de ce que Habib Essid va dire aux députés, en suivant l'interview accordée par le chef du gouvernement à la chaîne Ettassiaa TV.