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Nous ne sommes plus arabes !
Notre identité en question
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 07 - 2016


Par Ahmed Dhieb*
Depuis quelques années maintenant, l'actualité abonde de ces tueries barbares, en petites masses.. Soixante.. Quatre-vingt-quatre... Trente-huit... Certains pays sont devenus une cible privilégiée.. Y compris notre pays... Et dès lors nous égrenons la moindre information, le moindre détail, concernant deux choses : la nationalité du tueur et l'arme avec laquelle ce forfait a été exécuté. Et puis nous essayons de savoir s'il s'agit d'un mégalo, d'un parano, d'un illuminé. En fait pour un Occidental ce serait un Arabe, un musulman, avec forcément l'amalgame se glissant dans tout. Pour ce qui est de l'arme, c'est la bombe, la kalachnikov, la hachette, et dernière invention me diriez-vous, un camion... Eh oui, un simple camion.
Pour autrui c'est donc l'Arabe. Dès lors qu'il s'agit d'un écervelé de notre rive. A telle enseigne que la récente étude ethno-génétique n'est point passée inaperçue ; et ces évènements m'amènent à commenter la récente étude sur les origines des peuples d'Afrique du Nord. Publiée sur les réseaux sociaux, les commentaires et partages foisonnent. Cette étude exprimant l'intérêt légitime de la quête de tout un chacun pour ce qu'il en est de ses origines. Elle a dans le même temps remonté le moral de beaucoup d'entre nous (?). En effet, nous sommes à peine arabes... Pour sept pour cent simplement. Guère plus. Et dès lors, j'ai vu certains collègues bombant le torse enfin, avec preuve ; cette étude génétique qui montre que nous, peuples du Maghreb, sommes d'origine européenne. Quelle heureuse découverte!....Beaucoup de commentaires de concitoyens réconfortés.. Le vacarme tonitruant de l'arabité a cessé en un clin d'études..Notre barbarie a soudain disparu. Nous pouvons afficher notre degré d'européanité sans ambages. Sur notre carte d'identité, et le passeport, le visa de droit... Nous serons de fait un pays de l'Union européenne. Oubliés Alyssa, Hannibal, Okba et les Beni Hilal surtout. Pour autrui cependant, ne sommes-nous pas dès lors soumis à l'impérialisme wahhabite, daéchiste, avec cette image d'Arabes qui se prosternent cinq fois par jour vers un conquérant situé en Arabie, pire vers un cube de pierres, la Kaaba, en pleine rue civilisée de Paris ? Dans cette étude, le plus important est que nous ne sommes pas arabes.. Nous n'appartenons plus à cette entité d'Arabes arriérés qui se soignent encore avec l'urine de dromadaires. Cette urinothérapie dromadairienne serait le point culminant de l'esprit rétrograde de cette arabité. De plus, la langue arabe est tellement difficile, compliquée, tourmentée et sibylline, qu'une origine européenne de ce peuple tunisien légitimerait l'utilisation du français. Ce qui a permis à un professeur émérite de la faculté de Médecine de dire récemment à la Cité des sciences de Tunis, au début d'une conférence avec pour sujet la médecine carthaginoise, textuellement : «Je vais vous parler en français parce que je considère que le français est une langue d'origine tunisienne... Elle a deux sources, une première arabe et une deuxième berbère». Et de donner sa conférence en français avec quelques couplets de poésie d'Imrouou el Kais et quelques adages arabes.... Il aurait été plus simple de lui dire que certes la langue française comporte quelques trois mille mots d'origine arabe, selon l'étude de Fatma Lakhdhar.. Mais aussi que toute langue se nourrit des langues environnantes, telles que le berbère ou l'anglais. On voulait lui dire aussi que la nouvelle constitution tunisienne autorise une certaine ouverture sur les autres langues, mais que la langue nationale reste quand même l'arabe. Même si la nouvelle réforme de l'enseignement ne parle guère de la langue d'enseignement... Oubli de taille ; qui pèsera lourdement sur l'avenir de cette même réforme... Au total, nous n'avions même pas fait la remarque à cet éminent professeur, tellement son propos était injuste... Nous ne voulions pas évoquer non plus ce jour noir pour certains intellectuels lors de la promulgation de l'article 39.... Injuste vis-à-vis de cette langue qui a résisté dix-huit siècles.. Car en fait nous sommes les seuls peuples à pouvoir parfaitement lire et comprendre une mouallaqa de Antar, ainsi qu'un beau poème de Chebbi ou de Adonis..
Peut-être aussi que cette étude génétique va faire pousser des ailes à ceux qui ne se reconnaissent pas dans leur arabité. Bien entendu, je pourrai citer tant d'anecdotes attestant du refus de cette arabité. Maladie à peine contagieuse mais surtout maligne qui essaime ses métastases dans le cerveau des habitants et qui les rend schizophrènes. Nous sommes lavés du péché de l'arabité.. Lavés du soupçon d'appartenance à cette racaille. Guéris de cette tare définitivement de par cette enquête américaine!
Cette arabité qui a formé Al-Qaïda puis Daech. Tiens, on ne peut pas dire le contraire. Ces gens là, euh que dire, ces bêtes féroces, ont un drapeau noir avec une écriture arabe. Et à propos, les Arabes et les musulmans ont incendié des ambassades et tué des centaines de personnes pour un dessin danois de leur Prophète avec un turban portant une bombe. Mais aucun n'a hurlé, ne s'est révolté, n'a manifesté contre ce qui est écrit sur ce drapeau noir... alors que ces barbares décapitent et brûlent vifs des hommes et des femmes en criant Allahou Akbar... Bizarre non ? C'est cela je crois, la schizophrénie de ces arabes hypocrites, auxquels nous ne voudrions pas appartenir.
