Par Jalel Mestiri Le mythe du football 100% propre ne tient pas vraiment Il n'existe aucun produit capable de faire d'un mauvais joueur un bon joueur et d'un bon joueur un grand joueur. Mais les affaires de dopage ne cessent de secouer le monde du ballon rond. Le terme «secoué» paraît comme un peu excessif tant dans ce domaine. Mais quoi qu'il en soit, le monde du football s'apparente le plus souvent à un au monde de silence... Oui, le silence entoure le dopage dans le football. Cela se fait particulièrement au détriment des joueurs qui y laissent leur santé et parfois la vie. En 2003, le rapport demandé par le juge italien Raffaele Guarinello dressait un tableau pour le moins alarmant : en étudiant 24.000 anciens footballeurs professionnels italiens, il apparaît que ces sportifs sont deux à dix fois plus fréquemment touchés que le reste de la population par le cancer du côlon, du foie, de la thyroïde, de la leucémie ou la sclérose. Le mythe du foot 100% propre ne tient pas, vraiment. Le ballon rond rassemble, en effet, tous les ingrédients explosifs favorables au dopage : gros enjeux financiers, grosse pression médiatique, carrière courte des joueurs, inflation incessante du nombre de matches, entrée dans la carrière à un très jeune âge. Autant d'éléments qui peuvent favoriser la triche. «Le football est un sport technique où le dopage a peu d'intérêt»... Opposant sans cesse le cyclisme et le football, ce discours a longtemps été le leitmotiv des clubs et des instances qui dirigent les différentes compétitions. Quand il était encore président de la Fifa, Sepp Blatter lui-même a longtemps défendu cette thèse au point de convaincre une partie du grand public. L'idée est là: on ne pense pas qu'il y ait du «dopage organisé dans le football»en Tunisie. Mais il y a bel et bien quelques cas isolés. Le constat ne manque pas de faire rebondir les commentaires et les analyses des différents côtés. On ne voit pas justement les clubs de football organiser leur dopage. Dans le football, la lutte anti-dopage est un sujet délicat ! Ainsi en 2006 pendant le Mondial allemand, la Fifa n'a pratiqué aucun contrôle sanguin pour détecter d'éventuelles transfusions. Il s'agit là d'un pilonnage de désinformation auquel est habitué le monde du football. Pas vu, pas pris !... Tous les dirigeants du football nous font croire que les joueurs sont plus performants s'ils carburent exclusivement à l'eau de source : «Le dopage est inefficace dans le foot», ne cesse-t-on d'entendre. Le slogan "football sans blessure ni dopage". n'enlève pas l'idée que le football est gangrené par les transfusions sanguines, l'EPO et autres hormones indétectables. Présent depuis les années 1920, ce fléau a pris aujourd'hui de nouvelles formes plus insidieuses et médicalisées. On glorifie celui qui court en 10,1 secondes et non celui qui réalise un temps de 10,2. Or les deux courent très vite. Cela devient très dangereux car nous glorifions celui qui gagne. Peu importe les moyens utilisés. Pourquoi le recours aux substances dopantes est-il très avantageux dans le football ? Comment peut-on savoir qu'un footballeur est dopé ? Y a-t-il des joueurs qui ne savent carburer qu'aux vitamines ? Le dopage a-t-il coulé la carrière de certains grands joueurs ? Le cas Ronaldo ? Autant de questions qui restent sans réponse. Une chose est cependant sûre: le football n'est pas épargné par le dopage. Chez nous, on ne fait pas assez de tests de contrôle et de dépistage. Le dopage généralisé qui touche aussi le foot tunisien fait l'objet d'un déni qui l'est tout autant. Reconnaître l‘étendue du phénomène serait sans doute admettre trop ouvertement que l'important dans le football n'est pas de participer, mais de gagner. On connaît la célèbre citation : «Il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques». Les acteurs de la lutte antidopage qui sont chargés de faire les contrôles appartiennent au monde du football. Donc bien entendu qu'ils vont dire qu'il n'y en a presque pas. La coupe du monde de football est l'épreuve sportive de grande importance où l'on détecte le moins de cas positifs de dopage. Ils sont les derniers de la classe, mais ils renversent le sens des chiffres et se déclarent premiers : puisqu'ils n'attrapent personne, c'est qu'il n'y a pas de dopage!...