Ibrahim Maâlouf a créé la surprise, mardi dernier, au Festival de Hammamet. Jusqu'à présent, c'est l'artiste qui a drainé le plus de spectateurs. Peu avant 22h00, une longue queue de fans s'est formée devant la porte d'entrée. A l'intérieur du théâtre, les gradins étaient déjà pris par un public venu tôt pour occuper les places. Mais d'où vient le succès de ce trompettiste jusque-là inconnu en Tunisie. C'est sans doute les réseaux sociaux qui ont fabriqué l'image de marque du musicien et contribué à le rendre aussi célèbre. La musique instrumentale n'a jamais eu un intérêt particulier chez le public tunisien ou si peu, si on excepte notre musicien national Anouar Braham. En peu d'années, Ibrahim Maâlouf, auréolé du succès considérable de sa trilogie entamée en 2007 et de ses Victoires du jazz en France, il a gagné l'estime de ses pairs, mais surtout des amateurs de musique qu'il a pu séduire avec une fusion de jazz occidental teinté de musique orientale. Un mélange réussi et 100% gagnant. L'histoire d'amour entre le public tunisien et le trompettiste et compositeur Ibrahim Maâlouf a commencé ce mardi 26 juillet sur la scène du Festival de Hammamet au cours d'un concert qui affichait complet. 22h00 pile, le musicien accède à la scène en compagnie de ses musiciens sous l'accueil bienveillant des spectateurs dont plusieurs sont restés sur les marches ou carrément debout. Tout de suite, le charme s'opère entre le public et l'artiste, et ce, dès les premières notes. Une belle complicité va se créer, surtout lorsque Maâlouf demande au public de chanter quelques onomatopées pas plus. Le public adhère et suit le jeu. Il se laisse guider sans réserve. Pas une minute de répit, les morceaux s'enchaînent les uns les autres. Le public lui fait la réplique et l'artiste de communiquer ses souvenirs de ce «Red Black Light». «J'étais en pyjama lorsque je l'ai composé et je ne pensais pas de l'effet qu'il pouvait faire. Ce soir, je comprends mieux», a avoué le compositeur. Elégante, puissante et excitante, sa musique est aussi sincère que le sont ses propos, notamment lorsqu'il évoque ce morceau «Les essentielles», qu'il dédie aux femmes de sa famille : mère, sœur et tantes. «C'est grâce à elles que je suis là», a-t-il confié. Mais le hasard à lui seul ne fait pas l'artiste. Derrière, il y a beaucoup de travail et la recherche d'une musique qui crée un pont entre l'Occident et l'Orient, une musique qui réconcilie les cultures et échappe aux codes pour dégager une rafale sonore excitante, à l'instar d'un bon match de foot. Une musique au rythme envoûtant qui fait chanter, qui fait danser le théâtre de plein air de Hammamet. Et ce musicien franco-libanais bluffe tout le monde, car qui aurait pu imaginer que la musique instrumentale, en l'occurrence le jazz, pouvait drainer autant de spectateurs ? Encore une fois avec sa trompette à quarts de ton capable de créer des fusions de jazz oriental, d'opéra hip hop, de rock et d'impros, il a donné la preuve que le talent ne s'invente pas. En un mot, Ibrahim Maâloul est la grande révélation du Festival de Hammamet 2016.