A l'initiative de l'Unft, qui fête son 60e anniversaire, une conférence internationale était organisée : une occasion de faire le tour des problèmes et des défis pour les femmes d'ici et d'ailleurs. Qui mieux que les femmes pourrait mettre le doigt sur les véritables problèmes touchant la gent féminine dans le monde arabe? Plusieurs représentantes des différentes organisations féminines arabes et africaines viennent de participer, vendredi dernier, à la conférence internationale organisée par l'Union nationale de la femme tunisienne (Unft). La rencontre a traité de l'état actuel de la femme arabe et africaine, et de l'apport des organisations féminines en matière de libération et d'autonomisation des femmes. Il faut dire que la situation des femmes dans le monde arabe est caractérisée par certaines spécificités socioculturelles, vouant la femme au statut de dominée, de subordonnée à son alter ego, l'homme. Depuis les années soixante, plusieurs organisations ont vu le jour. La plupart d'entre elles agissent en collaboration avec les institutions nationales arabes, tout en allant à contre-courant, dans le but de faire changer les choses pour le mieux et d'aider la femme à briser les chaînes discriminantes qui l'accablent. «L'Union générale de la femme arabe et l'Union égyptienne des femmes, tout comme l'Unft, comptent parmi les premières organisations féministes dans le monde arabe. Elles ne réservent pas leur activisme à la femme seulement, mais à toute la famille et à toute la société. La cause féministe est une cause sociale par excellence», souligne Mme Houda Badrane, secrétaire générale de l'Union générale de la femme arabe. L'impérative insertion dans la vie politique et collective Certes, le rôle de la femme est multiple. Toutefois, certaines missions-droits restent en veilleuse, au profit de l'esprit patriarcal. La présence de la femme sur le front révolutionnaire a été fort significative. Cela dit, une fois le pays mis sur les rails politiques, les femmes se trouvent exclues des trois domaines du pouvoir : législatif, juridique et exécutif. Mme Badrane souligne ce paradoxe sexiste : «La place qu'occupe la femme dans le pouvoir législatif devrait être de 50%, vu qu'elle constitue la moitié de la société. Sauf qu'en réalité, elle n'excède pas les 30%». La femme a réussi à intégrer le domaine juridique dans onze pays arabes, mais pas en Egypte. «Nous ne comptons aucune femme juge en Egypte», révèle l'oratrice. Qui attire aussi l'attention sur la marginalisation préméditée de la femme dans le domaine de l'exécutif. Si certains gouvernements ont pris soin de nommer une femme à la tête d'un ministère, c'est pour la cantonner dans un domaine nettement moins stratégique que ceux alloués aux hommes. «La femme arabe doit nécessairement intégrer la vie politique afin de défendre ses droits et veiller sur le développement d'une législation équitable car non discriminatoire», recommande Mme Badrane. Aider la famille à reprendre ses privilèges Mais, pour arriver à ces fins, il convient de changer les mentalités et d'entamer ce grand chantier en remédiant aux failles que connaît la famille arabe actuelle. C'est, du moins, ce que pense Mme Houda Ben Youssef, secrétaire générale de l'Organisation de la famille arabe. La famille arabe a perdu sa place et ses prérogatives, dépassée qu'elle est par autant de modifications apportées à la société moderne. «Sa conversion au modèle occidental la prive de ses spécificités pourtant salutaires. D'où l'impératif de diagnostiquer le problème et de trouver les solutions à même d'aider la famille arabe à reprendre sa gloire et à redevenir le maillon fort de l'éducation et de la cohésion sociale», a-t-elle expliqué. La femme africaine : victime du sous-développement La Libye fait ses premiers pas en matière de défense des droits de la femme. L'Union libyenne des femmes a vu le jour le 3 août 2011. Son objectif est de promouvoir l'intégration de la femme dans la vie active et de l'épauler afin de gagner en autonomie. Aussi, des sessions de formation en informatique, en infirmerie et en anglais sont-elles organisées à leur intention. D'autres formations sont accessibles à celles qui désirent acquérir les abc d'un petit métier. Quant aux femmes réfugiées, vivant dans la précarité, elles bénéficient de formations susceptibles de faciliter leur intégration en Libye. Mme Mariem Jassour, secrétaire générale de l'Union générale des femmes soudanaises, a parlé, quant à elle, dans son allocution, de la situation de la femme africaine. Une situation qui mérite, à ses dires, une attention accrue de la part des décideurs et des organisations internationales vu le déficit développemental souvent flagrant et le manque des conditions élémentaires pour une vie digne. Mme Jassour a évoqué le problème d'accès des femmes aux soins, à l'éducation ainsi qu'à l'eau potable. «Selon les rapports internationaux, quelque 37 pays vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont 21 pays africains. En Afrique, 13 pays sont en manque d'eau potable», a-t-elle fait remarquer.