Par Samira DAMI «Réinventer la Médina de Sousse», c'est l'ambition et le rêve du collectif d'action pour la Médina (CAM). Pour cela, le collectif, créé en 2009 et motivé notamment par l'amour et la passion portés à la ville de Sousse, a lancé l'opération «Tabba3ni... 48 heures bled el Arbi» (ou suis-moi 48 heures dans la Médina) pour la 3e fois consécutive. Le CAM a pour objectifs la défense du patrimoine, la réhabilitation de la Médina, le développement humain durable et la création culturelle. Pour favoriser la réhabilitation du cœur historique de Sousse et réconcilier le public avec le patrimoine architectural et artisanal de la perle du Sahel, d'où les parcours et les chemins de découvertes, sortes de visites guidées avec des spécialistes et des amoureux de la Médina de Sousse. Quand on connaît son passé, on savoure mieux le présent et on se projette plus judicieusement dans l'avenir. C'est pourquoi le CAM, chapeauté par Najet Nabli Ayed, offre «une plateforme de rencontre avec des artistes de tous bords et toutes disciplines confondues, soit un cadre alternatif pour la création et la créativité et pour la valorisation du patrimoine». Enfin, l'opération «Tabba3ni» représente une occasion, et pas des moindres, selon le collectif, «pour redorer, quelque peu, le blason de la vénérable cité et de sortir le vieux centre de Sousse de l'oubli et de la marginalisation». Cette action est d'autant plus la bienvenue qu'il s'agit, selon le CAM, de contribuer, par ce coup de projecteur et cette action, à «donner une image positive à une Médina sinistrée depuis les derniers attentats terroristes et de redonner un peu d'espoir aux commerçants, artisans et habitants de cette ville antique malmenée par la conjoncture géopolitique». Conscience et affluence La 3e édition de «Tabba3ni» s'est déroulée, donc, les 15, 16 et 17 juillet et le public d'enfants et d'adultes a pu découvrir, en famille, durant 3 jours, les secrets et les richesses des sites les plus insolites et les plus connus de la Médina de Sousse. Cela grâce à des visites à travers les «Parcours de découvertes» (histoire de la cité éternelle racontée par Néjib Faïz, les visites avec Marwa et Mohamed Saïdane), outre les visites à tavers les musées et «les chemins du patrimoine», sortes de «balades magiques» et de fenêtres ouvertes sur les galeries, les souks, les marchés emblématiques et sur les ateliers d'artisans («si» Abdelaziz le tisserand, Kolthoum la brodeuse d'habit traditionnel, l'artisane Ahlem Tej et autres designers). Côté performance artistique, le public a goûté au plaisir de la musique traditionnelle en suivant, dans ce festival diurne mais aussi nocturne, des concerts sur des places publiques (places Driba et El Gharbi). Cela sans compter le cirque de rue et les «haltes gourmandes» où les visiteurs ont apprécié les spécialités sahéliennes et tunisiennes, toujours dans les espaces et terrasses de la médina qui offrent une vue panoramique imprenable. Des spectacles, spécialement concoctés pour le festival, ont été présentés dans les espaces de la ville antique, les ballets de danse «ouled Jallaba» de Rochdi Belgasmi et de la chorégraphe Monia Lakhdar ont épousé les caractéristiques architecturales des lieux. Le conte, également, ancienne expression orale, était de la partie avec «Soussa Laâroussa» de Tarek Zorgati. «Tabba3ni» invite, chaque année, des artistes confirmés et des personnalités publiques qui contribuent par leur présence à affirmer leur solidarité avec la stratégie de réhabilitation de la Médina de Sousse. Après Raouf Ben Amor, Raja Farhat, Jalila Baccar, Fadhel Jaïbi, Fethi Heddaoui qui ont croisé le public lors des éditions précédentes, cette année c'est au tour de Atef Ben Hassine, Maryem Belhassine et d'autres de rencontrer les visiteurs et de se montrer ainsi solidaires de l'action «Tabba3ni». Laquelle n'est pas sans retombées économiques et culturelles. Puisque l'animation entre et hors les remparts de la médina génère l'affluence des visiteurs venus de Sousse ou d'ailleurs. Ce qui crée une dynamique tous azimuts touchant plusieurs secteurs patrimoniaux et sécrète une image plus vivante, colorée et festive du centre historique de la perle du Sahel. Pareil mouvement citoyen de défense du patrimoine architectural, artisanal et culturel, on en redemande!