Donc nous ne sommes pas arabes. Nous sommes berbères, nous sommes andalous, nous sommes phéniciens, carthaginois, romains, vikings, tout ce qu'on veut ; mais pas arabes.. L'essentiel est que nous ne sommes pas arabes.
Admettons.
Alors en tant qu'anthropologue, il a été essentiel pour moi de remettre les pendules à l'heure. Et je ne vais pas donner de réponse à ce questionnement, à cette quête d'identité, et surtout au refus d'appartenance à ce tas d'ordures.. Même si cela choquerait certains esprits quelque peu rassurés, a priori.
De passage au musée de Carthage Byrsa, il y a cette statuette en cire de ce Carthaginois reconstruit par Leyla Sebai. L'avez-vous bien regardée ? Avez-vous remarqué sa dentition ? Ce Carthaginois, en effet, possède trente-deux dents fonctionnelles. Combien en avons-nous aujourd'hui, 2.500 ans plus tard ?
Il y a deux millions d'années, aux confins de la Rift Valley en Ethiopie, se redressait notre ancêtre l'homo erectus. C'est un australopithèque qui possède la moitié en poids de notre cerveau actuel. Mais libérant ses mains, il a fini par utiliser quelques branches et des pierres monofaces avec lesquelles il taillait la peau des bêtes dont il se nourrissait. Il a quitté son Afrique pour se diriger vers l'Europe et l'Asie. Première vague de migration Sud-Nord.
Bien plus tard, c'est l'homo habilis qui va être, comme son nom l'indique plus habile et qui pourra tailler ses pierres. Il disposera de véritables outils, lui permettant de mieux se nourrir et de se défendre. Son habileté le distinguera définitivement des simiesques. L'outil sera le signe pathognomonique de l'humanisation.
L'homo sapiens, émerveillé par l'éclat du feu, a attaqué ce même feu pensant qu'il s'agissait d'un véritable animal. Il en fit un allié qui va lui permettre de griller sa viande et de réduire son appareil masticateur. Sa dentition se réduira. Son muscle masticateur descendra de sa carène crânienne vers la tempe. Mais ce feu lui permettra une certaine protection contre les animaux féroces. Dompter le feu fut une grande œuvre de l'homme.
Par ailleurs il va quitter sa Rift Valley et s'éparpiller vers l'Afrique du Nord , vers l'Europe, l'Asie, l'Océanie et les Amériques... Cela s'est passé il y a quatre-vingt mille ans. La grande migration de l'homme.
Origine commune de tous les humains
L'homo sapiens a représenté la racine commune, africaine de toute l'humanité. Et vous avez sans doute compris pourquoi notre appareil masticateur s'est réduit tant est si bien qu'actuellement un tunisien descendant de cet homme carthaginois de Byrsa ne possède plus que vingt-huit dents fonctionnelles.. Au lieu de trente-deux. Preuve irréfutable de cette évolution...Et n'en déplaise aux irascibles et criards théologiens de paille dont les prédications ne valent pas un seul cheveu de femme dans le domaine des sciences.
Du reste, l'histoire raconte qu'une fois que Youri Gagarine a fait le tour de la terre dans son vaisseau spatial, il aurait été invité par tous les leaders du monde. Et, de passage au Vatican, il a dit au Pape : «Vous savez votre Sainteté, j'ai été là-haut et malheureusement pour l'église, il n'y a pas de Dieu». C'est alors que le pape lui demanda d'occulter cette chose moyennant une belle somme déposée sur un compte en Suisse. Et une fois en Amérique, il a été reçu par le président Johnson. Gagarine lui dit : Vous savez Monsieur le Président, j'ai été là-haut et j'ai rencontré Dieu. Il existe bel et bien. Le président lui dit : Nous n'avons pas de problème avec la foi.. nous sommes démocrates, on y croit ou on n'y croit pas, cela nous est égal.. Et Gagarine de lui dire : Ah mais j'ai pour vous une mauvaise nouvelle : Dieu est noir... Vous devinez la surprise et le désarroi de ce Président raciste...
Pour revenir à nos concitoyens, en fin de compte, je comprends cette glorieuse découverte du pauvre tunisien qui ne veut pas être arabe. Lavé de tout péché d'appartenance aux barbares coupeurs de têtes depuis quatorze siècles. Vraiment ? Car au total, nous sommes tous issus d'une seule espèce humaine commune africaine. Mais savait-il que si nous ne sommes pas arabes, nous avons tous été noirs. Nous sommes tous africains noirs au départ. Y compris les Asiatiques, les Européens bruns et blonds, aryens et vikings compris.
C'est la régression progressive de mélanine et de mélanocytes au niveau de notre peau selon le climat où nous vivons qui donnera cette décoloration.. Certains humains sont devenus blancs, voire très blancs. Et d'autres plutôt bruns. Tout dépendra de notre situation géographique par rapport à l'Equateur... Par rapport à l'ensoleillement. L'homme capsien de la région de Gafsa a été il y a quelques quinze mille ans notre représentant connu. Sans doute bronzé. Se nourrissant de mollusques... Mais là, c'est une toute autre histoire.
*Membre de la Société internationale d'histoire de la médecine AEA en anthropologie humaine [email protected]


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