Youssef Chahed, le chef du gouvernement d'union nationale désigné, découvre quotidiennement un solliciteur qui veut être écouté. Hier, Abir Moussi, la nouvelle présidente du Mouvement destourien, a demandé à ce que son parti soit associé aux négociations sur la formation du prochain gouvernement Les Tunisiens qui s'intéressent encore à la politique restent à l'affût de ce qui se déroule à Ksar Dhiafa où Youssef Chahed, le chef du gouvernement d'union nationale désigné, continue à consulter les chefs des partis politiques, qu'ils soient signataires du Pacte de Carthage ou non, et les personnalités qu'il qualifie lui-même de «personnalités nationales» pouvant apporter leur expertise ou leur expérience au prochain gouvernement. Et les indiscrétions sur le contenu des rencontres de Youssef Chahed de continuer à meubler les réseaux sociaux et certains médias qui publient quotidiennement une nouvelle liste de candidats «aux 18 ou au maximum 20 ministères que comptera le gouvernement Chahed». La dernière indiscrétion tourne autour de la demande faite par Chahed à ses interlocuteurs. Il aurait exigé que chaque parti lui avance une liste de 10 candidats et c'est à lui de choisir parmi ces candidats celui ou ceux qui remplissent les conditions exigées. Vendredi 12 août, Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha, a rencontré Youssef Chahed et lui a soumis la liste des candidats de son parti aux ministères «où nous voudrions voir nos représentants siéger», comme il l'a déclaré aux médias. Seulement, Ennahdha ne s'est pas contenté des 10 candidats demandés par Youssef Chahed. Certaines sources parlent d'une liste de 20 candidats ministrables. Rached Ghannouchi refuse de confirmer le chiffre et indique: «Nous avons soumis au chef du gouvernement désigné une liste de noms supérieure à ce qu'il a demandé et nous lui laissons la liberté de choisir ceux ou celles qu'il estime répondre à ses critères». Abir Moussi interpelle Youssef Chahed A la suite d'un long sommeil, les destouriens adhérant au parti créé par Hamed Karoui, ancien Premier ministre de Ben Ali et ancien vice-président du RCD dissous, reviennent au-devant de la scène. Hier, ils ont tenu le congrès constitutif de leur parti, appelé le Mouvement destourien, pour élire à sa tête Abir Moussi qui remplace à la présidence le Dr Karoui, le fondateur du parti, et Hatem Laâmari au poste de secrétaire général. La nouveauté est que Abir Moussi exige que son parti soit aussi associé aux négociations que mène Youssef Chahed pour la formation de son gouvernement. Elle considère que les destouriens ont leur mot à dire et qu'Al Moubadara, présidé par Kamel Morjène, n'a pas le monopole de parler au nom des destouriens». On ne sait pas encore comment Youssef Chahed répondra à Abir Moussi. On sait, au contraire, que le chef du gouvernement désigné a déjà ouvert les portes de Ksar Dhiafa à des partis qui ne bénéficient pas du poids du Mouvement destourien, à des personnalités qui ne représentent que leurs propres personnes, à des associations de la société civile, à des jeunes dont l'organisation au nom de laquelle ils s'expriment vient tout juste d'être lancée et à des politiciens qui semblent ne plus partager les positions de leurs partis opposés dès le départ à l'initiative présidentielle sur le gouvernement d'union nationale.