La clé du décalage et du rebondissement du jeu espérantiste est dans la projection et pas seulement dans le positionnement. L'idée collective de l'effort, du surpassement et de la performance n'est pas nouvelle à l'Espérance. On reconnaît à cette équipe, à tout un ensemble, l'aptitude de forcer la décision, ou encore de forcer le destin. Il faut dire qu'une telle entreprise a été souvent l'apanage de certains joueurs. Décisifs et capables à tout moment de faire la différence. Depuis quelques années, notamment lors des quatre dernières saisons au cours desquelles elle n'a pas connu de consécration, l'EST est cependant en manque de joueurs déterminants, libérateurs. Ceux qui ont la capacité de débloquer les différentes situations dans les moments difficiles. Autant les exemples étaient nombreux dans le passé, autant ils sont aujourd'hui en manque d'affirmation. Tels qu'ils ont pris l'habitude de se revendiquer ces derniers temps, les joueurs ‘'sang et or'' ont souvent manqué de régularité dans leurs prestations. Ceux qui arrivent à retenir l'attention, ou encore à laisser entrevoir certaines prouesses, ne vont pas loin. Résultat: l'équipe espérantiste a marqué le pas dans la course aux titres. Plus encore, elle a cédé le profil et l'étoffe de championne à ses adversaires directs. Cela fait quelque temps maintenant que l'on réalise que l'équipe ne peut pas, ne peut plus reposer seulement sur la solidité de son arrière-garde pour s'imposer. Avoir une bonne défense est certainement l'un des principes fondamentaux d'une équipe de football. Il fut un temps où le football espérantiste puisait sa sublimation essentiellement dans les systèmes de jeu sous forme d'initiative, d'imagination et d'inspiration. Le rôle de l'entraîneur était souvent déterminant dans cette approche. Plus encore, le phénomène s'est davantage accentué, notamment à travers l'évolution et la revendication de nouvelles dispositions de jeu dans certains postes — tout particulièrement celui de latéral — qui était devenu la source des attaques et des options offensives de l'équipe. Lesquelles sont devenues au fil du temps une obligation de rendement et de comportement. La maîtrise du jeu n'était pas le seul apanage des attaquants espérantistes, mais aussi des joueurs dont les dispositions leur permettaient justement de se reconvertir outre mesure. Le profil de ces joueurs, on le voit peu, très peu au sein de l'équipe d'aujourd'hui. Les arrières latéraux ne vont pas au-delà des instructions et des restrictions tactiques. A qui la faute? Certainement à l'entraîneur qui préfère aligner le maximum de joueurs de champ. La clé du décalage et du rebondissement est dans la projection et non dans le positionnement. La méthode espérantiste diffère d'un technicien à l'autre. Mais le résultat est resté ces derniers temps le même : les défenseurs à tempérament offensif sont rarement à l'ouvrage. L'autorégulation du système On ne sait pas si la dernière recrue surprise, Hichem Belkaroui, fait partie de ces défenseurs capables de donner une plus garde dimension au jeu de l'équipe sur le double plan défensif et offensif La priorité pour Souyah serait, à moins qu'il ait changé de conviction et de stratégie en prévision de la prochaine saison, de choisir le meilleur moyen de ne pas encaisser de buts et de ne jamais ouvrir de fenêtre d'opportunité pour l'adversaire. Lors de l'exercice écoulée, on voyait la formation espérantiste miser essentiellement son jeu sur l'impératif de garder le ballon suffisamment loin de son but pour ne pas risquer de danger direct. Les choix étaient la plupart du temps orientés vers cette exigence. Mais l'EST aurait besoin aujourd'hui d'une relance de jeu propre et inspirée. C'est ce qu'elle illustrait, parfois à la perfection dans le passé. Derrière cette option, il y a bel et bien une constante : le jeu offensif échappe des fois aux attaquants et devient de plus en plus l'apanage des défenseurs. Cependant, il faut reconnaître que le principal problème qui se pose est le replacement défensif. Une tâche qui demande beaucoup d'endurance et de vitesse. Un bon dosage des efforts est dans ce cas exigé. Notamment, lorsque le système de jeu choisi a une forte dominante offensive. Il ne faut pas oublier que la base de toute tactique est le dispositif de jeu. Du 4-4-2 au 4-3-3, en passant par le 3-5-2, tous les dispositifs tactiques ont pour but d'orienter et de définir le positionnement et placement des joueurs les uns par rapport aux autres et déterminer leur champ d'action. Mais peu importe les dispositions de l'équipe et le talent de ses joueurs, l'EST ne peut jamais faire l'économie d'efforts collectifs. C'est là qu'est la vraie différence avec la grande philosophie de ces dernières années: le football impliquant le maximum de joueurs dans les différentes phases de jeu et qui profite aussi bien des relayeurs modernes que des qualités offensives des latéraux.