Aujourd'hui, réunion de nouveau au palais de Carthage, pour avaliser le choix présidentiel de Youssef Chahed en tant que chef du gouvernement d'union nationale Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, n'a pas attendu l'expiration du délai des dix jours que lui accorde la Constitution pour révéler l'identité de la personnalité qu'il désire voir conduire et former le gouvernement d'union nationale que tout le monde attend pour fin août au plus tard. Lundi soir, le chef de l'Etat a révélé son choix : ce sera Youssef Chahed, le ministre actuel des Collectivités locales, membre de la direction de Nida Tounès et ancien président de la commission de réconciliation au sein du même parti. L'annonce-suggestion a été faite par le chef de l'Etat à l'occasion du lancement des consultations sur la constitution du prochain gouvernement en présence de tous les partis et organisations professionnelles signataires du Pacte de Carthage consistant en le programme commun que le prochain gouvernement aura à appliquer d'ici la fin de la mandature issue des législatives du 26 octobre 2014, c'est-à-dire d'ici fin 2019. Et la proposition du président de la République est censée devenir une désignation officielle à condition que les participants à la réunion qui se tiendra au palais de Carthage, aujourd'hui, lui donnent leur aval. Mais en attendant que Youssef Chahed reçoive sa lettre d'accréditation, la journée d'hier a été riche en commentaires et en réactions des partis signataires du Pacte de Carthage et aussi de la part des analystes et observateurs qui suivent le processus de formation du gouvernement d'union nationale depuis le 2 juin dernier quand le président Caïd Essebsi a annoncé son initiative sans que personne n'en soit informé auparavant, en premier Habib Essid, chef du gouvernement, et Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha. «L'homme que l'étape exige» Sofiène Toubal, chef du groupe nidaïste au Parlement (qui se prépare à recouvrer son statut de première formation au sein du palais du Bardo à la rentrée parlementaire) n'y va pas par quatre chemins pour déclarer que «le chef de l'Etat a fait le meilleur choix possible en optant pour Youssef Chahed, l'homme que l'étape exige. Il réunit toutes les conditions demandées pour réussir: la jeunesse, dans la mesure où il n'a que 41 ans, un passé militant avéré et le courage des idées ainsi que l'audace d'appliquer les mesures prises». Et le responsable nidaïste d'ajouter: «Au sein de Nida Tounès, Youssef Chahed n'a que des amis et personne n'essayera de lui imposer qui que ce soit ou quoi que ce soit parce que nous savons qu'il ne pliera jamais sous la pression ou les conseils amis». Quant à Saïda Garrache, conseillère au palais de Carthage et membre de la direction de Nida Tounès, elle est convaincue que «Youssef Chahed amènera beaucoup de jeunes et des femmes au gouvernement qu'il va former». «Le choix du président est à la fois celui du cœur et de la raison. Essebsi a déjà prouvé qu'il se rangeait du côté des jeunes qui méritent d'assurer de hautes fonctions au sein de l'Etat. Aussi, les femmes occupent une place importante dans la pensée du chef de l'Etat pour ce qu'elles ont fait et continuent à faire afin que notre révolution ne déraille pas». Mehdi Ben Gharbia, le seul député élu au nom de l'Alliance démocratique qu'il a quittée depuis pour rallier le groupe dit social-démocrate, ne tarit pas d'éloges sur «le futur chef du gouvernement dont l'intégrité est avérée et dont le courage n'est plus à démontrer. Il a réussi, l'espace de six mois, à mettre sur les rails un ministère, les collectivités publiques, qui n'avait à sa création ni organigramme ni siège». Est-il disposé à faire partie du prochain gouvernement si Youssef Chahed le lui demande ? «Oui, répond le député, à condition d'avoir des garanties solides selon lesquelles le gouvernement appliquera à la lettre le programme commun». Branle-bas de l'opposition signataire du Pacte Les partis de l'opposition qui ont signé le Pacte de Carthage donnent l'impression, à travers leurs déclarations et les réunions de concertation tenues hier, qu'ils ont été pris au dépourvu ou au moins surpris par la proposition du président de la République. Hier, Issam Chebbi, porte-parole d'Al Joumhouri, a déclaré : «A quoi peut servir la réunion de demain (aujourd'hui) au palais de Carthage si le chef du gouvernement est déjà connu ? Est-ce qu'on nous invite pour donner notre aval à un chef de gouvernement déjà connu ? En tout état de cause, nous allons nous entendre sur une position commune». Et ce «nous» englobe les partis de l'opposition, Al Massar, Al Joumhouri et Achaâb qui se concertaient hier soir avec l'Ugtt pour assister aujourd'hui à la réunion du palais de Carthage, «forts d'une position commune et munis aussi de certains noms pour qu'il y ait réellement une possibilité de choix», précise encore le porte-parole d'Al Joumhouri.