En matière de tourisme, se contenter de vibrer au rythme de l'été, pour, par la suite, hiberner le reste de l'année, relève de la courte vue. Opter pour un tourisme durable est un impératif à même de sauver le secteur qui bat de l'aile La vie touristique a repris ses droits à Mahdia. Ainsi, plus d'une vingtaine d'hôtels sont en pleine activité et certaines unités affichent «complet» au portail d'entrée. Leur taux d'occupation oscille entre 90 et 100 % ; surtout lors des fins de semaine. Outre le tourisme intérieur (35%), les Russes occupent une égale proportion (35%), alors que les Allemands ne dépassent pas 8%, le reste des visiteurs provient des pays de l'Est. Mais l'on planche, pour l'heure, sur le tourisme durable. Le séminaire organisé récemment à Mahdia ayant pour thème : «Le tourisme durable ou comment réconcilier les préoccupations économiques, sociales et environnementales ?» s'inscrit dans cette perspective. Ainsi, des universitaires, des experts et des membres actifs de la société civile se sont relayés pour tracer les contours de la stratégie touristique à Mahdia ; pour en faire une destination privilégiée. Il est à noter que ce séminaire entre dans le cadre de la présentation des acquis du projet européen «le Tourisme Durable en Méditerranée (S&TMED)». Les atouts de Mahdia Dans ce contexte, l'on s'est attardé sur la qualité du climat, l'hospitalité de la population, la qualité de la plage et de la mer, la richesse du patrimoine, l'attrait de la médina qui se prévaut d'un style architectural unique et d'une ambiance particulière vu l'omniprésence des pêcheurs. De même, l'on a évoqué le charme de la zone touristique et la diversité des produits et des activités para-touristiques (sport, thalassothérapie......) Les lacunes et les points faibles Toutefois, et à l'opposé de ces points forts évoqués ci-dessus, l'on a pointé du doigt la formule all-inclusive qui ne fait que s'étendre pour toucher plusieurs hôtels, l'absence de circuits touristiques attrayants et bien étudiés, le manque de propreté aux environs immédiats de certaines unités hôtelières, et l'absence d'espaces verts dignes de ce nom. De même, la dégradation des sites historiques d'importance, le manque d'information des visiteurs, la coordination quasi absente entre les divers intervenants et acteurs de la vie touristique et surtout le manque de stratégie régionale valorisant la région en tant que destination privilégiée. Les intervenants ont été unanimes à souligner la nécessité de conserver les atouts du tourisme balnéaire, tout en lui conférant une dimension nouvelle : le tourisme durable, pour être au diapason des défis qui se posent. Ainsi, il importe de segmenter le marché en identifiant des niches à cibler par de nouveaux créneaux (seniors ; sportifs, amis de la nature, familles, etc.). Les itinéraires seront aussi nombreux que divers avec des expériences répondant aux attentes des segments ciblés : Historiques (médina, sites archéologiques, artisanat,..) Agricoles (expériences rurales, valorisation de la nature , .) Sport et aventures ( plongée sous-marine, randonnées ,.) Culture maritime (pêche, sorties en mer, découverte de la vie locale des pêcheurs, art culinaire ..) Santé et bien-être (thalassothérapie, soins traditionnels, ..) Par ailleurs, le renforcement des capacités touristiques de Mahdia est marqué par la future inauguration d'un musée marin dénommé «maison du pêcheur» où l'on exposera les spécificités maritimes de la région (variétés de poissons, techniques de pêche, traditions..). De même, l'on met actuellement les bouchées doubles pour achever dans les délais les travaux de rénovation du marché aux poissons, tant attendue par les visiteurs et consommateurs pour avoir droit à un strict respect des conditions sanitaires, d'hygiène et de propreté. Enfin, il importe de signaler la mise en service d'une station de surveillance de l'environnement maritime. Il s'agit, en fait, d'une bouée flottante géante qui a l'allure d'un laboratoire navigant amarré à une centaine de mètres de la côte mahdoise et qui offre 14 paramètres : orientations des courants marins et des vents, mesure des degrés de salinité, température des eaux, etc. Ces paramètres seront accessibles aux pêcheurs, aux chercheurs et aux visiteurs via internet. C'est donc une démarche collective qui requiert l'engagement de tous les acteurs impliqués (public, privé et société civile). En attendant, il importe que la région secoue sa torpeur sur tous les plans. Le secteur touristique, une fois dopé, donnera l'effet d'entraînement escompté.